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Face au trop plein d’informations, dans une société atomisée, fractionnée et individualiste, les citoyens que nous sommes ont besoin de références et d’informations de base, sur lesquelles ils pourront faire leurs choix, affirme Roland CAYROL qui considère que "le journalisme est un élément fondamental de la vie citoyenne".

Et lorsqu’il définit le "vrai journalisme " aujourd’hui par la "volonté éthique de vérifier l’information, de la revérifier et de la livrer au public avec tous les éléments de critique possible, on devine combien l’immédiateté, le "temps réel" du numérique, rend le tri et la vérification de l’information difficiles et pour certains, superflus.

La fonction sociale du journaliste prend alors tout son sens dans cette société éclatée.

La vérité, l’éthique, l’honnêteté ne sont pas de vains mots dans le discours de Roland CAYROL, journaliste, chroniqueur, politologue, bien connu du public et dont le parcours reflète à bien des égards ces exigences intellectuelles. On peut en effet se souvenir de sa démission en 2011 du Conseil de surveillance de l’institut de sondages CSA qu’il a co-fondé en 2006 en raison d’un désaccord avec le groupe Bolloré, propriétaire depuis 2008 du CSA et qui souhaite en modifier les structures juridiques. Car estime-t-il, il n’a " reçu aucune garantie sur l’avenir de l’institut, ni sur son indépendance".

Dans un environnement économique où les groupes de presse manquent de moyens financiers, où les lobbies exercent de multiples pressions, est il si facile aujourd’hui d’être un journaliste de qualité ? Comment mettre en œuvre et garantir cette qualité ?

Se pose alors inévitablement le problème de la formation des journalistes ? Comment dans ce contexte très compétitif d’une société éclatée, doit on former les journalistes aujourd’hui ? La formation générale de base suffit-elle ?

En effet, tous les médias aujourd’hui, radio, télévision, presse écrite sont devenus des bi-médias avec une place de plus en plus grande sur le Web. Certains ont même franchi le pas en supprimant la publication papier, à l’exemple de Newsweek, ou ont été créés exclusivement dans une forme numérique, ce sont les pure players comme Rue89.

Comment ces techniques doivent elles pénétrer la formation des journalistes ? Est-ce devenu un "nouveau langage" ?

Pour Roland CAYROL, le journaliste est censé "posséder un savoir et doit être capable de le restituer de façon crédible, compréhensible, transmissible". A bien des égards la fonction noble de ce métier peut être rapprochée de celle de l’enseignant.

Car l’irruption du numérique dans la société, la place qu’il occupe aujourd’hui chez les jeunes, citoyens de demain, interpelle voire déstabilise tout autant le journaliste que l’enseignant par la rapidité de cette intrusion et la révolution des pratiques et des comportements que cela génère.

C’est évidemment par la formation des journalistes et des enseignants que l’on peut espérer rester maître de ces bouleversements.

Roland CAYROL est diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, licencié es-Lettres et en Droit , titulaire des diplômes d’Etudes Supérieures de Sciences Politiques et de Droit Public et d’un doctorat de 3ème cycle de Sciences Po. Ancien directeur des Etudes Politiques et d’Opinion à l’Institut Louis Harris France, il a été directeur général du groupe CSA. Directeur de Recherche à la Fondation Nationale de Sciences Politiques de Paris.(CEVIPOF.) il collabore régulièrement aujourd’hui à de nombreux médias, dont Radio France, France Télévision et France 5, LCI, I-Télé et BFM-Télé. Auteur de très nombreux ouvrages il est également directeur de collections aux éditions Calmann-Lévy.

Il a bien voulu accepter cette interview pour Educavox à l’occasion des "rendez-vous d’Aqui.fr" dont le thème était cette année : Smart Médias et renaissance du Journalisme.

Dernière modification le vendredi, 29 janvier 2016
Tran Claude

Agenais de naissance Claude TRAN a été professeur de Sciences Physiques en Lycée, chargé de cours en Ecole d’Ingénieur, Inspecteur pédagogique au Maroc, chef d’établissement en Algérie comme proviseur du lycée français d’Oran ; en Aquitaine il dirigera les lycées Maine de Biran de Bergerac, Charles Despiau de Mont de Marsan et Victor Louis de Talence. Il a été tour à tour auteur de manuels scolaires, cofondateur de l’Université Sénonaise pour Tous, président de Greta, membre du conseil d’administration de l’AROEVEN, responsable syndical au SNPDEN, formateur IUFM et MAFPEN, expert lycée numérique au Conseil Régional d’Aquitaine, puis administrateurà l'An@é, actuellement administrateur Inversons la classe, journaliste à ToutEduc, chroniqueur à Ludomag.