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L’audit de l’ONISEP[1] prévu en 2026 par la Cour des comptes intervient dans un contexte particulièrement tendu : départ de la directrice générale Frédérique Alexandre-Bailly en septembre, nomination d’un successeur en attente, et gouvernement fragilisé peinant à prendre des décisions raisonnées sur l’avenir des opérateurs publics.

Un calendrier qui ne doit rien au hasard

2026 : l’année de tous les dangers

Il faut remarquer d’emblée que la date de 2026 n’a pas été choisie par hasard. Elle coïncide avec plusieurs échéances cruciales pour l’écosystème de l’orientation. La plateforme Avenir(s) aura alors deux ans d’existence, suffisamment pour être évaluée mais insuffisamment pour avoir démontré son efficacité pédagogique à long terme.

Évaluer Avenir(s) en 2026, soit seulement un an après son déploiement généralisé, relève de la mission impossible. Aucun outil numérique d’envergure ne peut démontrer son efficacité en si peu de temps. D’autant plus que la plateforme vise plusieurs utilités : aide à la réflexion des élèves, support pédagogique pour les enseignants, espace de mémorisation, tableau de bord pour les chefs d’établissement et les professeurs principaux. Ce véritable couteau suisse numérique ne peut voir ses différents objectifs atteints rapidement et ensemble. L’appropriation par les enseignants, l’usage par les élèves, l’intégration dans les pratiques pédagogiques nécessitent au minimum un cycle complet de trois ans.

Les plateformes régionales, développées depuis 2018, auront eu le temps de consolider leur audience et de justifier leurs investissements. Cette asymétrie temporelle biaise mécaniquement la comparaison en faveur des outils régionaux, plus matures et rodés.

Le timing coïncide également avec l’horizon budgétaire pluriannuel. Les crédits 2026-2028 devront être arbitrés dès 2025, et l’audit fournira opportunément les arguments pour réduire ou supprimer les financements de l’opérateur. Cette programmation révèle une logique comptable qui prime sur la cohérence éducative.

Un contexte politique délétère

Au-delà de ce calendrier programmatique, le contexte politique actuel fragilise considérablement l’ONISEP. Le départ de Frédérique Alexandre-Bailly en septembre 2025, après deux mandats à la tête de l’opérateur, prive l’institution de sa figure de proue au moment le plus critique de son histoire[2]. Sa succession, est assurée pour le moment par la nomination par un arrêté du 2 septembre, d’Anne de Rozario, la nommant Directrice générale de l’Onisep par intérim. Cette attente de nomination « pleine », illustre, sans doute, les difficultés du gouvernement à trancher dans un dossier sensible.

Cette vacance de la direction générale n’est pas anodine. Elle signale soit un désintérêt des candidats potentiels pour un poste menacé, soit des hésitations politiques sur le profil à rechercher. Faut-il nommer un gestionnaire pour piloter une éventuelle transition, ou un visionnaire pour relancer l’opérateur ? Cette indécision traduit l’absence de vision claire sur l’avenir de l’ONISEP.

Malgré cette incertitude, l’État continue de placer la plateforme Avenir(s) au cœur de son Plan Avenir, créant une contradiction flagrante entre les annonces officielles et les signaux envoyés par la vacance du poste. Comment convaincre les partenaires et les usagers de la viabilité d’un projet dont le pilote reste absent ?

Les critères de l’audit : un piège méthodologique

La question préalable de l’objectif

Avant même d’aborder les modalités d’évaluation, une question méthodologique fondamentale se pose : quel est exactement l’objectif assigné à l’ONISEP ? Car un audit, aussi rigoureux soit-il, évalue nécessairement l’efficacité, l’efficience, l’éthique et la pertinence par rapport à un objectif donné. Faut-il encore avoir clairement défini cet objectif.

Or l’ONISEP cumule des missions potentiellement contradictoires : garantir l’égalité des chances dans l’orientation, satisfaire les usagers, optimiser les coûts publics, maintenir la neutralité de l’information, coordonner l’action nationale avec les initiatives territoriales, résister à la concurrence privée. Selon l’objectif privilégié par les auditeurs, les conclusions différeront radicalement.

Si l’audit privilégie la satisfaction immédiate des usagers, Avenir(s) sera comparé défavorablement aux chatbots conversationnels. S’il met l’accent sur l’égalité des chances, la neutralité publique primera sur l’efficacité technique. S’il se concentre sur l’efficience budgétaire, toute mission non rentable apparaîtra comme un dysfonctionnement.

Que mesurer et comment ?

Face au constat que l’audit déterminera l’avenir de l’ONISEP, la question des critères d’évaluation devient cruciale. Or rien ne garantit que les auditeurs poseront les bonnes questions. La définition de l’efficacité d’un service d’orientation publique reste éminemment politique et dépend de l’horizon temporel retenu[3].

Un audit centré sur des indicateurs quantitatifs favoriserait mécaniquement les plateformes privées : nombre d’utilisateurs, temps de connexion, satisfaction immédiate des usagers. Ces critères, facilement mesurables, masquent l’essentiel : l’impact sur l’égalité des chances, la qualité de l’information fournie, la neutralité des conseils prodigués.

