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Laurène a été candidate et retenue pour passer le test de "la piscine" de l’école 42 crée par Xavier Niels. Suivons l’aventure par la lecture de cet article ...de quoi réfléchir sur les concepts de construction de "confiance en soi" de "compétitivité" et de "solidarité". Si vous n’avez pas suivi les chroniques des jours précédents voici le lien vers l’article.
JOUR 5 :
Journée forte en émotions !
J’étais déjà en train de me noyer dans le C et de subir à nouveau une baisse de moral qu’un événement a chamboulé ma journée : lors des corrections par les pairs, un voisin de mon correcteur a compris (à ma façon d’expliquer/justifier une fonction utilisée dans un de mes exercices) que j’avais triché…
[La notion de tricher n’est pas à entendre au sens traditionnel : à 42, on a le droit d’aller sur internet, de discuter et de réfléchir à plusieurs. MAIS, même si on est censé brainstormer en groupe, il faut quand même être capable de refaire les exercices seul (il ne suffit pas de comprendre, il faut savoir refaire ; on a tendance à confondre) et évidemment, il m’est arrivé que, pour des exercices, des nageurs voisins trouvent des solutions que je n’avais pas et que j’ai réutilisées sans vraiment les maîtriser… Lorsque, lors d’une correction, un noteur s’aperçoit qu’un noté n’est pas capable de justifier un exercice, alors ça doit être considéré comme un cas de triche et il doit lui attribuer la note de -42].
… et est allé, alors que cela ne le regardait/concernait pas, reporter au staff que… je trichais o_O Donc gros coup de pression pour moi, puisque un membre du staff est venu me voir pour me le signifier et me dire que j’avais donc la note de -42 pour la journée. C’est la règle et je respecte, je ne conteste pas la punition mais quand un nageur corrige un « tricheur », il lui met simplement -42, rien n’exige qu’il doive le dénoncer… D’un naturel sensible et émotif, j’ai mal vécu ce que j’ai subi comme une délation, quasi publique, puisque très vite la rumeur a fait son chemin dans la salle. J’ai été choquée à l’idée que des nageurs essaient sans scrupule d’en faire couler d’autres. La goute d’eau qui a fait débordé la piscine c’est que j’ai entendu dire qu’on aurait dit que quelqu’un aurait reporté que j’étais « trop jolie pour programmer » (pour répondre à certains commentaires, voilà un exemple typique) et donc que c’était déjà, de fait, « suspect »…
Avec le stress et la fatigue accumulés, (plus le fait que pas mal de nageurs se sont préoccupés de la situation, à qui je devais raconter ce qui m’étais arrivé), j’ai senti que j’allais craquer : j’ai dû sortir pour pleurer loin des regards. Je suis restée un moment à l’extérieur du bâtiment à me répéter que je n’étais pas capable de résister à ça, ni de gérer la suite de la journée ; ce qui forcément allait entraîner un retard dans mes exercices et mes acquisitions. Je paniquais et j’allais abandonner. Je n’avais plus pied.
Après qu’une nageuse amie m’ait descendu mes affaires (j’étais incapable de remonter et de devoir expliquer à mon groupe que je voulais partir et leur dire au revoir, parce que comme quoi, on s’attache très vite ici), je me suis dirigée vers l’accueil et ai demandé la procédure à suivre en cas d’abandon. Je me suis donc entretenu à l’écart avec un des moniteurs pédagogiques. J’avais du mal à retenir les pleurs mais on a parlé quand même un long moment, durant lequel le moniteur a tout fait pour me convaincre de rester. J’étais très décidée à partir mais j’ai été très touchée par l’implication et l’amitié de l’équipe pédagogique. Il m’a proposé de rentrer chez moi pour me reposer, de bien réfléchir avant de prendre une décision et de revenir le lendemain. Ce que j’ai accepté.
