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Le Samedi Matin au Collège : une expérience d’éducation partagée au Collège Jean Jaurès de Pantin
Gabriel GONNET et Jean Marcel KOFFI[1], Association La CATHODE

Cet article présente une expérience de co-construction d’une communauté éducative en cours depuis l’année scolaire 2008-2009 au collège Jean Jaurès de Pantin. Cette action a été initiée sous la forme d’un dispositif de groupe de paroles dénommé ‘‘Le Samedi Mati au Collège – SMAC’’. L’article retrace les moments clés de la mise en œuvre du dispositif SMAC, ses points forts et ses points faibles, et dégage quelques pistes en guise de perspectives.



Le Samedi Matin au CollègeLa CATHODE



Un samedi matin à l’Université : un moment de ces samedis 



La journée des méritants : un exemple de bon climat scolaireLa CATHODE

1. Le SMAC, une démarche d’ensemble

L’expérience du ‘‘Samedi Matin au Collège - SMAC’’ existe depuis maintenant quatre années scolaires au Collège Jean Jaurès à Pantin (Département de la Seine-Saint-Denis, 93). Il s’agit d’un groupe de paroles de parents volontaires qui se retrouvent régulièrement, certains samedis matins, autour de différents thèmes d’intérêt choisis par les parents eux-mêmes. Le groupe de paroles est un lieu de rencontres et d’échanges entre plusieurs acteurs concernés par la réussite éducative de l’enfant. Dans ce cadre, les parents rencontrent des personnes de l’établissement scolaire : Principal, CPE, assistante sociale, CIO, enseignants. Cela se passe de manière moins formelle que dans le contexte scolaire habituel de convocation. Le SMAC est aussi un lieu de rencontre avec des associations et d’autres acteurs sociaux du quartier (éducateurs, travailleurs sociaux de structures comme A travers la ville, le Café des parents, le Centre social, la Maison du quartier, …).

Cette initiative de coéducation et d’éducation partagée entre le collège, les parents, et d’autres acteurs sociaux de la ville se déroule dans une atmosphère conviviale. Elle cherche à favoriser une meilleure relation entre les acteurs en présence (parents et autres acteurs de l’éducation de leurs enfants), à travers des échanges de savoirs et d’expériences entre pairs adultes, sans aucun lien spécifique de hiérarchie. Ce maillage d’acteurs vise à renforcer la communauté éducative qui entoure les enfants (voir loi d’orientation sur l’éducation n° 89-486 du 10/07/1989 et ses textes d’application)[2].

Cette expérience qui à l’origine émane d’une demande du Conseil Général de la Seine Saint-Denis, doit se poursuivre et se consolider en s’ouvrant à d’autres jours de la semaine que le samedi, et à d’autres formes d’évènements en lien avec la socialisation scolaire de l’enfant.

2. Genèse du SMAC

En 2008, le Conseil Général de la Seine-Saint-Denis nouvellement élu, propose d’utiliser les locaux des Collèges (qui lui appartiennent en propre) pour mener des animations sur les quartiers avec les enfants ou les parents.

 2.1 La demande du Conseil Général de la Seine-Saint-Denis (93)

Le Département 93 souhaite faire des collèges un espace dans lequel peuvent se mener des activités diverses, ouvertes sur le quartier, en mobilisant la communauté éducative et des ressources locales. Il s’agit de faire du collège un lieu de vie pour les jeunes et leurs familles. En collaboration avec les associations d’éducation populaire, le Département souhaite aboutir à un projet construit localement avec la communauté éducative (parents, enseignants, personnels techniques du collège, associations de quartier, centre social, maison du quartier, etc.), afin d’organiser le samedi matin des activités autour de thématiques variées (NTIC, cuisine, langues, activités culturelles, etc.…). L’idée initiale du SMAC visait ainsi à contribuer au lien social sur le quartier des Courtillières de Pantin, en rénovation urbaine (ZUS les Courtillières-Pont de Pierre). La démarche-projet du Conseil Général vise les objectifs suivants :

