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Problématisons l'autisme en Haiti

La scolarisation des enfants et adolescents en situation de handicap en Haïti est quasi inexistante. Seul 1,7% d’enfants en âge scolaire avant le séisme du 12 janvier 2010, était scolarisé sur une population handicapée de 120.000, soit 2.019 enfants, selon une enquête menée par la Commission d'Adaptation Scolaire et d'Appui Social  (CASAS, 1997-1998) pour le compte du ministère Haïtien de l’Education. A rappeler que nous sommes en 2013, depuis aucune donnée récente.

Au-delà de ce constat alarmant dans ce domaine qui est l'inclusion  des personnes à besoins éducatifs particuliers, c'est tout le système éducatif haïtien qui montre son incapacité à inclure tout le monde dans un processus de scolarisation. Le Programme de Scolarisation Universelle, Gratuite et Obligatoire (PSUGO) du président Michel Martelly n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan. Il ne touche que des enfants à besoins éducatifs normaux. Présenté comme fameux, ce programme n’a rien d’innovant car il ne fait que respecter tardivement les obligations faites par la loi mère.

Conscient que l'inclusion scolaire n'est qu'un volet de l'inclusion sociale, de ce fait, il est normal qu'on aille chercher les causes du problème au-delà de l'institution scolaire. Cependant elle n'est pas mise hors de cause. La conception traditionnelle de l'école qui veut qu'elle soit élitiste, homogène et sélective est une difficulté majeure (Cormier, 2006). L’éducation spéciale est un maillon faible du système éducatif haïtien ; ce qui ne favorise pas la scolarisation des enfants et adolescents en situation de handicap. Selon nos hypothèses, en voici les raisons :

 

  • Absence de cadre juridique sur le handicap
  • Pas de diagnostic et de suivi des enfants à besoins éducatifs particuliers
  • Problème d’extrême pauvreté des familles (situation économique) parce que le système est payant.

 

D'autres raisons peuvent entrer en ligne de compte, comme le manque criant d’établissements scolaires spécialisés pouvant accueillir des personnes en situation de handicap et de cadres spécialisés, ( professionnels et enseignants ). En tout cas, notre travail pose aussi le problème de politiques d'éducation en Haïti en matière de scolarisation des personnes en situation de handicap en général. L'autisme, est bien le grand inconnu dans la classification de handicap en Haïti, que ce soit par les professionnels de la santé mentale ou par l'institution scolaire. 

Ce qui revient à poser la question suivante : y a-t-il des enfants autistes en Haïti ?  Si oui, comment les reconnait-on ? Et la question de diagnostic revient à chaque fois. Pour Philip (2008) le diagnostic constitue le premier acte important dans le processus d’accompagnement de l'enfant autiste.

D'un point de vue intégratif, c'est aux parents et à l'enfant de s'adapter à  l’environnement, donc à l'école. Or ce qui n’est pas le cas dans d’un point de vue inclusif, ou c’est à  l’école de tenir compte des besoins particuliers de l’enfant.

Cet article est intéressant à trois dimensions : il permettra de

 

  • Faire l'état des lieux de l'autisme en Haïti
  • Poser un diagnostic systématique de l'autisme
  • Sensibiliser les autorités compétentes sur les orientations politiques et éducatives envers des personnes en situation de handicap
  • Sensibiliser et impliquer les professionnels de la santé, de l’éducation, et du médico-social sur la nécessité de mettre en commun leur savoir-faire pour une prise en charge totale et globale de ces personnes.

 

Le regard que nous avions sur le handicap à évoluer ainsi que la société. Le handicap n'est plus un sujet de rejet, de marginalisation. Tout le monde s'y intéresse, ainsi de nombreuses recherches ont été effectuées dans le domaine de « scolarisation et de handicap  » Pris seuls  ou accompagnés, ces champs ont enrichi depuis plus de 20 ans les sciences humaines et sociales. Il est à constater que les notions de scolarisation et de handicap  ont vite intéressé les chercheurs sur le plan de l'intégration scolaire des enfants en situation de handicap, où un accompagnement spécialisé et adapté à leurs besoins est pris en compte.

Depuis 2005 en France, avec la loi sur l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, une nouvelle orientation a vu le jour dans le paysage scolaire. Il s'agit de l'éducation inclusive. Cette approche s'attaque à la conception traditionnelle des pratiques scolaires. L'école doit pouvoir maintenant accueillir tout le monde et s'adapter à leurs besoins particuliers. En tout cas, la loi de 2005 affirme une préférence à la scolarisation en milieu scolaire. Gardou et Poizat (2007) parlent même de Désinsulariser le handicap.   Jusqu'ici, ces enfants étaient scolarisés et/ou pris en charge dans des structures spécialisées comme les IME (institut médico-éducatif), depuis la scolarisation des enfants en situation du handicap en milieu ordinaire est devenue un droit. Qu'en est-il d’Haïti ?

L'école peut-elle accueillir les enfants en situation de handicap ? Ainsi, certains chercheurs expliquent la différence existant entre l'inclusion et l'intégration (Plaisance et al, 2007) ; (Hinz, 2002), (Philip, 2012). Faut-il faire de l'inclusion ou de l'intégration scolaire des enfants en situation de handicap ? C'est la grande question qu'on se pose. La littérature dans ce domaine nous montre que deux grandes tendances guident les recherches : Inclusion (milieu ordinaire) où c'est à l'école de s'adapter aux besoins des élèves et/ou l'intégration (milieu spécialisé) où c'est aux élèves de s'adapter à l'école. Les deux termes intégration et inclusion, utilisés à  tort ou à  raison, n’ont pas la même signification dépendamment du pays dans lequel on se trouve.

 Dans un article publié dans la revue de l’adaptation et de la scolarisation en 2007, Plaisance, Belmont, Verillon et Schneider ont clairement montré cette différence ; que ce soit en Italie, aux Etats-Unis ou en Angleterre.  Souvent on parle d’inclusion mais les pratiques relèvent de l’intégration, ou vis versa. 

Avec la loi du 11 Février 2005, La France a opté pour le terme école pour tous pour parler d’inclusion mais il faut savoir  que ce vocable inclusion ne fût utilisé dans le cadre scolaire. Au delà de la dimension sémantique des deux termes (intégration et inclusion), il est aussi question de la conception de l’école.  L'école telle qu'elle est construite aura du mal à favoriser une approche inclusive, toutefois, elle peut se donner les moyens en bouleversant sa conception et ses pratiques pédagogiques.

A suivre...

3ème partie

Ralphson PIERRE;

Autisme et Scolarisation en Haïti 

Psychopédagogue, Technopédagogue,

Université Quisqueya

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www.uniq.edu.ht

Dernière modification le vendredi, 12 août 2016
Ralphson Pierre

Technopédagogue, Psychopégagogue, Consultant-Formateur TICE
Spécialiste des Technologies appliquées à l’Éducation 
( E-learning , FOAD, MOOC, Réseaux Sociaux, Autisme, Éducation Spéciale)

www.twitter.com/RalphsonPierre