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En réponse à Pierre Frackowiak - La situation est comme un noeud gordien et semble inextricable. Pour la démêler voici quelques repères.

1 - Les enjeux d’une refondation et la cohérence de tous ses aspects

La visée de l’accomplissement de l’humanité en quatre étapes :

- L’accueil dans la cité des hommes par l’apprentissage des relations proprement humaines (le propre et la propreté) avec l’école maternelle (micro-locale) et autres institutions spécialisées (ré-éducatives)

- L’engagement des individus dans les communautés de vie, d’enjeux, d’activités, aux différentes échelles. Développement social et professionnel par l’école de la vie ou école pratique du primaire au supérieur ; locale et à toutes les échelles.

- La connaissance appropriée du monde, des phénomènes et des enjeux humains par l’université et ses multiples sites (matériels ou virtuels) pour tous les publics.

- L’accomplissement humain avec la maîtrise de soi ou liberté responsable par l’école de la maîtrise et des responsabilités à tous les niveaux. (La formation des maîtres passe aussi par là)

Note : Le « libéralisme spirituel » (réhabilité par « Une religion pour la République » de Vincent Peillon) en est un fondement possible à débattre (mais où ?)

Les projets de refondation de l’école semblent cohérents avec cette vision, une fois débarrassés de la gangue des interprétations et des prudences.

2 - Les obstacles à la refondation

Trois conceptions sont à l’oeuvre qui refusent au fond la logique précédente. Ce sont trois logiques ou paradigmes dont les tenants dénoncent tout ce qui ne les conforte pas. Pas de refondation pour eux, seulement permissivité ou restauration.

21 - Le modèle rationaliste avec ses trois piliers

  • Le pouvoir : l’Etat centralisé sous l’égide de la Raison supérieure, source légitime du pouvoir avec la constitutions de corps ou castes associés, source légitime du droit avec l’édiction des normes, règles et lois.
  • Le savoir : production et transmission selon les cadres et catégories établis ou disciplines, sous le contrôle de l’Etat et selon les vues scientistes
  • Le faire : encadrement de la société civile sous tutelle donc mineure, sélection et formatage des élites selon ses critères (élites du pouvoir d’Etat et élites du savoir), institution des écoles de sélection et de (re-)production des élites

Note : l’exercice de la raison n’est pas le rationalisme qui est un réductionnisme

22 - La guerre de religion avec ses trois postures

  • La diabolisation de l’altérité : assimilation de tout « libéralisme » à un projet diabolique d’aliénation et de paupérisation, donc de soumission des peuples par la menace ou la séduction.
  • La sanctification de la lutte : construction et défense de forteresses assiégées, mentales, idéologiques et intellectuelles et aussi administratives, structurelles et statutaires.
  • La liturgie « républicaine » : dogmes, rites, incantations, anathèmes, gestion des langages et des consciences

Note : La république de combat n’est pas la république démocratique

23 - La religion naturelle de l’individu (libertaire)

  • L’émancipation de l’individu de toute autorité communautaire (famille etc.) ou liberté conquise
  • La revendication des droits naturels ou liberté de jouissance.
  • L’exonération des responsabilités ou liberté de comportements

Ces trois logiques sont facilement repérables et leurs refus réciproques aussi. Pour une refondation il faut creuser et rebâtir à neuf en utilisant des matériaux existants ou tout à fait nouveaux, inventés ou importés.

Nifle Roger

69 ans chercheur indépendant.

Fondateur de l’Humanisme Méthodologique

Auteur du livre "Le Sens du bien commun" éditions du Temps Présent. Travaille sur la prospective d’une mutation, sur les plans politique, économique, éducatif, celui de la gouvernance communautaire, du développement approprié etc. sous l’angle d’un humanisme radical à contre courant des anti-humanismes contemporains.