  • Renforcer l’intégration du collège dans le tissu social local ;
  • Valoriser les collèges et leurs équipements comme lieux d’ouverture à des apprentissages divers ;
  • Contribuer au développement de savoirs, de savoir-faire et de savoir-être par la mise en place d’activités de coéducation.
A ces objectifs étaient associés des moyens supplémentaires :

  • une convention définissant les champs de responsabilité de chacun pendant ces périodes hors temps scolaire,
  • un personnel ATTEE, volontaire, qui pourra intervenir pour l’ouverture et la fermeture du collège et son entretien,
  • des moyens financiers prévus pour la mise en place et la réalisation des actions menées dans le cadre de ce dispositif (en prestations ou en subventions).
 

2.2 Contexte spécifique de lancement du SMAC

La CATHODE est une association du département de la Seine-Saint-Denis (93) qui milite pour le lien social à partir d’outils multimédia (voir site internet : www.lacathode.org ou son site de diffusion multimédia : http://regards2banlieue.fr). Elle fut alors contactée par le Conseil Général, à l’idée que le fait d’avoir un lieu qui réunit parents et enfants au cœur d’une cité était fascinant.

Gabriel GONNET, Réalisateur et Coordinateur de la Cathode témoigne en ce sens : ‘‘d’autant que le Collège Jean Jaurès de Pantin était dans mon ancien quartier, où deux de mes enfants avaient été élèves, l’un en primaire, l’autre à l’école maternelle. Le quartier était très sympathique et tout le monde se disait bonjour. À la maternelle, nous avions une amie institutrice et la Directrice n’hésitait pas à nous solliciter. Je me retrouvais parfois à coller les enveloppes pour les élections des parents. Il y avait aussi une chorale multiculturelle des parents, car il y avait, paraît il, 38 nationalités dans l’école, et tout se passait sans aucun souci. Par ailleurs, nous avions un jardin ouvrier. J’ai donc de nombreux souvenirs heureux de ce quartier puisque nos enfants y ont commencé leur enfance’’. L’idée a germé d’un groupe de parents qui utiliserait le Samedi matin pour se rencontrer et échanger, parfois en invitant des adultes de l’établissement. Il était question de réaliser un film avec eux.

Cette expérience s’est inspirée directement des groupes de paroles de parents dans les services de pédiatrie, qui permettent de reprendre avec des mots et de manière plus informelle des situations qui, dans le face à face avec le médecin, peuvent avoir une charge émotionnelle si forte qu’elle gêne une prise de recul et une dédramatisation. Dans le contexte éducatif, la prise de recul et la dédramatisation peuvent pourtant favoriser la relation avec l’enfant, avec son environnement et avec les adultes qui l’entourent. L’avenir d’un enfant à l’école se situe dans le même registre d’enjeux et d’émotions, que la mise en danger de sa vie dans le contexte de l’hôpital. 

La genèse du projet a ainsi été facilitée par la dynamique qui l’a accueilli : une personne de l’établissement, s’est mise à la disposition du projet, le principal, les associations à travers la Ville et le Café des parents, ainsi que des chargés de mission du Conseil Général. Au final, le projet a été écrit, en cours de route, (les parents se réunissaient déjà !) avec la contribution forte d’une chargée de mission du Conseil Général et fut retenu par celui-ci. Il se mit alors en place rapidement et pour quatre années consécutives depuis la rentrée scolaire 2008-2009. »

2.3 Démarrage et mise en œuvre du SMAC

Le projet SMAC visait à atteindre les Objectifs généraux suivants (extrait du projet initial du 5 Mai 2009, puisque pour rappel l’expérience fonctionnait déjà) :

