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Cette phrase "Elever le débat sur l'école à hauteur des enjeux la concernant" a été prononcée par Judith Grumbach, réalisatrice du film Une idée folle, mercredi dernier, le 1er mars, à l'occasion d'un débat organisé dans le cadre des entretiens Jean Zay.

Elle ajoute que son film est fait pour "faire parler les gens ensemble : il est un outil de conversation. Il est un cri d'amour pour les enseignants. Il vise à les valoriser."

Le film de Judith Grumbach, projeté juste avant le débat, on en avait parlé il y a quelques semaines ici même  : "Une idée folle"... ah oui, ça c'est sûr !

Sortie en salle au national cette semaine.

Après le film, un échange, avec François TADDEI, Philippe VIARD, directeur de l'école des Bosquets, protagoniste du documentaire, Judith GRUMBACH, réalisatrice du film... et Najat VALLAUD BELKACEM : 

La ministre commence par remercier la réalisatrice d'avoir fait un film positif sur l'école, un film qui montre qu'il est possible de mettre en oeuvre les compétences du 21ème siècle dans les salles de classe, "quand on est dans un rapport de confiance, et non de défiance par rapport à l'école". Elle précise "c'est une bataille culturelle qui est loin d'être gagnée." Oui ces écoles ne sont pas "ordinaires". Mais ce qui importe, c'est "l'engagement des équipes, leur personnalité pour jouer sur la motivation des élèves, plus qu'une question de méthode." 

Au cours du débat, la ministre dit :

"On adresse à l'école française des injonctions permanentes et paradoxales". Et ajoute : les observateurs ne voient pas l'équilibre à trouver entre les injonctions. On fera changer les consciences quand on mettra plus de positif que de négatif". 

(NDLR, une journaliste (de RFI) était chargée d'animer le débat. Sa réponse : "Oui enfin nous on aime bien s'occuper des trains qui n'arrivent pas à l'heure.") ... 

Témoignages de Judith GRUMBACH

Elle témoigne de ce qu'elle a vu, à l'occasion de différentes visites dans les établissements pour préparer et faire le film. "

A aucun moment l'idée était de dire :" il y a ces 9 écoles et rien d'autre ".

Judith GRUMBACH a vu, entendu des enseignants, que l'on ne voit pas ici, qui appliquent seuls ce que l'on voit dans le film, seuls dans leurs établissements. Les enseignants que l'on voit à l'écran se sont formés seuls. Sur leurs propres deniers et leur temps de repos.

Elle est émoin aussi des enseignants qui souffrent, démunis face à des conditions sociales des élèves qui sont compliquées.

Tout le monde s'accorde pour dire que l'école porte en elle une partie de la société, on ne peut lui demander de résoudre l'ensemble de ses maux. Elle donne l'exemple de Clisthène (académie de Bordeaux) que l'on voit dans le film, qui a " recréé de la mixité sociale en changeant le projet pédagogique ". 

Il y a une tension permanente dans la classe, on ne fabrique pas des citoyens en une heure par semaine, le travail des enseignants sur ces sujets se fait au quotidien : " la citoyenneté doit se vivre dans l'action, tous les jours ".

Philippe viard explique son parcours : " Voir des exemples à l'extérieur m'a donné envie de chercher d'autres méthodes, j'ai vu que certains faisaient, alors dans ce cas, on se dit qu'on peut le faire. Et je l'ai fait. " Dans sa classe les élèves doivent trouver eux-même les règles de grammaire. Et ça change complètement leur rapport à la matière, et à l'apprentissage. 

François TADDEI travaille sur un rapport qu'il doit rendre à la ministre dans les prochains jours. Il explique qu'il a pu à cette occasion rencontrer par exemple des équipes de Singapour : 

Singapour s'inspire de ce qu'ils voient dans les autres pays (ils sont venus en France pour observer nos classes maternelles, réputées pour être très bonnes). Ils font preuve "d'une extraordinaire humilité, et d'une volonté de progresser. De s'inspirer des succès et des échecs".

En Finlande, il y a une "capacité à mettre systématiquement tout en question, et ils ont réussi à en faire le système". Deux établissement sur 3 ont un laboratoire de pédagogie : un lieu d'échange, pour faire le point, discuter, avancer. Un système hiérarchique basé sur la coopération.

Aujourd'hui tous les élèves sont différents : comment s'adapte t-on à eux ?

" Il s'agit d'un défi permanent que l'enseignant cherche à résoudre et pour cela il faut qu'il soit accompagné par la communauté des enseignants ". 

" La question qui se pose fondamentalement est celle de la société apprenante ".

" Comment est-ce qu'on fait société dans un monde en perpétuel mouvement " ? 

Quelques questions et remarques dans la salle :

  • Comment est-ce qu'on développe l'échange entre enseignants ?
  • Est-ce qu'on évalue les *" softs skills " lors du recrutement des enseignants ?
  • Il y a peu d'intérêt des journalistes et grands médias sur les questions scolaires 
  • L'imaginaire est souvent dominant par rapport à ce qu'offre la réalité, et il est très compliqué de modifier les représentations...  

* "soft Skills"" : Les soft skills sont des qualités relevant du savoir-être , de l'intelligence émotionnelle, des compétences personnelles et sociales, relationnelles, celles qui permettent la collaboration, le travail d'équipe, la créativité...

Dernière modification le samedi, 01 avril 2017
Elbaz Jennifer

Vice-présidente de l'An@é.