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Article initialement publié le 19 juin 2013 sur Brigitte Prof.

Bilan
À la fin de ma deuxième année d’utilisation de Twitter en classe, le temps est venu d’en faire le bilan. Tout d’abord, je réalise que relire le fil des tweets de notre classe, c’est comme faire un voyage dans le temps. Il est attendrissant de voir les premiers essais des élèves en septembre, alors qu’ils apprivoisent la lecture et l’écriture, mais aussi ce réseau social qui leur était inconnu avant. On y fait des découvertes en observant quels élèves sont les plus présents ainsi que leurs progrès en écriture. On se remémore de beaux moments et on y pose un regard différent qui permet de mieux comprendre la portée de cet outil pédagogique et ses nombreux atouts. Près de 1500 tweets plus tard, 509 abonnés dont 6 parents cette année et 75 abonnements, voici donc mes réflexions sur cette année qui s’achève.
Nous avons vécu de nouvelles expériences grâce à Twitter. Les élèves ont pu échanger avec une auteure et un illustrateur d’albums pour enfant, participer et remporter le premier prixdu Festival de Twittérature de Québec et faire partie du projet Écouter lire le monde. Ils ont échangé avec des élèves de la francophonie : Québec, Nouveau-Brunswick et plusieurs villes européennes. Ils ont également collaboré à l’écriture du Petit Chaperon rouge 2.0 avec neuf autres classes, et ont tweeté en lipogrammes avec le Défi L’eau sans « O ».
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Garder le cap pédagogique
Au-delà de ces projets, il y a le quotidien, les semaines plus intenses ou au contraire plus calmes, les surprises aussi quand certains parents, gens de l’éducation ou élèves d’autres classes nous envoient des photos, nous questionnent, nous encouragent. Cependant, plus les mois passent et plus je comprends qu’utiliser Twitter comme outil pédagogique, et non comme canal de diffusion, demande beaucoup de réflexion et de recherche.
Car il faut bien dire qu’envoyer des tweets sur la vie scolaire, des photos sur le vécu des élèves, ou prendre la parole sur le compte de la classe en tant qu’enseignante, c’est bien, mais je réalise que ces interventions permettent moins d’échanges valables pour la classe et servent mieux mes intérêts que ceux des élèves. À l’occasion, les abonnés aiment bien obtenir ce genre de nouvelles et les élèves sont heureux de capter leur attention, mais je tente de limiter cette pratique et de laisser la parole aux élèves car il s’agit bien de leur compte Twitter, et non du mien. J’utilise donc mon compte professionnel lorsque je veux prendre la parole dans le but de créer moins de confusion chez les abonnés, et plus souvent le blogue de la classe pour diffuser les bons coups et les différents projets.
Saisir et créer des opportunités
Le fait d’avoir mon compte Twitter professionnel est pour moi primordial. C’est là que je me tiens au courant des nouveautés en ce qui a trait aux #twittclasse(s) (ce mot-clic répertorie plusieurs informations intéressantes). Avec le temps, on apprend à connaître les enseignants qui tweetent avec leurs élèves et les échanges permettent souvent de planifier nos prochains pas avec notre classe.
Cette année, j’avais comme objectif de travailler les matières autres que le français avec ma classe. Heureusement, j’ai découvert les défis scientifiques et mathématiques d’Antoine Michel (@DefisSciences et @antoinevaleia). Voici les propos de cet enseignant français en GS et CP (équivalent de maternelle et 1re année) sur les défis qu’il a proposés :
Dans les deux types de défis j’ai cherché des situations ou l’interactivité de twitter amenait un plus dans les apprentissages et la coopération pour mener un projet ensemble dans le château des nombres et le compteur. Dans les défis scientifiques c’est plus de partager une expérience à plusieurs, résoudre un problème ensemble, voir qu’on trouvera les même solutions malgré l’éloignement.

