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Par Henri Boudreault Ph.D. professeur à l'UQAM en enseignement en formation professionnelle et technique : "  Il y a probablement autant d’adaptations de la formule hybride que de concepteurs. Voici ce qui m’a inspiré dans l’élaboration de mon dispositif pour mon cours de didactique de la formation professionnelle. Ce cours est d’une durée de 45 heures répartie sur 15 semaines comportant des séances de 3 heures ayant lieu le soir, avec un groupe de 50 étudiants."

L’idée, à la base de ma démarche, n’était pas de transposer ma formation actuelle en formule hybride, mais de trouver les pratiques didactiques que je dois mettre en place, ainsi que les stratégies, pour résoudre les problèmes, que j’ai déjà présentés dans mon article précédent, tout en améliorant les apprentissages des apprenants. Il faut toujours avoir en tête que la seule et unique raison, en ce qui me concerne, pour changer  de modalité de formation c’est l’amélioration des apprentissages des apprenants. Il faut qu’ils apprennent plus de choses, plus rapidement, où qu’ils puissent apprendre de nouvelles choses que l’ancienne formule ne permettait pas.

Comme je l’indique souvent, lorsque je fais de la consultation, on ne change pas de modalité de formation parce que celle que l’on a ne fonctionne pas. Vous n’allez que reproduire les mêmes erreurs et faire généralement pire. Dans mon cas, mes cours se déroulaient très bien et mes étudiants, lors des évaluations de ma formation, ont toujours indiqué un très haut niveau de satisfaction. De 3,7 à 3,9 sur 4, lors de mon dernier cours dans formule en salle. J’ai voulu changer de modalité pour voir si je pouvais améliorer les apprentissages de mes étudiants, même s’ils sont très satisfaits. En enseignement, comme à beaucoup d’endroits, lorsque l’on n’avance pas on recule.

Un défi important, que j’ai eu à surmonter, dont je ne me doutais aucunement au départ, fût la synchronisation des thématiques de formation avec le calendrier et l’intégration des travaux pour faire un tout cohérent. Vous avez un tableau, au début de l’article, qui présente la façon dont j’ai relevé ce défi. L’enseignement, les apprentissages, les activités et l’évaluation se devaient d’être un tout cohérent dont l’intention est de faire en sorte que les étudiants concentrent leurs efforts sur les apprentissages à réaliser plutôt que sur les notes à acquérir. L’idée était de faire en sorte que les étudiants se rendent compte que les travaux à réaliser engendrent la nécessité de réaliser les apprentissages visés par les objectifs du cours. Vous allez me dire que c’est évident, je vous dirai que non, car le plus souvent les étudiants ne se préoccupent que de ce qui est nécessaire pour avoir de bonnes notes. Combien de fois on entend la question, « Est-ce qu’il y aura des questions à l’examen sur ce sujet? ».

Dans mon dispositif, il n’y a pas d’examen, tout est évalué, car apprendre c’est s’évaluer! La feuille de route des apprentissages à réaliser devient le cheminement critique vers le développement de la compétence de l’apprenant en didactique.

Le processus de formation hybride (aussi appelée apprentissage mixte) fait référence à l’intégration de deux types de formation, c’est-à-dire la présence et la distance, les technologies étant utilisées afin de soutenir le processus d’enseignement/apprentissage. 

Elle est orientée vers le suivi de l’apprenant, la disponibilité de ressources variées et le développement d’espaces d’échanges collectifs et d’interaction (la classe, les forums, les travaux et les commentaires).  Selon la définition proposée par Charlier, Deschryver et Peraya, elle se caractérise par « l’introduction intentionnelle dans un dispositif de facteurs innovants : l’articulation du présentiel et de la distance soutenue par un EIAH » (Environnement Informatique pour l’Apprentissage Humain). »

L’hybridation repose sur plusieurs paramètres :

l’apprentissage visé,

les caractéristiques des apprenants,

le besoin et la facilité de mise à jour du contenu,

la possibilité d’économies d’échelle,

l’intégration organisationnelle et la gestion du changement, ainsi que les ressources disponibles.

Les séances sont conçues à partir d’une approche d’appropriation.

Cette appropriation se déroule en classe et chez l’apprenant. Cette façon d’organiser le travail implique une plus grande participation, une implication et de la discipline de la part des participants, appuyés par l’accompagnement du professeur et l’utilisation des ressources technologiques et numériques. La richesse de cette approche tient aux interactions provoquées entre les participants, les réalisations et le professeur.

Les outils didactiques et les questionnements qu’ils suscitent sont les points de départ pour initier chacune des thématiques. Le souci premier est que les propos du professeur viennent s’ancrer dans les préoccupations des étudiants. Des présentations, des capsules vidéos, des représentations et des textes sont utilisés pour illustrer les pistes de réflexion aux questionnements plutôt que de faire l’objet d’une présentation formelle. Les étudiants ont accès aux présentations et aux textes à la fin de chacune des séances en présence.

Il y a alternance entre les séances de travail en présence et les séances à distance. Les séances en classe traiteront spécifiquement de l’exploration et de l’expérimentation des thématiques, de leurs pertinences, des outils didactiques qui les accompagnent et du travail à faire à distance. Les séances à distance sont consacrées à la réalisation des 12 tâches sur les outils didactiques intégrés à la spécialité disciplinaire de chacun des apprenants. Le travail à distance constitue l’étape du transfert dans l’approche par compétence.

Voici un petit inventaire de ce que j’ai dû produire pour mettre en oeuvre ma modalité hybride :

  • Une feuille de route des tâches à réaliser;
  • La construction de 12 tâches à réaliser pour intégrer les thématiques des séances;
  • La spécification des indicateurs de réussite pour chacune des tâches pour permettre à l’apprenant de s’évaluer;
  • La conception de plus d’une quarantaine de capsules vidéos sur les concepts clés en didactique;
  • L’écriture de quatre textes de référence pour chacune des thématiques du cours;
  • L’animation d’un forum pour chacune des séances à distance;
  • La recherche et la sélection d’applications pour instrumenter les étudiants dans la réalisation de leurs travaux;
  • La construction de plusieurs aides à la tâche pour guider les étudiants dans leurs travaux;
  • La conception d’activités d’exploration pour les séances en présence;
  • Etc.

Je tiens à souligner que j’ai fait le choix de ne pas avoir de présentation synchrone à distance en vidéo. Je ne trouvais aucun avantage didactique à cette façon de faire par rapport aux coûts qu’elle occasionnait. Pour moi, ce n’était que la reproduction d’une façon faire dont le peu d’efficacité a déjà été largement démontré en présentielle, je ne voyais pas en quoi la formation à distance pouvait l’améliorer. Le forum synchrone apporte beaucoup plus d’avantages, car il oblige l’étudiant à être actif durant les séances et à réfléchir pour écrire sa pensée. Il s’agissait par la suite de faire en sort que l’apprenant trouve nécessaire d’y participer.  Le défi didactique étant de faire en sorte que l’apprenant pose la question sur la notion que vous voulez qu’il apprenne. Je reviendrai sur ce point.

À suivre… « Gérer quels changements? »

Sur le même thème :

ACCES AU SITE DIDACTIQUE PROFESSIONNELLE de Henri Boudreault

https://didapro.me/2017/02/09/quelle-modalite-hybride-adoptee/

Henri Boudreault Ph.D. professeur à l'UQAM en enseignement en formation professionnelle et technique

Dernière modification le mardi, 28 février 2017
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