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Les supports numériques sont soumis aux mutations technologiques et évoluent très rapidement sans enracinement dans l’économie. Le numérique a incontestablement transformé la production et l’échange des savoirs et des biens culturels. Pourtant, des tablettes au tout nouveau papier numérique, on assiste à une convergence des supports et c’est le contenu qui devient primordial.

La primauté des contenus

Après avoir focalisé notre attention sur ces supports, au gré des innovations technologiques, ainsi que  sur leur accessibilité, nous devons considérer plus fortement les éléments dont ils sont les vecteurs car ce sont précisément ces éléments qui  sont objet d’apprentissage et de culture au sens le plus large du terme.

Ce n’est pas nouveau et nous avons déjà, ici, dit et écrit que le numérique n’est pas un outil mais un écosystème aux interactions multiples. Nous avons déjà dit combien la culture numérique modifie notre appréhension du temps et de l’espace, il nous reste à mieux cerner et mieux définir la matière intellectuelle que nous voulons véhiculer, apprendre, transmettre (ce mot là ne doit pas être tabou même au temps de la coconstruction et de la coéducation).

Nous vivons dans un écosystème où tout se dématérialise, complexe dynamique dont les éléments agissent en interaction en tant qu’unité fonctionnelle. Ces évolutions bouleversent les relations politiques, économiques, industrielles, culturelles et en conséquence, le domaine de l’éducation.

Educavox : écosystème numérique

Ainsi, par exemple, le monde éditorial ne survivra qu’en proposant des contenus de qualité, indépendants des outils qui ne peuvent être que des facilitateurs. Il ne faut pas nier que  la forme peut aussi influencer le contenu et, si la question n’est pas nouvelle, la vigilance est de mise pour éviter trop d’utilisations restrictives ou parasites.

Qui plus est, seule notre conscience de l’importance des contenus et notre appropriation des éléments qui sont constitutifs d’une culture commune, nous permettront d’éviter les pièges tendus par  l’imposition à but commerciale ou idéologique de contenus préfabriqués et ciblés à grand coup de données (data) analysées à cet effet.

La cruciale quête de sens

L’actualité de cet automne met le focus sur les  inégalités toujours plus criantes : inégalités scolaires, inégalités sociales, inégalités culturelles, inégalités des territoires, inégalités dont on peut craindre que le numérique les aggrave. Des inégalités qui se conjuguent pour créer tous les dangers puisqu’elles mettent en péril la croissance économique et la cohésion nationale et sociale. La compréhension de ce phénomène est un sujet  dont la presse et l’édition se font largement l’écho : publication de Thomas Picketi, de François Dubet, rapport CNESCO. La tendance est mondiale et le moment propice sur fond d’élections présidentielles en France et aux Etats Unis : le message nous est directement adressé mais  pour que les politiques s’en saisissent.

Rapport CNESCO : http://www.cnesco.fr/

Educavox Débats : « Comment l’école amplifie-t-elle les inégalités sociales et migratoires »

Parallèlement, nous assistons à une recomposition mondiale des liens entre les territoires et à une réorganisation de ceux-ci pour tenir compte des avancées du numérique dans une économie liée à lui pour 60%. Cette économie, toute occupée à la production de richesses, ne s’est pas encore réellement penchée sur une redistribution de celles-ci compatible avec l’indispensable solidarité entre les territoires, les générations, les couches sociales

En prise aux mutations qu’elle subit, c’est la société toute entière qui est en quête de sens commun. La tendance est grande du repli, sur soi d’abord, car dans un monde connecté la connexion est avant tout individuelle, sur le territoire ensuite, puisque la tentation est grande de rechercher la solution là où l’on est plutôt que là où elle est, sur l’entre soi enfin et parfois même jusqu’au communautaire.

...La vraie question derrière tout cela c'est quelle société on veut, quels moyens on est prêt a engager...et surtout comment on essaye de le faire tous ensemble.

Entretien d’Emmanuel Davidenkoff réalisé par Claude Tran pour Educavox : AFEV : le numérique contre les inégalités éducatives

Il est, alors, difficile de sortir les problèmes de l’école de ce contexte social et politique.

Le retour des contenus, du sens, de l’humain, des vrais questionnements avec les possibilités du numérique confortent notre volonté d’exercer  notre rôle de proposition et d’influence auprès des décideurs, des enseignants, des élus, des personnels d’encadrement en sachant que notre  force réside dans notre capacité à créer une communauté.

Jacques Puyou

Secrétaire national An@é

www.acteurs-ecoles.fr

Dernière modification le lundi, 28 novembre 2016
Puyou Jacques

Professeur agrégé de mathématiques - Secrétaire national de l’An@é