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En réponse à l’article « Orientation : Qui doit décider en fin de collège ? » publié dans le Monde du dimanche-lundi 17-18 janvier 2016, et sur le site du Monde, Jean-Marie Quairel a fait parvenir cette réponse au journal.  Il m’a proposé de la publier également sur mon blog.

http://blog.educpros.fr/bernard-desclaux/2016/01/20/les-decisions-dorientation-un-eternel-foyer-de-discordes-toxique-pour-le-vivre-ensemble/

Les décisions d’Orientation : Un éternel foyer de discordes, toxique pour le « vivre ensemble »

Il aurait été étonnant que l’Inspection générale accorde un satisfecit à l’expérimentation « le dernier mot à la famille », puisque les décisions d’orientation en fin de 3°, sont, de fait, le symbole de notre système éducatif : Tout mettre en œuvre pour dégager une élite, au prix de l’avenir des plus fragiles.

Cette mesure, qui semble ne porter que sur un « détail » du système, est bel et bien « révolutionnaire » et ne pouvait pas recueillir l’assentiment des « gardiens du temple ». Je suis personnellement convaincu de sa nécessité, après 40 années de pratiques professionnelles dans les services d’orientation de l’EN.

En effet, elle pose comme principe que c’est à l’élève et à sa famille de décider de son avenir. Force est de constater que ce qui devrait être une évidence, en 2016, dans un pays démocratique, soulève l’opposition de tous les conservatismes. On le sait, l’Orientation est une nécessité absolue …à condition qu’elle ne concerne que les enfants des autres !

Toutes les critiques qui peuvent être faites à cette mesure, sont des épiphénomènes dérisoires au regard des changements positifs dont elle est porteuse :

1/ Elle est la traduction exacte de « l’égalité des droits » entre citoyens, dans l’accès aux études : En France, avec 11 de moyenne générale, on peut accéder à la seconde GT et pas avec 10,5 ? Ridicule et injuste ! Rien ne peut justifier, d’interdire « à priori » à un élève qui en exprime le désir, d’aller se confronter au Lycée général et surtout pas ses résultats, qui sont souvent, en 3°, un mauvais reflet de son potentiel (crise adolescente) . Quand on sait que de nombreux refus, concernent des élèves des quartiers sensibles ou des milieux populaires, on ne peut pas s’émouvoir, hypocritement, du blocage de « l’ascenseur social ».

2/ Elle permettrait à chacun d’être dans son rôle : Les enseignants transmettent un savoir, donnent un avis, mais n’ont pas à décider à la place des personnes concernées par un avenir à construire par eux seuls. L’élève aura à assumer ses choix, car il ne pourra pas éviter les examens et les concours qui sanctionnent un parcours scolaire ; mais il n’y a rien de pire que de ne même pas pouvoir faire ses preuves. Les parents, pourront être beaucoup moins défensifs, moins critiques et plus réceptifs lors des discussions avec les enseignants. C’est l’ensemble de la communication qui est assainie, par la reconnaissance du pouvoir de décision d’orientation, aux premiers intéressés par la question. Quant à l’autorité de l’enseignant, elle repose sur la qualité de ce qu’il transmet, pas sur un pouvoir discrétionnaire sur l’avenir des élèves, qui relève d’une conception malsaine et réactionnaire de la relation pédagogique.

3/ Cette mesure, éviterait de renforcer la hiérarchisation des formations, induite par les procédures actuelles : Quand vous interdisez, à priori, l’accès à une formation (la seconde GT) vous disqualifiez obligatoirement, toutes les autres et notamment, celles de la voie professionnelle. Toutes les tentatives pour informer et essayer de convaincre de la valeur de celles-ci, sont alors souvent veines, car polluées par un interdit sur la seconde GT.

Les enjeux de la généralisation de cette mesure sont donc essentiels : Dans la période actuelle, il faut savoir faire preuve de fermeté et de rigueur, mais aussi d’ouverture. Le sens des responsabilités et le sentiment d’appartenance à un collectif (une nation) ne peuvent pas se construire sur des bases malsaines et toxiques, qui divisent le corps social dès le collège.

Une bonne fois pour toute, pouvons-nous admettre que, si élèves et parents doivent être informés, guidés et conseillés dans leur choix de formations, ils n’ont pas à subir des décisions, à priori, engageant leur avenir ? Ce consensus serait un énorme progrès pour l’ensemble des citoyennes et citoyens.

Avignon le 18/01/2016                                          
Jean-Marie Quairel
Directeur de CIO Honoraire

Article publié sur le site : http://blog.educpros.fr/bernard-desclaux/2016/01/20/les-decisions-dorientation-un-eternel-foyer-de-discordes-toxique-pour-le-vivre-ensemble/

Dernière modification le samedi, 23 janvier 2016
Desclaux Bernard

Conseiller d’orientation depuis 1978 (académie de Créteil puis de Versailles), directeur de CIO à partir de 90, je me suis très vite intéressé à la formation des personnels de l’Education nationale. A partir de la page de mon site ( http://bdesclaux.jimdo.com/qui-suis-je/ ) vous trouverez une bio détaillée ainsi que la liste de mes publications.
J’ai réalisé et organisé de nombreuses formations dans le cadre de la formation continue pour les COP, , les professeurs principaux, les professeurs documentalistes, les chefs d’établissement, ainsi que des formations de formateurs et des formations sur site. Dans le cadre de la formation initiale, depuis la création des IUFM j’ai organisé la formation à l’orientation pour les enseignants dans l’académie de Versailles. Mes supports de formation sont installés sur mon site.
Au début des années 2000 j’ai participé à l’organisation de deux colloques :
  • le colloque de l’AIOSP (association internationale de l’orientation scolaire et professionnelle) en septembre 2001. Edition des actes sous la forme d’un cd-rom.
  • les 75 ans de l’INETOP (Institut national d’étude du travail et d’orientation professionnelle). Edition des actes avec Remy Guerrier n° Hors-série de l’Orientation scolaire et professionnelle, juillet 2005/vol. 34, Actes du colloque : Orientation, passé, présent, avenir, INETOP-CNAM, Paris, 18-20 décembre 2003. Publication dans ce numéro de « Commentaires aux articles extraits des revues BINOP et OSP » pp. 467-490 et les articles sélectionnés, pp. 491-673
Retraité depuis 2008, je poursuis ma collaboration de formateur à l’ESEN (Ecole supérieure de l’éducation nationale) pour la formation des directeurs de CIO, ainsi que ma réflexion sur l’organisation de l’orientation, du système éducatif et des méthodes de formation. Ce blog me permettra de partager ces réflexions à un moment où se préparent de profonds changements dans le domaine de l’orientation en France.
Après avoir vécu et travaillé en région parisienne, je me trouve auprès de ma femme installée depuis plusieurs années près d’Avignon. J’y ai repris une ancienne activité, le sumi-e. J’ai installé mes dernières peintures sur Flikcr à l’adresse suivante : http://www.flickr.com/photos/bdesclaux/ .