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A l’heure du « tout connecté », inutile de souligner que ceci s’applique également au monde de l’enseignement. Du cours magistral enseigné à des élèves il y a quelques années au cours digital, le monde de l’enseignement est lui aussi en pleine mutation. Et le monde des étudiants aussi.

Hyper connectés, ils ont accès gratuitement à la majeure partie des cours qu’ils suivront l’année à venir. Et ceci n’est aucunement réservé à une catégorie d’étudiants (à partir de X ans, plutôt doués...)

Pour information, mon enfant de 10 ans apprend les matières qu’il verra en cours via un site «québécois : http://www.alloprof.qc.ca/ - basé sur l’apprentissage par le jeu et le second de 7 ans emboîte le pas...

Qui plus est, les technologies mobiles leur permettent d’échanger et d’interagir sur l’ensemble des plateformes numériques (blogs, forums, réseaux sociaux, mooc, plateformes de e-learning...).

Paradoxalement, le système éducatif français repose encore sur « s’asseoir, apprendre, restituer ».

Je m’explique : intervenante de niveau BTS à MBA, j’ai découvert avec stupeur un comportement assez similaire chez l’ensemble des étudiants, quel que soit le niveau : la passivité.

Le schéma est simple : ils arrivent en cours, smartphone à la main, ils s’asseyent, posent leur smartphone à côté d’eux (celui-ci serait devenu le prolongement d’eux-mêmes :-)  ), et attendent la fin du cours, tout en surfant sur leur smartphone.

Les interactions sont rares et l’on peut même ressentir une sorte de désintérêt de la part des élèves.

Partie de ce constat, j’ai mené une réflexion sur la qualité de mes cours (contenu, pertinence, adéquation au public), mais également sur la capacité à susciter de l’intérêt, voire même de l’interaction.

Deux choix s’offraient à moi : soit je restais dans un mode académique avec un rapport « sachant-apprenant », soit je réorientais les cours pour être dans une logique « échange, partage, co-construction ».

Pragmatique, avec une vision terrain, je me refusais à rentrer dans un mode opératoire de « restitution » d’information.

J’ai donc choisi la seconde voie, avec cette interrogation : comment procéder pour établir le dialogue et créer de l’interaction avec les étudiants ?

Se trouve dans mes contacts LinkedIn Jean-François CECI, avec qui j’ai longuement échangé sur le sujet. Je le remercie au passage pour ses judicieux conseils sur le sujet.

Le contenu de mes cours n’a en rien changé, par contre, la façon de l’enseigner oui !

J’ai mis en place un système de questionnement centré sur le débat et ai abandonné les questions fermées.

Pour ce faire, j’ai entre autres utilisé deux outils que vous pouvez consulter ci-dessous :

La question, outil de l’enseignant ? 

L'art de poser des questions 

Voici un éclairage pratique : je donne des cours sur la thématique de la e-réputation, du « personal branding » et des réseaux sociaux pour construire sa carrière.

Voici les résultats liés au changement de méthode pédagogique avec les étudiants :

AVANT AUJOURD’HUI
   
  • Présentation du cours et de l’intervenant
  • Qui est allé consulter mon profil sur internet ?
  • Qui m’a « Googlisé » ?
  • Quelles informations et quelle image avez-vous de moi ?
  • Pour compléter : présentation du cours et de l’intervenant
  • Présentation de la e-réputation, en demandant aux étudiants s’ils pouvaient me dire ce qu’est la e-réputation. Taux de réponse : 1 à 2
  • Qui gère sa e-réputation ?
  • Comment faites-vous pour gérer votre e-réputation ?
  • Utilisez-vous des outils spécifiques, lesquels ?
  • Est-ce important pour vous de surveiller votre e-réputation ?
  • Exercice pratique « se googliser » et analyser ce que l’on trouve sur soi.
  • Exercice pratique : aller sur Reputation VIP et analyser les résultats
  • Présentation théorique de ce qu’est la e-réputation.

Le résultat est sans appel : l’adaptation de la pédagogie et le passage en mode participatif, en ciblant les questions sur les besoins et intérêts des étudiants a généré plusieurs débats, avec bien souvent des échanges et divergences de point de vue entre étudiants (taux de participation de près de 1/3 de la classe pour les débats, puis 5 à 10 étudiants différents sur les questions et échanges de points de vue avec l’enseignant).

Les exercices où ils se « Googlisent » et vont sur ReputationVIP ont parfois un effet de douche froide, compte tenu des résultats qu’ils trouvent les concernant.

L’objectif est de les conscientiser de l’impact que ces informations peuvent avoir lors de leur recherche de stage.

Je me place également dans la posture du recruteur qui effectue ce type de recherche, avant entretien, et des conséquences sur la perception qu’un professionnel aura d’eux avant l’entretien.

L’objectif étant de les accompagner pour qu’ils adoptent un positionnement professionnel sur le Net, et non de les infantiliser en jouant sur les émotions telles que « peur » et « culpabilité ».

Afin d’impliquer les étudiants, il est important de les mettre en situation réelle, en utilisant les outils utilisés par les étudiants : les réseaux sociaux et internet dans sa globalité.

Le fait de créer un débat entre étudiants les implique également, le discours et la fréquence de communication étant identiques : on observe ici un effet d’écho lié aux modes de communication et d’interlocuteurs similaires, et non d’enseignant à étudiant.

Qui plus est, l’étudiant se sent acteur et donc considéré, compte tenu du fait qu’il peut exprimer librement son ressenti par rapport à une situation donnée.

De ce retour d’expérience, je soulignerais l’importance d’intégrer qu’ils « savent » et d’utiliser leurs connaissances pour créer de l’interaction, en établissant un rapport égalitaire entre l’enseignant et l’étudiant. Ils ont aussi bien des choses à nous apprendre...

Dernière modification le jeudi, 27 avril 2017