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UNESCO : L’éducation doit évoluer pour atteindre les objectifs mondiaux de développement - Paris, 2 septembre- Le nouveau Rapport mondial de suivi sur l'éducation (GEM) de l’UNESCO montre le pouvoir que détient l’éducation pour favoriser les progrès de tous les objectifs mondiaux (ODD) visés dans le nouveau Programme de développement durable à l'horizon 2030. Il montre également que l’éducation doit se transformer radicalement pour réaliser ce potentiel et relever les défis auxquels l’humanité et la planète sont actuellement confrontées.

Il est urgent d’accélérer les progrès dans le domaine de l’éducation. Au rythme actuel, le monde parviendra à un enseignement primaire universel en 2042, à un enseignement secondaire du premier cycle universel en 2059 et secondaire du second cycle universel en 2084, ce qui voudrait dire qu’il aurait un demi-siècle de retard par rapport à la date butoir de 2030 fixée pour la réalisation des ODD.

Le Rapport, intitulé L’éducation au service des peuples et de la planète, montre à quel point il est nécessaire que les systèmes éducatifs prêtent davantage attention aux préoccupations environnementales. Si, dans la majorité des pays, l’éducation est le meilleur indicateur de la sensibilité à la question du changement climatique, les programmes scolaires de la moitié des pays du monde ne mentionnent pas explicitement le changement climatique dans leur contenu. Dans les pays de l’OCDE, près de 40 % des élèves de 15 ans n’ont que des connaissances élémentaires des problématiques environnementales.

« Nous devons changer radicalement la façon dont nous envisageons le rôle de l’éducation dans le développement mondial, car elle joue le rôle de catalyseur pour le bien-être des individus et l’avenir de notre planète », a déclaré la Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova. « Aujourd’hui plus que jamais, l’éducation a la responsabilité d’être en phase avec les défis et aspirations du XXIsiècle et de favoriser les types de valeurs et de compétences propices à une croissance durable et inclusive et à une cohabitation pacifique des peuples ».

Les systèmes éducatifs doivent veiller à protéger les cultures minoritaires et leurs langues, qui contiennent des informations essentielles sur le fonctionnement des écosystèmes. Or, le Rapport montre que 40 % de la population mondiale suit un enseignement dans une langue qu’elle ne comprend pas.

Les systèmes éducatifs doivent veiller à donner aux gens les compétences et connaissances essentielles susceptibles de faciliter la transition vers des industries plus vertes et trouver de nouvelles solutions aux problèmes environnementaux, ce qui suppose que l’éducation se poursuive en dehors des murs de l’école, au sein des communautés et au travail, tout au long de l’âge adulte. Or, deux tiers des adultes ne possèdent pas de compétences financières élémentaires ; seuls 6 % des adultes des pays les plus pauvres participent à des programmes d’alphabétisation.

« Si nous voulons une planète plus verte, et un avenir durable pour tous, nous devons exiger plus de nos systèmes éducatifs qu’une simple transmission de connaissances. Il faut que nos écoles et nos programmes d’apprentissage tout au long de la vie insistent sur les démarches économiques, environnementales et sociales qui contribuent à l’épanouissement de citoyens autonomes, doués de sens critique, conscients des questions de leur temps et compétents », a déclaré Aaron Benavot, Directeur du Rapport GEM.

Il est urgent également que les systèmes éducatifs transmettent des compétences de meilleure qualité, qui correspondent aux besoins d’économies en expansion où la panoplie des compétences professionnelles évolue rapidement, nombre d’entre elles étant automatisées. Au rythme actuel, en 2020, on enregistrera un déficit de 40 millions de travailleurs ayant une formation tertiaire par rapport à la demande. Le Rapport montre que ce changement est crucial : parvenir à un enseignement secondaire du second cycle universel en 2030 dans les pays à faible revenu permettrait d’arracher à la pauvreté 60 millions de personnes d’ici à 2050.

Les inégalités en matière d’éducation, couplées à des disparités plus larges, augmentent le risque de violence et de conflit. Dans 22 pays d’Afrique subsaharienne, les régions dans lesquelles le niveau d’instruction moyen est très bas ont 50% de risque de connaître un conflit dans les 21 ans. Le Rapport invite les gouvernements à commencer à prendre au sérieux les inégalités en matière d’éducation et à les recenser en recueillant les informations directement auprès des familles.

Le Rapport souligne que le nouveau programme mondial de développement recommande que les ministres de l’éducation et autres acteurs de l’éducation travaillent en collaboration avec d’autres secteurs. Il énumère plusieurs avantages qui pourraient être tirés de cette façon d’agir, notamment :

  • les interventions sanitaires pourraient être proposées à l’école : selon une estimation, offrir des traitements simples tels que des comprimés de micronutriments à l’école coûte dix fois moins cher que la même opération par le biais d’unités médicales mobiles ;
  • les fermes-écoles pourraient contribuer à accroître les rendements agricoles de 12 %, ce qui conduirait à une augmentation durable de la production alimentaire ;
  • offrir aux mères un enseignement secondaire du premier cycle en Afrique subsaharienne d’ici 2030 pourrait empêcher le décès de 3,5 millions d’enfants entre 2050 et 2060.

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Dernière modification le vendredi, 08 décembre 2017
An@é

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