  • « Les parents, pourront s’investir dans un espace de projets autour de l’environnement scolaire, périscolaire et social avec l’ensemble de la communauté éducative ;
  • permettre à la communauté éducative (parents, équipe éducative et partenaires locaux) d’établir des relations privilégiées ; - constituer un groupe de parents « relais » afin de pérenniser l’espace de projets  ;
  • valoriser les parents en produisant une restitution. »
Le cahier des charges proposé initialement était cependant relativement sommaire. Il s’articulait autour du numérique, et de l’idée de favoriser l’alphabétisation et la connaissance du français, langue étrangère pour de nombreux habitants du département. Le centre social de Pantin organisant déjà des séances d’alphabétisation, cette option ne sera pas retenue dans le panier d’activités au démarrage du SMAC. Celui-ci s’orientera alors vers un groupe de paroles visant à favoriser des liens horizontaux entre divers acteurs éducatifs de la ville (familles, collège, acteurs sociaux) ; en vue d’aboutir à la constitution formelle d’une communauté éducative. Les deux premières années scolaires de fonctionnement du SMAC (2008-2009 et 2009-2010) ont permis d’identifier un ensemble de thématiques, qui ont fait l’objet d’échanges entre les parents et les animateurs des réunions du groupe de paroles (associations, assistantes sociales, conseillère d’orientation, personnel technique du collège). Le dispositif s’est ainsi organisé autour de thématiques devenues plus ou moins récurrentes par la suite. Par exemple pour la première année, les thématiques suivantes ont été discutées :

  • « Qu’est-ce qu’un collège ? »
  • « Les règles de vie au collège »
  • « L’orientation »
  • « Les difficultés scolaires des enfants »
  • « La violence à l’école »
  • « Les outils multimédias : comment s’en servir ? »
  •  « Les nouveaux métiers, métiers méconnus et les métiers d’arts »
Certains de ces thèmes vont se retrouver de manière proche bon an mal an. Ils ont l’avantage d’être fédérateurs et de répondre aux inquiétudes principales des parents et, souvent, de l’établissement. Tout ne fut cependant pas facile, car la dynamique générale du projet dépendait de l’implication de tous, alors que certaines structures importantes du quartier se mobilisaient très peu.

Par ailleurs, le collège, lui-même montrait parfois des réserves vis-à-vis de certaines associations. Un comité de Pilotage du projet a été mis en place. Il est composé du Collège, de l’association partenaire La CATHODE, du représentant du Conseil Général et des associations partenaires (Le Café des parents, l’association d’éducateurs en milieu ouvert « A travers la Ville »…), et des parents qui y étaient invités. Cependant, après les deux premières années scolaires de fonctionnement, la communauté éducative n’a pu être formellement constituée, tout comme l’objectif de constituer un groupe noyau d’au moins dix (10) parents « relais » n’a pu être atteint. Pour passer ce cap, une recherche-action a été convoquée à partir de l’année scolaire 2010-2011.

3. Former un groupe de parents relais et constituer une communauté éducative

Bien que le groupe de paroles se soit constitué pendant les deux premières années de fonctionnement du SMAC, d’une part, les enseignants du collège n’y ont globalement pas participé[3], et d’autre part, la communauté éducative n’a pu être constituée de manière formelle. L’objectif de constituer un groupe noyau d’au moins dix (10) parents « relais » n’a pu être non plu atteint. Réaliser une recherche-action est alors apparue comme une étape importante pour accompagner la démarche déjà en cours[4].

3.1 Contexte de mise en œuvre d’une recherche-action 

Celle-ci était nécessaire pour accompagner la démarche déjà en cours, afin d’identifier les possibilités de mieux associer les différents acteurs à la dynamique du SMAC, notamment en ce qui concerne la formation du groupe de parents relais et l’implication effective des enseignants. Ce travail s’inscrivait dans une réflexion plus globale de La CATHODE sur la dynamique des personnes, le renforcement des partenariats sur le quartier, et sur la résilience collective.

