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Je ne sais si l’éducation sera ubérisée un jour mais l’évolution sociétale que nous sommes en train de vivre nous invite à regarder avec attention ce phénomène.

Uber le mot s’est répandu à la vitesse grand V dans le langage, donne naissance au néologisme d’uberisation. Je suis allé rapidement faire un tour sur Wikipédia et :

 "La société Uber est fondée officiellement par Garrett Camp, Travis Kalanick et Oscar Salazar en 2009 sous le nom de UberCab. L’idée leur vient en 2008 alors qu’ils assistent au salon LeWeb à Paris. Ils cherchent à se déplacer en taxi et n’arrivent pas à en trouver un, constatant les mêmes problèmes dans le système de taxis parisiens que dans celui de San Francisco. Alors qu’ils travaillent encore pour StumbleUpon, ils retournent à la Silicon Valley et montent un service de chauffeur privé à la demande nommé UberCab.

Garrett monte un prototype d’application sur iOS et convainc Kalanik de le rejoindre sur le projet. Ce dernier devient Chief Incubator au cours de l’été 2009 et a pour mission de passer le cap du prototype, c’est-à-dire de trouver un General Manager et de lancer Uber à San Francisco afin de changer les habitudes de consommation du transport des populations urbaines, de réduire le nombre de véhicules particuliers et de devenir acteur d’un écosystème de transports partagés. Le nom de domaine uber.com est initialement la propriété d’un service de blogue et de réseautage social, mais l’entreprise qui en a la propriété ayant fermé en septembre 2008, il est transféré à UberCab en 2009. Le produit est ensuite officiellement lancé à San Francisco en 2010. Ryan Graves est alors CEO de l’entreprise. Il cédera par la suite son poste à Travis Kalanick.

L’application est lancée à San Francisco en 2010 sur iOS et Android. Par la suite l’entreprise étend progressivement la couverture de son service à d’autres villes dans le monde. "

Pourquoi ce terme Uber ? Selon Didier Pourquery  Journaliste au Monde le mot signifie super, hype … « 

« Ce lieu est uber-chic, tu vois »« il est uber-classe, ton pull », etc. lire l’article du Monde

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Alors le phénomène Uber est-il aussi uber cool que cela ?

L’affaire Uber me fait penser d’une certaine façon à la révolte des canuts. Une invention technique qui est la traduction d’ un changement profond de la société. Les canuts sentaient que le passage à la société industrielle allait les paupériser. On avait mécanisé le geste de l’artisan, sa routine, il allait perdre son statut pour alimenter les masses sans qualification des industries.

Le web de la même façon fait basculer les normes de la société construites après 1945, basées sur le salariat, une forme de réglementation des professions, un pacte social a peu près accepté par tous. Nous assistons aujourd’hui à la remise en cause de la  forme de travail. le salariat est en train d’évoluer, notamment au regard des protections acquises. Nous avons rêvé une forme collaborative vertueuse, solidaire de l’économie du partage et c’est une autre forme qui émerge. L’intermittence du travail pointe son nez. J’invite les lecteurs à se pencher sur les annexes 8 et 10 de l’assurance chômage. Si l’on enlève la référence aux 507 heures, le ton est donné. On embauche, on met un terme au contrat puis on embauche à nouveau. Donc lisez et forgez vous votre avis…

La légende dit que les canuts ont jeté Jacquard dans la Saône, la réalité est que les canuts ont cassé les machines pour protéger leur métier artisanal. Les chauffeurs de Taxi cassent les voitures, molestent des passagers, nous sommes dans des attitudes assez similaires, la grande peur face à des changements profonds du social. Les règles fixées à un moment données sont modifiées ex abrupto au milieu du gué.

J’ai le net sentiment que nous sommes bien au-delà de l’opposition entre les salauds à licence et les gentils zorros du partage Rifkinien (ou l’inverse). Nous assistons à un basculement du mode de fonctionnement de la société, à une rupture du pacte social. Il sera intéressant de regarder comment vont s’opérer les changements, s’organiser les antagonismes. La société va t-elle être ubérisée pour reprendre une formule qui fait florès. L’éducation va t-elle être touchée par ce phénomène ? La société bouge …

Entre réelle économie du partage et dérégulation totale quelle est la voie ? Affaire à suivre.

Article publié sur le site : https://moiraudjp.wordpress.com/2015/06/26/uberisation-le-neologisme-a-la-mode/
Jean Paul Moiraud

Dernière modification le lundi, 29 juin 2015
Moiraud Jean-Paul

Cherche à comprendre quels sont les enjeux des perturbations du temps et de l'espace dans les dispositifs de formation en ligne. J'observe comment nous allons passer du discours théorique sur les bienfaits des modes collaboratifs à l'usage réel. Entre collaboration sublimée et usages individualistes de pouvoir, quelle place pour le numérique ?
 
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