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Le numérique ne crée pas le partage même s’il peut le faciliter et c’est de cette évidence qu’il nous faut partir. Il est absolument indispensable de sortir de l’entre-soi dans lequel nous sommes confinés, nous « citoyens numériques ».

Le numérique est partout et pour tous mais pas de la même façon partout et pour tous.

Contrairement à ce que l’on aurait pu imaginer, des inégalités se creusent par le biais du numérique et ces inégalités ne concernent pas seulement  et pas tant le matériel à disposition que la capacité à se servir de ce matériel et l’usage qui en est fait.

Ce ne sont pas les réseaux sociaux nés du numérique qui atténuent le phénomène.

Il ne faut pas croire l’adage qui dit on choisit ses « amis », on ne choisit pas sa famille. On ne choisit ni les uns ni l’autre : ils sont pareillement imposés et le déterminisme social et culturel devient aussi fort que le déterminisme génétique quand il ne le supplante pas, quand ils ne se confondent pas. Ce cloisonnement n’est bon ni pour l’individu ni pour la société lorsque le milieu social, culturel, familial est riche épanouissant et porteur ; il devient dramatique et même dangereux tant pout l’individu que pour la société lorsque le milieu est pauvre, sclérosant et aliénant.

Les connexions potentielles à l’infini peuvent donner l’illusion d’une richesse et d’une diversité infinies. Hélas les connexions sont trop fortement socialement et culturellement codées ( en plus de l’être numériquement ) et la liberté ou l’égalité qu’elles laissent  entrevoir ne sont que des leurres.

Le numérique ne crée pas le partage même s’il peut le faciliter et c’est de cette évidence qu’il nous faut partir.

Cela vaut pour notre république : la satisfaction du  besoin de « vivre ensemble » et de laïcité doit y faire contrepoids aux créations de multiples communautés d’intérêt ou de convictions. Cela vaut  pour nous « Educavox » qui devons chercher par tous les moyens à toucher les « laissés au bord de la route du numérique » et ceux qui s’apprêtent à y rester. 

Il est bien sûr indispensable de faire connaître à ceux qui innovent les expériences des autres ; il est indispensable que l’innovation soit reconnue, validée et valorisée dans le microcosme des convaincus et des experts et il est fondamental qu’elle soit mise à la portée de tous physiquement et intellectuellement. C’est ainsi qu’elle sera une chance pour le système éducatif et pour la démocratie et non un facteur supplémentaire de morcellement et d’affrontements.

S’il nous manquait la conscience des risques que font courir à notre société et notre école les inégalités et divisions qui s’y développent de manière accélérée, il suffirait, sans doute, de rappeler, sans les mettre sur le même plan, les événements du mois de janvier 2015 et les réactions à l’annonce des  mesures de la réforme du collège. Faisons donc en sorte que dans l’école et dans le milieu associatif tout au moins, l’essor du numérique aille de pair avec la concrétisation des valeurs de la république aujourd’hui remises en lumière et en enseignement.

Au delà des vœux pieux, cela peut signifier :

- œuvrer pour le développement de la formation initiale et continue des enseignants et des personnels d’encadrement et peser sur les contenus de cette formation ;

- s’impliquer dans la formation  des éducateurs intervenant dans les temps d’activités périscolaire ;

- développer des outils de travail en équipe et de partage et les diffuser ;

- aider les collectivités à mettre en place des politiques de développement du numérique, accès et utilisation car les deux sont indissociables ;

- informer ( et former ?)les parents d’élèves aux nouvelles pratiques de classe et de communication issues des innovations liées au numérique.

Ces préoccupations sont déjà présentes et,  comme souvent, on a envie de dire « on le fait déjà »…bien sûr mais pas assez…la preuve !

Dernière modification le jeudi, 23 mars 2017
Puyou Jacques

Professeur agrégé de mathématiques - Secrétaire national de l’An@é