La recherche-action n’a donc pas été lancée ex nihilo. Elle s’est appuyée sur un existant, en considérant le fait que les liens créés par les rencontres du samedi matin constituaient un véritable acquis à consolider. L’enjeu consistait dès lors à identifier et à lever les facteurs qui limitaient la constitution d’une communauté éducative stable. Réaliser ces objectifs impliquait un questionnement de l’interaction sociale induite par le SMAC, via un dispositif d’observation, devant permettre dans un premier temps l’identification des acteurs majeurs et leur mise en cohérence, de sorte à pouvoir suivre dans un deuxième temps le fonctionnement de la communauté éducative et les caractéristiques propres à sa pérennisation.

Outre la recherche documentaire, la collecte des données quantitatives et qualitatives, des entretiens ont été réalisés avec les acteurs impliqués dans le SMAC. Un film de La Cathode a permis de recueillir les moments forts du SMAC et des témoignages d’acteurs qui y sont impliqués.

3.2 Des enseignements majeurs

 Des enseignements majeurs ressortent du dispositif d’observation mis en place. Si les deux premiers objectifs furent tenus (existence d’un cadre d’échanges et établissement de relations privilégiées entre les acteurs), ce fut plus difficile pour les deux derniers (Constitution et valorisation d’un groupe de parents « relais » dans le cadre d’une communauté éducative). On peut cependant relever quatre points forts qui constituent des leviers potentiels d’amélioration du SMAC. (1) Il existe un cadre d’échanges, (2) des thématiques d’intérêt sont partagées, (3) il existe des parents qui se mobilisent, notamment des mères, (4) quelques enseignants sont disposés à se mobiliser.

  • Il existe un cadre d’échanges autour de thématiques d’intérêt partagées
 

Le samedi matin offre un espace qui permet de sortir du stress des réunions après le travail du soir. Il offre l’opportunité d’une ambiance conviviale, d’une sorte de petit déjeuner un peu hors du temps. Très vite, le projet a pu montrer sa viabilité, en particulier, par le fait que les parents venaient et parlaient.

Au fil du temps, le groupe de paroles a défini un ensemble de thématiques d’intérêt partagé. Il est apparu un désir et une volonté des acteurs identifiés à partager un certain nombre de valeurs éducatives.

D’une manière générale, les parents et les intervenants du SMAC partagent largement le souci d’un parcours de socialisation réussi, en reconnaissant le rôle déterminant de la famille qui doit cependant bien s’articuler avec le rôle institutionnel de l’école. La participation aux réunions était inégalement répartie.

L’étendue de la participation allait de moins de la dizaine de parents à la cinquantaine, les parents d’élèves se sentant plus ou moins concernés par les thèmes discutés en fonction de la classe de leur enfant. Par exemple, aborder les règles de vie au collège ou la présentation de l’établissement intéressera plus les parents d’enfants en 6ème. Alors que discuter de l’orientation touche plus des parents d’élèves de la 3ème.

Chaque année, un noyau d’environ cinq parents sont restés cependant présents à chaque séance. Pour le collège, ces thématiques sont d’un grand intérêt, car elles prennent en compte certaines préoccupations du projet d’établissement en cours d’élaboration. Le Principal du collège a souligné la nécessité d’inscrire l’ensemble de toutes les actions dans un cadre cohérent, le projet d’établissement comme creuset de toutes ces actions, articulées autour de la réussite scolaire, de la construction d’un parcours d’orientation, de l’éducation à la citoyenneté, et à la valorisation du désir de culture.

Le SMAC a vocation à concourir à la réalisation de ces objectifs éducatifs majeurs, au regard des thématiques discutées en réunions avec les parents d’élèves. Dans la catégorie des acteurs sociaux présents sur le territoire de Pantin et susceptibles d’intervenir sur le dispositif SMAC, il y en a qui ne se sont pas effectivement mobilisés (maison du quartier, centre social,…). Certains se sont mobilisés la première année et ont pris de la distance par la suite. C’est par exemple le cas du centre social. Il convient de mobiliser ces acteurs, en créant un cadre cohérent de leur intégration au SMAC. Ces deux partenaires se remobilisent depuis l’année scolaire 2011-2012.

