Démographie française en 2024
Naissances en baisse
663.000 enfants sont nés sen 2024, soit 2,2 % de moins qu’en 2023 et 21,5 % de moins qu ‘en 201,0 année du dernier pic des naissances dans notre pays. L’indicateur de fécondité a reculé à 1,62 enfant par femme. Il était de 1,68 en 2023 et n’a cessé de diminuer depuis 2010 où il s’élevait à 2,02 enfants par femme. L’age moyen du premier accouchement poursuit sa hausse pour atteindre 31,1 ans (vs 29,9 ans en 2010).
Les causes de cette tendance baissière sont multifactorielles : les Français sont moins enclins à fonder une famille et avoir des enfants par choix personnel pour des raisons économiques voire écologiques (la génération en age de procréer à connu trois crises en 15 ans, les effets du dérèglement climatique sont de plus en plus perceptibles, … )
Décès en hausse
646.000 personnes sont décédées en France en 2024, c’est 1,1 % de plus qu’en 2023. Cette progression, observée depuis 2011, est due à l’entrée à des ages de forte mortalité des premières générations du baby-boom (1946-1974). L’espérance de vie à la naissance est stable : 85,6 ans chez les femmes et 80 ans chez les hommes. L’espérance de vie à 60 ans est aussi historiquement élevée : 27,8 ans chez les femmes, et 23,7 ans chez les hommes.
Vieillissement de la population
Au 1er janvier 2025, 21,8 % de la population française a 65 ans ou plus. En nombre et en taux le nombre d’habitants de cette cette tranche d’age augmente depuis plus de 30 ans avec une accélération depuis le milieu des années 2010. Elle est liée au vieillissement des générations de « baby-boomers » (en 2025 les plus âgées auront 79 ans et les plus jeunes auront 51 ans). Au total, les personnes âgées d’au moins 75 ans représentent maintenant 10,7 % de la population alors que leur part de la population était de 8,0 % en 2005.
Solde Naturel au plus bas
En 2024, le solde naturel est minime: il est estimé à +17 000 (0,024%). En baisse depuis 2007 il atteint son plus faible niveau depuis 1945. C’est le solde migratoire (provisoirement estimé à 152.000 en 2024) qui permet la légère croissance de la population française.
Perspectives
Le solde naturel continue de baisser
Comme on l’a vu plus haut le nombre annuel de naissance ne cesse de diminuer depuis plus d’une décennie et cela va continuer d’après la projection (dénommée « Scenario 2024 ») qui est présentée dans l’article de l’INED publié fin mars 2025. Basé sur l’indice de fécondité de 2024, cette projection montre une poursuite de la baisse des naissances et de la hausses des décès le solde naturel sera négatif à partir de 2027 pour atteindre -256.000 vers 2060 avant de se stabiliser.
La hausse des décès est causée par les générations du baby-boom qui arrivent à des ages élevés. En revanche, les naissances augmentent faiblement au cours des deux prochaines décennies en raison de l’arrivée aux ages de procréer des générations encore nombreuses nées entre 2005 et 2015.
La population augmente pendant encore deux décennies
Bien que le solde naturel soit bientôt négatif, le scénario 2024 prévoit une hausse de la population qui plafonnera à 70 millions dans les années 2040. Le solde migratoire compense l’insuffisante fécondité et le tassement de la progression de l’espérance de vie. La population française diminuera ensuite pour atteindre 68 millions d’habitants en 2070.
Impacts socio-économiques
Évolution de pyramide des ages et solidarité intergénérationnelle
En 1975 la pyramide des ages française avait une base large résultant du baby-boom. Cinquante ans après cette base a rétréci par l’effet de l’érosion de la natalité des quinze dernières années ce qui réduit le nombre de jeunes de 0 à 15 qui sont le « réservoir » de la population future. Pendant ce temps, les enfants du baby-boom ont vieilli, ce qui élargit le sommet de la pyramide.
Dans la figure ci dessous on peut voir la simulation de la pyramide des ages française en 2070 comparée à ce qu’elle est en 2025. Les habitants de 70 ans et plus augmentent en nombre et en part de la population alors que les personnes de moins de 65 ans diminuent en nombre comme en proportion.

Pyramides des ages de la France en 2025 et en 2070 (INED « Scenario 2024 »)
Sans préjuger de choix politiques futurs, il apparaît que cette transformation démographique pose un défi majeur pour la soutenabilité des systèmes de retraite par répartition actuels à cause de la forte baisse du ratio cotisants / retraités. Parallèlement, la prise en charge collective des frais de santé risque aussi d’être déstabilisée à cause l’accroissement du coût des soins qui augmentent avec l’age.
Population active
L’inévitable diminution de la population active devraient inciter les entreprises à tirer parti de connaissances et technologies nouvelles, notamment dans l’automatisation mécanique ou numérique et dans l’organisation du travail, afin assurer la production des biens et services avec une productivité suffisante. Cela dit, gardons à l’esprit que tous les métiers ne sont pas « robotisables » et que l’« intelligence » artificielle (IA) n’est pas une panacée universelle
Il ne serait donc pas inutile de réviser et élargir les condition d’accès à l’apprentissage et à la reconversion tout au long de la vie, soutenir la main-d’œuvre multigénérationnelle et créer des possibilités de prolonger la vie active pour ceux qui peuvent et veulent continuer à travailler à plein temps ou dans un (des) dispositif(s) emploi-retraite acceptés par les partenaires sociaux.
En complément de ces mesures, l’immigration peut être un atout plutôt qu’un problème (comme on l’a vu au Canada et dans plusieurs pays de l’Union Européenne) à condition que l’intégration des migrants en soit le fil conducteur.
Le grand âge : un défi à moyen terme
Le vieillissement de la population va se traduire par un augmentation du nombre de français de 75 à 84 ans qui seront 6,1 millions en 2030. Dans la décennie suivante le nombre d’habitants de plus de 85 ans augmentera de 50 %. Ce « tsunami » démographique va se traduire par d’importants besoins en logement adapté (60.000 places en EPHAD, 215.000 places en hébergement alternatif) ainsi qu’en en service à la personne (400.000 emplois).
En conclusion
L’évolution de la population française jusqu’en 2040 résultera majoritairement de croissance passée et des données démographiques actuelles. A plus long terme des variations de l’indice de fécondité comme du solde migratoire peuvent atténuer ou accentuer la tendance la baisse du nombre d’habitants. Quoi qu’il en soit les effets sociaux, économiques et financiers de l’inéluctable vieillissement de la population comme plus que probable la baisse du nombre d’actifs doivent être anticipés sans délais avec pragmatisme et sans préjugés idéologiques.
Xavier DROUET
https://hommesetsciences.fr/la-france-fait-moins-denfants-sa-population-va-t-elle-de-diminuer/
Références
La population de la France va-t-elle diminuer ? – Gilles Pison et Laurent Toulemon – Population & Sociétés N° 631 (mars 2025)
Bilan démographique 2024 – Hélène Thélot – INSEE Première N° 2033 (janvier 2025)
Le grand vieillissement – Maxime Sbaihi – Éditions de l’Observatoire (2024)
Vieillissement de la société française : Réalité et conséquences – Haut-commissariat au Plan (février 2023)