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Une semaine pour motiver enfants, parents, animateurs et enseignants à apprendre à coder : à l’école bien sûr, mais aussi avec une pléiade d’associations et de startup partenaires.

C’est au matin du 14 octobre 2016 que la Code Week, quatrième édition de la semaine européenne du code, était lancée officiellement au Ministère de l’Éducation Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche.  

Un grand atelier de codage y était ouvert à 55 enfants venus avec leurs professeurs de trois établissements : le collège Jean-Jacques Rousseau du Pré-Saint-Gervais, les écoles Diderot 1 de Montreuil et  Vauvenargues de Paris 18ème.  

A cette occasion, les ambassadeurs français s’étaient rassemblés pour organiser le lancement de la Code Week en France autour du slogan « Donnons vie à nos idées !».

Au programme de la matinée sept ateliers “Code et créativité”, étaient animés par sept organisations partenaires : Declick, Ligue de l’Enseignement, Magic Makers, Voyageurs du Code, Simplon.co, Toxicode et Tralalere.

Les enfants s’affairaient à la programmation de petits robots motorisés, à des défis visant à réaliser de petits jeux, à donner vie aux scénarios de programmation, ou encore à réfléchir au meilleur moyen de commander les actions selon une logique précise de programmation.

Diapositive2Dans cette animation contagieuse, le temps fort de la matinée fut l’arrivée de la ministre de l’Education nationale, Najat Vallaud Belkacem qui vint à la rencontre des jeunes pour participer à chacun des ateliers. Durant plus d’une heure, elle s’est entretenue avec les jeunes stagiaires pour échanger avec eux autour de l’intérêt manifeste qu’ils prenaient à cette initiation ou encore pour les amener à exprimer le besoin qu’il y a aujourd’hui à apprendre à programmer pour comprendre le monde, pour se préparer à tous les métiers et pour devenir acteurs afin ne pas subir passivement l’informatique.

Cet événement est en réalité la partie émergée de l’iceberg de l’initiation au codage, puisque tous les intervenants que nous avons rencontrés sont actuellement investis dans plusieurs vastes programmes soutenus par l’État et le ministère de l’Éducation nationale. Quelques-uns des acteurs éclairent pour nous le contexte de cette opération.

Ainsi, Juliette Guillaut de Simplon qui coordonne l’événement nous parle notamment du programme Capprio financé par les investissements d’avenir, une action destinée aux jeunes des quartiers prioritaires de politique de la ville. Ce programme a pour objectif de former des animateurs et développeurs pour faire du numérique un levier d’insertion sociale.

Antonin Cois de la Ligue de l’Enseignement, responsable de éducation  numérique à la Ligue était présent en qualité d’Ambassadeur de la Code Week. Il souligne l’importance de faire acquérir aux jeunes avant tout la logique de la programmation, c’est à dire la logique de la boucle.

Catherine Rolland  chef de programme Code-Décode de Tralalere, l’un des projets de l’École du code, nous expliquait comment au travers d’une collection d'applications, est proposé un dispositif de sensibilisation, d’initiation et de formation au code et à la culture du code pour les enfants et les adolescents, dispositif qui regroupe une offre de formation, des outils clé en main et un accompagnement dédié. « Il ne s’agit pas seulement d’apprendre à coder, mais aussi, par ces activités, de favoriser la compréhension du numérique qui nous entoure en montrant par exemple comment est programmée la publicité comportementale. On acquiert aussi une éducation à la civilité numérique et aux bonnes pratiques du net, à la propriété intellectuelle etc. Un autre objectif est également de favoriser la mixité filles garçons par l'exemple dans l’apprentissage du code. » 

Ollivier Lenot, conseiller de la ministre en charge du numérique éducatif, de l'innovation et de la relation avec les éditeurs, nous parlait de Class'code, un programme de formation gratuit développé en partenariat avec l’INRIA (établissement public de recherche dédié aux sciences du numérique). Ce programme est d’une importance stratégique pour la formation des acteurs, puisqu’il a vocation à accompagner les personnes désireuses d’initier les jeunes à la pensée informatique. Class’code comprend de nombreux modules de formation en ligne, couplés à des temps de rencontre présentielle pour partager, expérimenter et échanger entre apprenants.

Aujourd’hui le code est pris très au sérieux par le ministère, puisque depuis cette rentrée l’apprentissage figure dans les programmes officiels dès le CP. Au collège la matière est inscrite aux programmes de mathématiques et de technologie, notamment grâce à l’usage su logiciel gratuit Scratch (développé par le MIT). Les compétences visées vont de la production d’algorithmes simples à l’écriture et l’exécution d’un programme au niveau du Brevet des collèges (« Un exercice de programmation informatique, en lien avec les nouveaux programmes de mathématiques et de technologie »).

« En abordant le numérique, la programmation et ses enjeux, nous donnons à nos élèves le moyen d’être acteurs et penseurs de cette révolution technologique, et non plus des usagers passifs. » affirmait la ministre dans sa conférence de presse de rentrée 2016, des propos qu’elle a réitérés au cours de ses échanges avec les enfants.

Pour faire entrer enfin l’école dans l’ère du numérique, il faudrait donc aussi « apprendre à coder … pour ne pas être codé ! »

Michel Pérez

Dernière modification le mercredi, 19 octobre 2016
Pérez Michel

Président national de l'An@é de 2017 à 2022. Inspecteur général honoraire de l’éducation nationale (spécialiste en langues vivantes). Ancien conseiller Tice du recteur de Bordeaux, auteur de nombreux articles et rapports sur les usages pédagogiques du numérique et sur la place des outils numériques dans la politique éducative.