  • Il existe des parents mobilisés et des enseignants disposés à le faire
 

Certains parents trouvent un intérêt certain au regard de leur participation au SMAC. Ils constituent un premier noyau potentiel du groupe de parents relais. Leur propension à s’impliquer dans le SMAC (assiduité, participation aux échanges, problématiques soulevées, apport d’idées,…) a constitué un indicateur d’appartenance à ce noyau, sous réserve de leur acceptation. Des entretiens sociologiques réalisés avec les parents, les enseignements majeurs suivants sont à relever.

  • Les parents sont satisfaits de l’existence de ce cadre qui permet le partage d’expériences avec d’autres parents. Pour eux, cela constitue un complément important, car les autres rencontres avec le collège sont plus individualisées, centrées sur le comportement de l’élève. Il leur appartient selon un répondant de « chercher à comprendre les choses » en établissant le lien avec d’autres parents.
  • Les parents ont cependant déploré l’absence des enseignants aux réunions du groupe de paroles, bien que le principal et le principal adjoint s’y soient personnellement impliqués.
  • Les parents se sont tous prononcés pour la poursuite du SMAC, en soulignant leur volonté à y participer en fonction de leur agenda ; ce qui interroge le calage des activités du projet.
  • Concernant la participation au groupe de parents relais pour la constitution d’une communauté éducative formelle, une dizaine de parents ont donné leur accord. Certains ont émis la réserve de leur disponibilité, en rapport avec leurs horaires de travail et des engagements associatifs. D’autres ont exprimé des appréhensions. D’une part, on peut considérer celles liées à l’interaction, certains appréhendant la prise de parole en public. D’autre part, il y a le niveau d’investissement que va exiger l’appartenance au groupe de parents relais. Certains ont souligné ne pas vouloir s’impliquer plus que de raison, si d’autres ne participaient pas effectivement à l’action collective. Ils ne veulent pas porter le poids de cet engagement plus que d’autres qui devraient être tout aussi bien concernés par la réussite des enfants.
Ces quatre enseignements impliquent des perspectives nouvelles pour SMAC. Par ailleurs, s’il fut relativement plus facile de mobiliser les personnels non enseignants : Principal, CPE, assistant d’éducation, médiateurs, CIO, assistante sociale, ce ne fut pas le cas des enseignants.

Il nous est apparu que la relation souvent duelle dans des moments clefs de la vie scolaire (réunions de rentrée, remise des bulletins, convocation à la vie scolaire) était dépassée dans ce groupe où le principe était de ne pas juger et où la parole restait confidentielle. Du coup, cette parole devenait plus libre, abordant les difficultés des enfants soit au collège soit en rentrant à la maison, ou dans le quartier. Ces difficultés ont pu être exprimées, croisées ensemble, ce qui a été précieux pour le personnel de la vie scolaire comme information pour élucider des points concernant des enfants. Cela peut permettre d’agir en prévention sans recours à la sanction.

Comme cela a été relaté dans le film réalisé par la CATHODE, le fait de dédramatiser une situation vécue permet de mieux l’assumer en renvoyant à une relation plus sereine du parent à l’enfant, sans recourir forcément à la sanction ou à des solutions répressives. Il fut plus difficile de mobiliser les enseignants, d’une part selon certains d’entre eux par manque d’information sur le SMAC, et d’autre part en rapport avec la programmation le Samedi matin. Il est important de souligner que les enseignants s’investissent dans de nombreuses activités scolaires. Cela obéit souvent à des engagements en rapport avec des centres d’intérêt personnels ou en liens avec les disciplines enseignées.

