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Allan COLLINS et Richard HALVERSON publient en 2009, Rethinking Education in the Age of Technology: The Digital Revolution and Schooling in America – Repenser l'Education à l'ère de la Technologie : révolution numérique et scolarisation en Amérique.

Pour ces deux chercheurs, « le monde de l'éducation subit actuellement une transformation massive à la suite de la révolution numérique. Cette transformation est similaire, écrivent-ils, à la transition de l'apprentissage à la scolarisation universelle qui a eu lieu au 19e siècle à la suite de la révolution industrielle ... » Le système scolaire que nous connaissons a été créé au cours de la révolution industrielle, et il a été conçu pour transmettre efficacement les savoirs des enseignants à un grand nombre d'élèves réunis pour cela dans l'Ecole.

La société est entrée avec l'Internet et les technologies numériques dans l'ère de l'information accessible par tous, partout et à tout moment.

« Ces nouvelles technologies, constatent les auteurs, créent des possibilités d'apprentissage qui concurrencent les écoles et les collèges traditionnels. Les gens à travers le monde choisissent d'apprendre hors de l'école, dans les familles, les bibliothèques, les cafés Internet, et les lieux de travail, où ils peuvent décider ce qu'ils veulent apprendre, quand ils veulent apprendre, et comment ils veulent apprendre ».

Ils posent la question : Qui bénéficiera en fin de compte de cette révolution?
Et s'ils reconnaissent que « l'Ecole a apporté une contribution inestimable pour le développement et qu'elle va continuer à le faire dans l'avenir, » ils invitent « les éducateurs et les décideurs à repenser l'éducation en dehors de l'école. »

François DURPAIRE et Beatrice MABILON-BONFILS viennent de publier chez PUF, La fin de l'Ecole, l'ère du savoir-relation... Pour ces deux chercheurs, « l'école est devenue inutile.

Nous sommes entrés dans les trente dernières années de l'école... Il ne s'agit pas de science-fiction, mais de l'effet conjoint de la mondialisation - qui rend caduque la mission d'éducation "nationale" de l'école publique - et de la révolution numérique, qui permet à la technique de prendre en charge la simple instruction. Le lieu "école" a-t-il encore un avenir, quand les premiers robots supplantent les profs traditionnels, quand une part croissante de l'éducation se fait "à distance", quand de nombreuses familles font désormais le choix de l'éducation à domicile ? Cette évolution, plutôt qu'une malédiction, peut être une opportunité. Comment peut-on mieux éduquer sans l'école ?

Eric BRUILLARD, professeur des Universités, Directeur du laboratoire Sciences, Techniques, Education Formation, commun de l'ENS Cachan et de l'Institut Français de l'Éducation (ENS Lyon) effectue depuis une vingtaine d'années des recherches qui s'inscrivent à l'articulation entre l'informatique, les sciences de l'éducation et les sciences de l'information et de la communication. Dans cet entretien qui fait suite à la conférence qu'il a donnée lors des NetJournées 2015 il revient sur « les difficultés qu'ont les systèmes éducatifs robustes, bien régulés à utiliser de manière suffisamment intéressante les technologies numériques alors qu'elles sont très utilisées à l'extérieur de l'Ecole. »
Est-ce la fin de l'Ecole ? Faut-il imaginer un nouveau « modèle d'Ecole » post-moderne ? Sera-ce une Ecole « supermarché » ? Quels rôles joueront les parents ?

En Europe, et en France particulièrement, précise Eric Bruillard, on reste attaché à un certain nombre de valeurs, comme l'égalité pour « offrir la même Ecole à tout le monde ».
Les instruments de l'activité sociale qu'est l'Ecole changent avec les technologies informatiques. « Fondée sur le livre, le cahier, le stylo », l'Ecole doit repenser les activités scolaires avec ces changements d'instrumentation. Mais cela prend beaucoup de temps et demandera plusieurs générations.

Comment aujourd'hui avec ces nouveaux instruments les enseignants exercent-ils leur liberté pédagogique pour « concevoir, rechercher, sélectionner, modifier, recomposer les ressources qu'ils présentent à leurs élèves et qui servent de support à leurs activités, mais aussi qu'ils partagent ou mutualisent avec leurs collègues »
C'est l'objet du projet de recherche REVEA financé par l'Agence Nationale de la Recherche (Ressources vivantes pour l'enseignement et l'apprentissage ) que porte Eric BRUILLARD et qui a pour objectif de comprendre et modéliser la gestion des ressources éducatives par les enseignants dans le système éducatif.

Le Plan Numérique pour l'Ecole n'est donc que l'une des premières pierres de cette nouvelle Ecole à construire. Les enseignants seront sans nul doute les acteurs essentiels de sa mise en œuvre. Les valeurs de la République devront en garantir la même qualité pour tous.
Claude TRAN

Dernière modification le mardi, 26 mai 2015
Tran Claude

Agenais de naissance Claude TRAN a été professeur de Sciences Physiques en Lycée, chargé de cours en Ecole d’Ingénieur, Inspecteur pédagogique au Maroc, chef d’établissement en Algérie comme proviseur du lycée français d’Oran ; en Aquitaine il dirigera les lycées Maine de Biran de Bergerac, Charles Despiau de Mont de Marsan et Victor Louis de Talence. Il a été tour à tour auteur de manuels scolaires, cofondateur de l’Université Sénonaise pour Tous, président de Greta, membre du conseil d’administration de l’AROEVEN, responsable syndical au SNPDEN, formateur IUFM et MAFPEN, expert lycée numérique au Conseil Régional d’Aquitaine, puis administrateurà l'An@é, actuellement administrateur Inversons la classe, journaliste à ToutEduc, chroniqueur à Ludomag.