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Cette formation porte la marque d’une conception où l’autonomie des acteurs de terrain leur attribue la responsabilité de l’éthique et de la déontologique que garantit la capacité collective d’un travail commun qui régule les usages et les vécus.

Pour laisser au lecteur la possibilité de choisir le thème qui l’intéresse en priorité, nous avons divisé l’article : " Bonne gouvernance de l’éducation ? ", en six thèmes :

1-  " Gouvernance publique ? " : une explicitation de cette expression.

2-  " Eduquer, Transmettre, enseigner pour qui "?

3-  " L’expérience quotidienne des acteurs de terrain et la gouvernance d’une Education Nationale ".

4-  " Gouvernance et Expression singulière des acteurs de terrain ".

5-  " La gouvernance de la formation des acteurs de terrains "

6-  " Le territoire de la gouvernance publique et les territoires des acteurs de terrain." 

Ce sens de la valeur de la vie d’une équipe se manifeste d’abord au niveau local, par exemple l’établissement.

Il résulte aussi d’affinité élective, d’intérêt partagé sur des actes pédagogiques qui sont multiples, de ce fait il tisse des réseaux qui ne recoupent pas les catégories administratives et les découpages territoriaux.

La circulation des informations liée au développement du numérique devient un outil du développement des échanges entre les acteurs de terrain en dehors de l’espace administré.

Des associations servent de support à cette circulation des pratiques innovantes. C’est le cas par exemple de l’An@é, Association Nationale des Acteurs de l’École qui agit depuis 1996 dans le champ de l’Éducation, avec tous les partenaires concernés qu’ils soient publics ou privés.

Elle est attentive à  l’évolution des usages et des métiers, à l’impact des médias et du numérique sur les cultures, les sciences, la formation, l’apprentissage, à l’incidence de la mondialisation pour notre culture européenne avec une approche transversale et prospective.

Elle regroupe des enseignants de tous les niveaux de l’Education et différents acteurs du monde éducatif, éditeurs, producteurs, collectivités, et participe aux réflexions sur l’évolution de l’Ecole.

Cette association a crée un projet à dimension citoyenne sur le modèle initial Agoravox, crée par Joël de Rosnay ». Ce média de l’An@é est en ligne : « Educavox, site collaboratif, média citoyen dédié au domaine de l'éducation est un portail d’information et de partage qui a pour objectif de fédérer le grand public autour des problématiques de l’éducation liées aux questions de société »[1]. Tout en ayant des relations avec le réseau Canopé [2]du Ministère de l’Education National, elle est une structure indépendante tant au niveau cognitif qu’à celui de la gestion de ses ressources propres.

Son site est un territoire qui échappe aux divisions administratives parce qu’il est ouvert à une population regroupant d’autres acteurs que ceux de l’ Education Nationale et qu’il est un espace qui ne connaît pas la géographie politique.

Ces nouveaux territoires d’échange et de construction des pratiques issues des expériences du terrain sont extérieurs à la gouvernance de l’Education Nationale. En 1983, Josette Poinssac-Niel répertorie les avancées éducatives liées au développement des réseaux d’information par satellites. Elle avance en conclusion une nouvelle définition des publics concernés par les sciences de l’éducation : « l’école a perdu ses frontières tracées par l’histoire qui fut ségrégative : et on définit, en lieu et place des groupes de dialogue »[3].

En ce début de 21ème siècle, se poser la question d’une gouvernance publique d’une éducation nationale, c’est accepter que cette gouvernance est système cybernétique de gestion et d’information d’une décision de politique publique.

Ce modèle de la gouvernance publique administre, produit des normes, donne des structures, des moyens aux acteurs de terrain, mais elle ne s’applique pas aux situations pédagogiques et didactiques vécues qui sont en permanence un ajustement d’une finalité aux situations aléatoires de la vie humaine. Donc deux acteurs souvent antagonistes existent au sein d’une éducation nationale, cependant ils dépendent l’un de l’autre.

Le terrain est le lieu où l’éducation est mise en œuvre donc le lieu de la création permanente pour répondre à des attentes multiples.

Il crée des liens entre les différents acteurs locaux de l’éducation. Il produit des expériences que les auteurs ont besoin de partager avec leur pair selon des affinités pédagogiques ou didactiques sans respecter nécessairement les secteurs administratifs, créant ainsi des espaces qui ne correspondent pas à la carte administrative soit de nouveaux territoires.

D’un côté, la nécessité de l’évaluation, de la performance, du contrôle nécessaire au système de la gouvernance publique, de l’autre la nécessaire autonomie pour auto -réguler les situations humaines vécues au quotidien.

Nous constatons que la réflexion sur l’introduction du concept de gouvernance publique dans l’Education Nationale permet de distinguer deux domaines distincts :

  • celui de la gouvernance qui articule les normes du formel des directives gouvernementales avec les attentes informelles d’institutions
  • celui de l’action sur le terrain dans une pratique quotidienne de la relation humaine et de la formation de l’humain.

La finalité d’un projet d’éducation nationale que nous pouvons étendre à d’autres espaces de formation est la reconnaissance mutuelle de l’objectif de l’un et de l’engagement quotidien de l’autre comme deux acteurs ayant des pouvoirs équivalents. Ce projet reconnait que l’instance institutionnellement productrice de normes doit laisser aux acteurs de terrain la production des normes qui permet l’action humaine soit son autonomie pour les actes pédagogiques et didactiques.

Il conçoit que la dynamique de l’éducation  est d’accepter qu’aucun des deux acteurs n’a une prévalence de l’un par rapport à l’autre et que, quand leurs positionnements face à la pédagogie et à la didactique sont antagonistes, cette tension est créatrice d’une évolution que la production des acteurs de terrain alimente.

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http://alain-jeannel.blogspot.com  

janvier 2017  


[1] L' An@é  www.acteurs-ecoles.fr/l-association

[2] Nouveaux enseignants, CANOPé éditions, 2015.

[3] Poinssac J. « Sciences de l’éducation et sciences de l’espace » in Sciences anthropo-sociales et sciences de l’éducation, AECSE Paris 1984, p.42

Dernière modification le jeudi, 13 juillet 2017
Jeannel Alain

Professeur honoraire de l'Université de Bordeaux. Producteur-réalisateur. Chercheur associé au Centre Régional Associé au Céreq intégré au Centre Emile Durkheim. Membre du Conseil d’Administration de l’An@é.