Bien communiquer sur un projet interne au collège permet d’apporter des éclairages sur sa pertinence éducative, ses enjeux et ses implications, ce qui constitue une fenêtre d’attractivité. Il paraissait en outre difficile pour les enseignants de s’impliquer dans le SMAC le samedi matin, après une dure semaine de travail et souvent de longs trajets de transports entre leurs domiciles et le collège. Le besoin de décompresser et de s’occuper de leurs familles apparait aussi comme un paramètre à considérer. La poursuite de l’expérience devrait dès lors envisager des temps de fin de journée et éventuellement de soirée, en veillant à la compatibilité avec les horaires de travail des parents. Cela implique une exigence de planification en amont pour plus de flexibilité dans le calage des rencontres du groupe de paroles et des autres activités du projet.

4. Contraintes matérielles à lever

Des problèmes délicats affectent le bon fonctionnement du projet. Les contingences matérielles concernent en particulier la présence d’un gardien le samedi matin, qui ouvre et ferme l’établissement. Cela n’a pas toujours été le cas, de sorte que la programmation des dates de réunions devenait problématique, ce qui a contribué parfois à limiter le nombre de séances et de rendre l’organisation du projet plus complexe. Le temps de l’année scolaire devient ainsi finalement très court, si on veut co-construire le projet, c’est-à-dire réunir et mobiliser les parents, contacter les intervenants suffisamment tôt pour établir une programmation stable, et choisir une temporalité qui permettrait aux parents d’être de véritables acteurs du projet SMAC. 

Conclusion

Pour partie, le groupe de paroles a permis de remobiliser les parents autour de l’établissement. Habituellement, un grand nombre d’entre eux était absent des réunions publiques de l’établissement ; sans doute parce que être convoqué pouvait signifier selon leurs témoignages qu’il y avait un problème avec l’enfant. Cette appréhension était cependant absente d’une invitation à participer à un échange de groupe de paroles. Ce temps de rencontre convivial et chaleureux, où les parents et les autres intervenants sont au même niveau, partageant préoccupations, joies et soucis de parents, est un temps peu fréquent dans les établissements scolaires. Or il peut contribuer à faciliter au quotidien le dialogue dans l’établissement.

Il convient cependant de souligner que certains parents nous sont apparus bien susceptibles d’aller plus loin dans la démarche d’intégration du groupe relais. Si pour les parents les plus réticents c’est la disponibilité réelle qui a été invoquée, pour d’autres les difficultés d’expression orale en public ont été mis en avant. Même les parents non réticents ont souligné l’appréhension du niveau d’investissement individuel, craignant de subir des comportements de passager clandestin chez d’autres parents.

 Ces raisons expliquent pourquoi il a été difficile au départ de créer un groupe leader de parents. Cette expérience du Samedi Matin au Collège Jean Jaurès à Pantin montre qu’il serait pertinent et utile de trouver des temps qui favorisent un plus grand dialogue entre les établissements solaires, les parents, et les acteurs sociaux de la ville. Elle rejoint les préoccupations[5] du Collectif ‘‘Construire ensemble l’école de la Réussite de tous !’’ (http://www.ecoledetous.org) initié par ATD Quart Monde qui préconise que « …La qualité des relations parents-enseignants est déterminante pour la réussite des enfants, et ce dès l’école maternelle.

Cette relation ne fonctionne pas bien aujourd’hui dans les écoles et collèges, tout particulièrement avec les parents les plus éloignés de l’École. Un enfant qui ressent entre ses parents et ses enseignants des discordances allant jusqu’à la déconsidéra­tion, ainsi que des dissonances entre les savoirs de l’école et ceux de son milieu, se met à redouter l’école et est entravé dans ses apprentissages. » 

Ce collectif demande la création d’un espace parents dans les écoles et les collèges. Ce lieu doit être facilement accessible et placé sous la responsabilité d’un professionnel qui contribuera à l’animer. Il faudra pour cela solliciter l’avis des parents. La participation des enseignants à la vie de cet espace est indispensable et s’intégrera dans leur temps de travail. La démarche s’’inscrira alors dans : - les Projets Éducatifs Locaux, qui prendront en compte l’existence de cet espace-parents ; - « cet espace qui donnera lieu à au moins une rencontre annuelle collective entre les enseignants et les parents, préparée par des rencontres entre parents et des rencontres entre enseignants sur des sujets choisis en commun ; » - des budgets d’investissement et de fonctionnement qui sont nécessaires » (Source : http://www.atd-quartmonde.fr/IMG/pdf/quelle-ecole-pour-quelle-societe.pdf). 

