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interview Le Monde du 11 octobre 2012 - Le projet se dessine. Vincent Peillon engage une refondation radicale mais conscient des obstacles internes il adopte une stratégie de mutation à court moyen et long terme.

Le problème majeur est sans doute celui de la remise en question d’un système de sélection élitaire que n’a jamais cessé d’être l’éducation nationale dans ses gènes et ses paradigmes. Un symptôme crucial est celui des identités disciplinaires qualifié de chiffon rouge, à ne pas toucher directement.

A long terme il s’agit d’un changement de mentalités, changement de Sens, changement de culture qui dépasse l’éducation nationale et s’inscrit dans une perspective historique. Sans le développer Vincent Peillon évoque discrètement les principes fondamentaux de sa refondation. Il perçoit sans doute le manque de compréhension sur ces dimensions fondamentales. Aucune discussion de fond publique n’a été engagée et cela reste dans le non dit.

A moyen terme des dispositions institutionnelles majeures vont bouleverser le système éducatif.

L’école du professorat et de l’éducation qui va contribuer à refonder radicalement et diversifier les métiers de l’éducation (ouverture septembre 2013 formation en alternance).

Une instance d’élaboration des programmes placée auprès du premier ministre donc hors de l’éducation nationale. Les programmes et contenus vont changer affirme-t-il

Une instance d’évaluation de l’école, indépendante de l’Education Nationale

Un Institut des hautes études de l’éducation nationale qui concerne toute la nation pour lui faire partager les problèmes de fond qui restent dans l’obscurité pour le plus grand nombre

En outre un plan à 5 ans de développement du numérique avec notamment :

La formation des enseignants, la création d’une industrie des contenus pédagogiques en ligne, la création d’un service public d’aide aux devoirs pour le secondaire.

A court terme le lancement de multiples chantiers :

Effectifs (primaire) et rythmes scolaires (sauf annuels),

Les devoirs à l’école comme le périéducatif avec la participation des acteurs locaux régionaux notamment.

Aides aux territoires en difficulté mais remise en cause des zones prioritaires

Et, dans un second temps : programmes, métiers, rythme annuel, baccalauréat, éducation artistique, morale,

A mon avis un programme intelligent, lucide, volontaire, déterminé. Mais une lacune sur la prospective en rapport avec la mutation du monde actuel et une vision un peu faible du numérique. Elle est compensée par le souci de favoriser expérimentations et innovations par la base. Il prend les moyens d’attaquer de l’intérieur les murs de la forteresse assiégée dont chacun sait qu’il n’ont pas beaucoup d’oreille.

Nifle Roger

69 ans chercheur indépendant.

Fondateur de l’Humanisme Méthodologique

Auteur du livre "Le Sens du bien commun" éditions du Temps Présent. Travaille sur la prospective d’une mutation, sur les plans politique, économique, éducatif, celui de la gouvernance communautaire, du développement approprié etc. sous l’angle d’un humanisme radical à contre courant des anti-humanismes contemporains.