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L'ami Michel Guillou dans un article d'Educavox nous interroge sur l'instrumentation dans les dispositifs de formation. Il pose, à juste titre,  la question de l'outillage numérique. Il nous explique que l'on ne peut se contenter d'équiper les établissements en solutions diverses, souvent hétéroclites, pas nécessairement interopérables, pas toujours adaptées aux besoins, voire pas maintenues comme il se devrait ...

Empiler des objets est l'oeuvre d'Armand, les compresser après utilisation celle de César, mais notre propos n'est pas l'art mais bien l'enseignement. Oui les objets numériques sont entrées dans nos salles de cours, qu'elles soient celles de la maternelle, de la primaire, du collège, du lycée, des Universités et des centres de formation. Si l'on considère qu'ils ne sont pas neutres alors nous devons penser le rapport instrumental qui nous unit à eux.

Imaginons que ces objets soient correctement maintenus, achetés hors pression d'un lobbying bien senti, diffusés localement pas seulement pour  justifier quantitativement une politique locale  du numérique. Admettons ...

Nous n'aurions dans ce cas franchi qu'une étape car la présence des objets numériques pose de nombreuses questions dont celles du rapport au corps apprenant, de la nature des gestes à générérer et des routines à adopter dans les processus d'apprentissage et d'enseignement.

Intégrer un artefact technologique n'est jamais un acte neutre (en tout cas ne devrait pas l'être), il est chargé de sens et modifie, qu'on le veuille ou non, nos usages de façon profonde.

L'intégration des machines à apprendre peut se limiter à peu de choses, comme le soulignent Marguarida Romero et Thérèse Lafferière "D’autres placent la personne apprenante  dans une situation de consommation passive ou guère interactive". La machine trône comme un gage à la modernité, icône d'une forme d'effet magique technologique.

Les outils numériques intégrés dans les processus de formation vont obligatoirement nous contraindre à revisiter nos routines pédagogiques. Dans les processus classiques qui consistent à transmettre le savoir du haut vers le bas nous les avons construits et : " Reprenant le concept de «routinisation» élaboré par le sociologue anglais Anthony Giddens, C. Lessard et M.Tardiff montrent que ces routines «permettent à l'enseignant de ramener la diversité des situations à des canevas réguliers d'action, ce qui lui permet en même temps de consacrer son attention à autre chose. Ces routines sont donc des méthodes de travail suffisamment stabilisées pour encadrer efficacement l'activité des élèves en classe et réduire ainsi la marge d'incertitude du travail de l'enseignant, tout en lui ménageant des espaces d'improvisation."

Les routines à se réapproprier pour construire les cours. Les objets numériques instrumentés complexifient les processus de formation, il faut apprendre à maîtriser la techno-pédagogie en plus des savoirs académiques et des compétences associées. S'il faut apprendre aux élèves à utiliser les outils, il faut aussi apprendre aux enseignants à gérer ce nouvel écosystème. Les apprentissages ne sont pas natifs peut être plus encore lorsqu'il y a des "digital migrant". Il faut donc apprendre et expliquer quels sont les nouveaux gestes, les nouvelles postures, les nouveaux agencements des espaces, tenir compte, comme dit le recteur Monteil, des intelligences multiples. Nous sommes au pied de la colline et nous devons comprendre comment la gravir.

Il importe de penser, d'analyser, d'expliquer et de former à une autre approche des gestes, du rapport au corps avec l'espace. J'ai tenté dans le diaporama ci-dessous de poser quelques questions sur ce sujet.

Pour un meilleur confort de lecture de la présentation cliquez ici :https://sway.com/esFAEQRMNX4dsD6F

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Dernière modification le samedi, 06 février 2016
Moiraud Jean-Paul

Cherche à comprendre quels sont les enjeux des perturbations du temps et de l'espace dans les dispositifs de formation en ligne. J'observe comment nous allons passer du discours théorique sur les bienfaits des modes collaboratifs à l'usage réel. Entre collaboration sublimée et usages individualistes de pouvoir, quelle place pour le numérique ?
 
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