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Fédération des Associations de Parents d’élèves de l’Enseignement Public 29, rue du Fg Poissonnière, 75009, Paris, tel : 01 47 70 77 08 FCPE (Fédération des Conseils de Parents d’Élèves des Écoles Publiques) 108, avenue Ledru Rollin, 75001, Paris, tel : 01 43 57 16 16 http://www.fcpe.asso.fr&nbsp ;&a... ;Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

FPEEP (Fédération des Parents d’Élèves de l’Enseignement Public) 89, Bd Berthier, 75017, Paris, tel ; 01 44 15 18 18 http:/ / www.peep.asso.fr&nbsp ;Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Café des parents 162, bld. Voltaire – 75O11 Paris – M° Charonne du mardi au samedi de 10h à 19h .Nocturne du mardi jusqu’à 22h Tel : 01 43 67 54 00 Fax : 01 43 67 54 01 cafedesparents@epe‐idf.com www.cafe‐des‐parents.com

Inter Service Parents : 01 44 93 44 93

Jeunes violences écoute : 0800 20 22 23 http://www.jeunesviolencesecoute.fr/

Agir contre le harcèlement à l’école http://www.agircontreleharcelementa... ;

N° Stop harcèlement : le 0808 80 70 10 Kenny et le harcèlement à l’école http://lacathode.eklablog/-a58050041 


[1] Respectivement Réalisateur, Coordinateur de la Cathode et Socio-économiste. [2] Cette loi en son article 1 énonce que ‘’la communauté éducative rassemble les élèves et tous ceux qui dans l’établissement scolaire ou en relation avec lui, participent à la formation des élèves. L’article 11 du chapitre III précise ensuite que ‘‘ les parents d’élèves sont membres de la communauté éducative.’’ Dans le Titre II, l’article 15 précise que ‘‘les personnels administratifs, techniques, ouvriers, sociaux, de santé et de service sont membres de la communauté éducative’’. [3] (a) En juin 2009, l’enseignant responsable de l’informatique au collège a participé à la rencontre consacrée au thème « multimédia et le cartable en ligne » (source : bilan du projet pour l’année 2009). (b) En mars 2010, un professeur de mathématiques a participé à la rencontre sur l’orientation (source : bilan du projet pour l’année 2010). [4] La recherche-action a été menée par Jean Marcel KOFFI. [5] Ces préoccupations vont aussi dans le sens générales de celles soulevées par le Conseil d’Analyse Stratégique (CAS), lorsqu’il souligne le manque d’ardeur des élus politiques quand il s’agit d’intégrer les habitants dans un processus participatif pour mener la réflexion liée aux décisions qui les concernent(n° 282, http://www.tessolidaire.com).
Dernière modification le lundi, 05 janvier 2015
Gonnet Gabriel

Réalisateur, il dirige la Collection de films et de DVD “un film pour en parler” pour l’association la CATHODE. Il a reçu 10 prix en festival pour ses films. Le film ”Cicatrices"a reçu le Grand prix du Festival du Film Médical des Entretiens de Bichat, un prix “Psychologie” au Festival Filmed d’Amiens.
et a été sélectionné aux Rencontres Internationales
Sciences et Cinéma de Marseille (RISC) 2008. Gabriel GONNET a été à l’initiative du Collectif contre le harcèlement entre élève qui a largement contribué à la sensibilisation des établissements scolaires et les parents à cette question. 
Ses films sont distribués à La CATHODE, l’Harmattan vidéo, l’ADAV, Colaco, RDM , Amazone et la FNAC.
Filmographie :
- La Potka
- La Teûté