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Mobilisons l'École pour les valeurs de la République : discours de Najat Vallaud-Belkacem en réunion des recteurs
Notre pays vit une situation d’une gravité exceptionnelle et je veux en notre nom à tous vous remercier de votre présence monsieur le Premier ministre et témoigner de l’émotion et de la solidarité de l’ensemble de la communauté éducative vis-à-vis des victimes, de leurs proches, en pensant à chacun et à chacune d’entre eux : journalistes et dessinateurs de presse, policiers, concitoyens de confession juive.
 
Les attentats barbares ont frappé le cœur de notre République en visant ses valeurs essentielles. Ils ont suscité en réaction la réponse déterminée de toutes les forces du pays et de l’immense majorité de nos concitoyens qui ont manifesté de manière éclatante leur attachement à la Liberté, l’Égalité, la Fraternité, qui ont soutenu la force du droit, les policiers et gendarmes qui garantissent l’exercice de nos libertés fondamentales, et refusé la logique de peur de l’obscurantisme en revendiquant avec force l’appartenance de tous, quelles que soient les origines, les cultures ou les croyances, à la communauté nationale.
Il nous appartient maintenant de prolonger cette réaction, de transformer l’émotion en force d’action, car ce défi appelle des réponses de fond, durables et à la hauteur des enjeux. Il nous revient d’opposer nos valeurs à la violence, au moyen en particulier de "l’arme la plus puissante pour changer le monde", selon la belle formule de Nelson Mandela : l’éducation.
 
Nous devons aussi avoir collectivement le courage, en refusant la facilité polémique, d’analyser la situation en face, de décrire les dérives qui ont fragilisé le projet républicain, y compris à l’école.
Oui, la forme de délitement du lien social au cours des trente dernières années de crise économique et sociale n’a pas épargné l’école.

Oui, le sentiment de désespérance, l’accroissement des inégalités et de la prévalence du déterminisme social, l’incapacité collective à prévenir le décrochage scolaire endémique d’une partie de notre jeunesse, ont entamé la mission d’égalité de l’école.

Oui, les discriminations, l’écart entre les valeurs affichées et les réalités vécues, les replis identitaires, les velléités communautaristes, les logiques d’entre soi ont parfois affaibli son ambition de fraternité. Comment transmettre le vivre-ensemble quand les élèves ne font plus l’expérience de la mixité sociale au sein des écoles et des établissements ? La remise en cause de la place de l’école dans la société, une forme de relativisme ambiant ont contribué à une perte de repères plus globale, interrogeant le sens de l’engagement de la communauté éducative et de ses personnels.
 
Ces constats ne sont pas nouveaux, qui interrogent la place et les missions de l’école dans le projet républicain. L’école est loin d’en être seule responsable. Elle n’est ni la cause de tous les maux, ni le remède à toutes les difficultés de la société. Elle subit des évolutions sociales et sociétales plus larges tout en cristallisant trop souvent leurs enjeux. Mais de la même manière que l’école n’a pas été étanche aux dérives de notre société, elle doit être un levier d’un redressement collectif qui excède son intervention.
 
Évidemment, nous n’avons pas attendu les évènements dramatiques des derniers jours pour poser ces constats et y apporter des réponses...Lire l'article sur le site education.gouv.fr
Dernière modification le dimanche, 15 mars 2015
An@é

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