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Cela fait des années que le lycée professionnel est au centre des préoccupations politiques.Il n'a cessé d'être remis en chantier quelle que soit la coloration des gouvernements successifs qui ont toujours pour objectif de revaloriser cette voie.

L'enseignement professionnel n'est pas né, à la fin des années 1930, d'un projet politique fortement structuré, mais d'un besoin accéléré  de main d'oeuvre pour les industries de guerre.

Un demi-siècle plus tard, c'est la gauche qui, en 1985, crée le baccalauréat professionnel, c'est  Jean-Luc MELANCHON, alors ministre qui expérimente en 2001 le rapprochement entre le  lycée professionnel et l'apprentissage en lançant le label "Lycée des métiers" Mais c'est ensuite la droite qui généralise le cursus de trois ans contre quatre auparavant pour le baccalauréat professionnel et ouvre l'accès des BTS aux bacheliers. Vincent PEILLON poursuit cette politique en créant, en 2013 les" campus des métiers" qui deviendront avec Jean-Michel BLANQUER des "campus d'"excellence".

A chaque fois, ces initiatives portent la même ambition: mettre en réseau tous les niveaux de formation professionnelle pour offrir une évolution ascendante aux élèves. Cependant, quelque chose de nouveau apparait aujourd'hui: le rapprochement du ministère de l'éducation et celui du travail, en germe depuis la loi sur la formation professionnelle de 2008 est désormais acté.

Le président de la République souhaite en effet que " nos jeunes aillent plus vite et mieux vers le marché du travail".

Or, cet objectif semble être en contradiction avec l'ambition affiché par le système depuis de nombreuses années: conduire plus de jeunes vers des études supérieures. Va-t-on alors vers un changement de fond de cette logique ? Le gouvernement insiste sur l'augmentation du nombre d'apprentis mais oublie de dire que cette hausse est portée par l'enseignement supérieur, avec de plus en plus d'apprentis en alternance en BTS ou dans les licences professionnelles.

L'apprentissage fonctionne oui, mais à un certain niveau de diplôme.  Avant le bac, il peut mettre en difficulté beaucoup de jeunes qui ne trouvent pas de contrats, et même de nombreux enseignants non préparés à travailler avec des publics hétérogènes.. On imagine mal dans les cercles politiques, la complexité de l'accueil au sein d'un même établissement de publics aussi différents que des élèves sous statut scolaire et d'autres en apprentissage..

Le lycée professionnel ne doit plus être perçu comme une voie de relégation ; nous devons travailler aux freins réglementaires, budgétaires qui empêchent d'avancer. En particulier de revoir ce carcan temporel qui fait qu'en France, l'élève avance d'un an avec un programme donné. Pourquoi ne pas diversifier ces parcours? La jeunesse a besoin d'explorer, de faire des essais, d'étudier, parfois de travailler avant de revenir vers les études. Accompagner des parcours non linéaires serait peut-être aussi  une des voies pour limiter l'échec et le décrochage scolaire. Une manière aussi  de se donner de la souplesse, souplesse que cette jeunesse attend.

Dernière modification le vendredi, 23 septembre 2022
Figeac Patrick

Proviseur honoraire, bénévole à https://radiobastides.fr/ en Lot-et-Garonne, président d’une association intermédiaire par l’activité économique, auteur. Pour retrouver les chroniques et autres actualités : https://radiobastides.fr/