Et je dois dire que c’est exactement ce que j’ai vécu avec mes élèves. Ils ont adoré faire le défi de la fonte des glaçons. La démarche était très bien présentée et ils ont pu vivre l’expérience tout en comparant leur résultat avec d’autres classes.
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Pour le défi #Devinombre, les élèves devaient eux-mêmes composer des devinettes pour faire trouver un nombre de 0 à 100 et offrir un choix de trois réponses fausses et une seule vraie. Cet exercice, qui peut sembler anodin, nous a permis d’avoir des discussions très intéressantes sur la communication en langage mathématique.
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Le défi #ChateauDesNombres, lui, a donné lieu a des échanges très sympathiques, non seulement entre les élèves, mais aussi les enseignants qui se demandaient bien comment les élèves réagiraient à la classe @lespetitsbelges et leur façon de nommer les nombres (puisque l’idée est venue d’enregistrer les questions des élèves). Il faut écouter la mignonne Charline, par exemple, et sa devinette pour comprendre la richesse des discussions qui ont suivi cette écoute en classe : « Brigitte, c’est quoi septante » ?;-)
(La liste des défis scientifiques de M. Michel sont disponibles iciet le défi mathématique du Château des nombres ici.)
Je mentionne aussi notre participation au désormais classique #objetsamoureux de Jean-Roch Masson et sa classe, la correspondance avec un lutin qui a élu domicile chez nous avant Noël et qui a amené les 10 classes de 1er cycle de mon école à ouvrir un compte Twitter. Également, des parents qui nous communiquent des informations ou des anecdotes. La beauté de Twitter, c’est qu’il n’y a pas de guide du maître. Il faut le vivre pour bien en comprendre sa valeur. C’est en se joignant aux multiples idées des enseignants des twittclasses (recensés ici), en saisissant les opportunités, mais aussi en étant proactif et en communiquant nos propres idées de productions et de projets que Twitter pourra faire du sens pour nous, et pour les élèves. Par exemple, cette petite situation d’écriture sur ce qu’est l’amour lors de la Saint-Valentin qui a suscité beaucoup d’intérêt chez mes élèves, et nos abonnés.
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Des conseils…
On me demande parfois des conseils sur l’utilisation de Twitter en classe. Avec la venue de plusieursnouvelles classes québécoises et franco-canadiennes qui s’ouvrent un compte, les interrogations sont multiples de la part des enseignants. Je suis loin de détenir toutes les réponses, étant avant tout une praticienne qui vit ses expériences au jour le jour en classe. Je mentionne cependant que la première étape, lorsqu’on ouvre un compte Twitter pour sa classe, est d’indiquer qui nous sommes, d’où nous venons et d’ajouter une image à son profil. Il peut s’agir de dessins d’enfants, d’une photo de la classe ou d’un objet qui représente bien celle-ci. Ainsi, les gens seront plus intéressés à nous suivre et nous connaître.
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Des erreurs, j’en ai faites et j’en ferai dans le futur. C’est inévitable. Heureusement je crois qu’avec le temps et les réflexions, on peut arriver à affiner notre pratique, à la condition de conserver un esprit critique envers celle-ci. Par exemple, certains élèves sont moins enclins à écrire sur Twitter. C’est une réalité à laquelle je m’ajuste en leur offrant d’autres alternatives. Il ne sert à rien, selon moi, de forcer un élève à y écrire s’il n’en ressent pas l’envie.
Plusieurs autres enseignants font une utilisation très intéressante de Twitter, documentent leur expérience, et ont une longueur d’avance sur moi. Mentionnons les travaux de Nathalie Couzon qui s’intéresse beaucoup à la twittérature et qui a réalisé deux excellents clips dans lesquels Marie-Ève Gauron, enseignante de 5e année de l’école Saint-Coeur de Marie, nous parle de son utilisation de Twitter et du projet Québec-France. Ses élèves nous livrent aussi leurs impressions.
Dernière modification le vendredi, 22 avril 2016
Léonard Brigitte

Je suis enseignante de 1er cycle au niveau primaire. Passionnée surtout par les enfants, je tente d’offrir à chacun la chance de s’exprimer et de vivre des expériences d’apprentissage et de création authentiques à l’école, à l’aide des outils technologiques.