En sortant du bâtiment, un nageur ami était là. On parle quelques minutes et il arrive à me faire rire et à me détendre. Sur le coup, me sentant triste de partir, déçue d’abandonner, je suis… remontée dans la salle avec lui. Je n’ai donc pas abandonné et j’ai repris ma place. Comme d’habitude, ça m’a servi de leçon : il faut savoir perdre mais jamais se dire que la Terre s’arrête de tourner à cause d’un c******. J’ai été émue par la solidarité des nageurs qui s’est créée autour de moi et de mon cas, eux aussi un peu abasourdis par l’attitude du nageur dénonciateur. J’ai donc passé l’exam machine (tous les vendredis) : exam de 4h, corrigé par la Moulinette, sans possibilité d’aller sur internet, d’avoir ses notes sous les yeux, ni de discuter avec les autres. J’avais du mal à me concentrer mais c’est passé et c’est pas grave. Chaque jour est une victoire et on verra demain.
JOUR 6 :
Avant toute chose, je tiens à remercier tout le monde pour tous les chaleureux messages d’encouragement que j’ai reçus. Tout est allé beaucoup mieux : j’ai progressé en C et j’ai gardé le sourire toute la journée. Premier jour du premier weekend aujourd’hui, et comme tous les weekends de la piscine, on doit passer une « colle ». C’est un projet à faire en groupe (imposé) de 4 nageurs. On passe ensuite une soutenance le lundi ou le mardi : il faut choisir un créneau. Dans mon groupe de 4, un a abandonné et un autre nous a dit qu’il voulait abandonner… Autrement dit, on est 2. Ce qui est intéressant dans cet exercice, c’est que lors de la soutenance le nageur qui a le plus de difficultés à expliquer l’exercice ou à répondre aux questions reçoit la note ; et cette note devient la note du groupe. Ca oblige les moins bons à ne pas se reposer sur les autres pour ne pas prendre le risque de pénaliser le groupe, et les plus forts à faire en sorte d’être pédagogues et de bien expliquer les exercices pour ne pas être pénalisés eux-mêmes. C’est la magie du peer-to-peer. Ca engage plus de responsabilité et ça nous force à comprendre les exercices. Question pédagogie, c’est idéal.
JOUR 7 :
Je crois que ça a fait bizarre à beaucoup de nageurs d’être là un dimanche… Tout le monde a nagé moins vite !
Ca fait maintenant une semaine que je suis à la piscine et j’ai l’impression de connaître certains nageurs depuis des semaines. Des amitiés se sont nouées très vite un peu partout. Seuls quelques cas très isolés font encore le voyage en solitaire. Et ce n’est pas ceux qui s’en sortent (sauf si doués au départ). C’est ce qui est arrivé à une fille il y a deux jours je crois. Elle est partie après s’être fait railler par des nageurs qui essaient (par tous les moyens on dirait) de couler les étrangers à leurs mondes. Leurs aliens à eux. Finalement, on est tous l’alien de quelqu’un ici… C’est ce qui me fait penser que les nageurs se regroupent en catégories :
- les vrais geeks,
- les scolaires/sérieux/qui prennent de l’avance,
- ceux qui se disent qu’ils vont devenir riches,
- les nageurs qui ne savent pas ce qu’ils font là,
- les noyés,
- ceux qui recherchent des opportunités de business (en gros ceux qui partent à la pêche aux devs),
etc.
Finalement, en dehors des capacités de chacun, j’ai l’impression que la réussite à la piscine tient largement de la qualité (sociale, variée et technique) de l’équipe de laquelle on s’entoure.
Maintenant que j’ai fait de tour de ce à quoi ressemble une semaine de piscine au niveau des activités pédagogiques, je vais commencer une série de billets sur les OFF. What happens in 42, stays in 42… et un peu sur cette page. Après avoir discuté avec pas mal de nageurs, je pense avoir assez de matière pour raconter ce qui se passe pendant la piscine en dehors des projets, des exams et des colles. Et il s’en passe des choses…
LA SUITE
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Dernière modification le jeudi, 16 octobre 2014
Laurissergues Michelle

Présidente et fondatrice de l’An@é, co-fondatrice d'Educavox et responsable éditoriale.