À l’inverse, une évaluation qualitative prendrait en compte des dimensions difficilement quantifiables : la réduction des biais de genre et sociaux, la prévention de l’orientation par défaut, l’enrichissement du capital culturel des familles modestes. Ces missions, pourtant centrales dans la vocation de l’ONISEP, risquent d’être minorées par leur complexité d’évaluation.

Le piège de la comparaison

L’audit comparera inévitablement l’ONISEP aux autres acteurs de l’orientation : plateformes régionales, solutions privées, chatbots conversationnels. Cette approche comparative, en apparence objective, recèle de nombreux biais méthodologiques.

Comment comparer la plateforme Avenir(s), lancée en 2024, avec « Mon Orientation en Occitanie », développée depuis 2019 ? Comment évaluer la neutralité de l’ONISEP face aux algorithmes d’Hello Charly, optimisés pour la satisfaction immédiate ? Comment mesurer la valeur des données ouvertes produites par l’opérateur public face aux services personnalisés des start-ups ?

Cette logique comparative risque d’aboutir à un verdict biaisé : l’ONISEP apparaîtra nécessairement moins performant que des outils spécialisés, plus récents ou mieux financés. L’audit pourrait conclure à son obsolescence sans prendre en compte sa fonction systémique : garantir l’existence d’une information neutre et gratuite pour tous.

Les scénarios post-audit : entre sauvetage et liquidation

Scénario 1 : la liquidation pure et simple

Le premier scénario, le plus radical, consisterait en la suppression de l’ONISEP et le transfert de ses missions vers d’autres acteurs. Cette option séduira les partisans de la rationalisation budgétaire et de la décentralisation poussée.

Les 306 agents de l’ONISEP seraient alors redéployés vers d’autres services publics, les données ouvertes maintenues par un service minimal, et l’orientation territoriale entièrement confiée aux régions. Cette solution apparemment simple masque de redoutables difficultés techniques et politiques.

Qui produira les données nationales sur les métiers et formations[4] ? Comment garantir la cohérence de l’information entre les 18 régions ? Quel sera l’impact sur Parcoursup et Affelnet, qui s’appuient partiellement sur les ressources de l’ONISEP ? Ce scénario, séduisant par sa radicalité, pourrait créer plus de problèmes qu’il n’en résoudrait.

Scénario 2 : l’absorption régionale

Une variante consisterait à transférer l’ONISEP aux régions, transformant l’opérateur national en constellation de services territoriaux. Cette solution respecterait la logique de décentralisation tout en préservant l’expertise accumulée.

Chaque région récupérerait les agents territoriaux de l’ONISEP et développerait sa propre stratégie d’orientation. Cette balkanisation permettrait une meilleure adaptation aux spécificités locales mais créerait une fragmentation de l’information nationale.

Les régions les plus riches pourraient développer des services performants quand d’autres se contenteraient du minimum. Cette géographie différenciée de l’orientation publique renforcerait les inégalités territoriales déjà préoccupantes.

Scénario 3 : la privatisation rampante

Le troisième scénario, plus insidieux, consisterait à maintenir formellement l’ONISEP tout en externalisant progressivement ses missions vers le secteur privé. Cette privatisation douce éviterait les résistances politiques tout en réduisant l’empreinte publique.

La production de données serait confiée à des prestataires privés, l’animation de la plateforme Avenir(s) externalisée, et les contenus pédagogiques co-produits avec des éditeurs spécialisés. L’ONISEP ne conserverait qu’un rôle de coordination, vidé de sa substance opérationnelle.

Cette évolution, déjà amorcée avec l’intégration d’Hello Charly dans Parcoursup, transformerait progressivement l’orientation publique en vitrine de solutions privées. L’égalité d’accès à l’information cèderait la place à une logique de marché déguisée en service public.

Scénario 4 : la refondation assumée

Le dernier scénario, le plus volontariste, consisterait à refonder entièrement l’ONISEP autour d’une mission clarifiée et de moyens renforcés. Cette option supposerait une volonté politique forte et une vision à long terme de l’orientation publique.

Cette refondation pourrait intégrer les missions du Céreq et certaines compétences de Pôle Emploi, créant un véritable service public de l’orientation tout au long de la vie. Elle nécessiterait un budget sanctuarisé, une gouvernance rénovée associant État et régions, et une stratégie numérique ambitieuse.

Ce scénario optimal reste le moins probable dans le contexte actuel de restrictions budgétaires et d’affaiblissement de l’État. Il nécessiterait un portage politique au plus haut niveau et un consensus rare entre les différents échelons territoriaux.

Les enjeux cachés de l’audit

Une bataille idéologique masquée

Au-delà des considérations techniques, l’audit de 2026 tranchera une question idéologique fondamentale : quelle place pour le service public dans l’orientation scolaire ? Les conclusions de l’évaluation légitimeront soit le maintien d’un acteur public garant de la neutralité, soit l’ouverture totale à la concurrence et aux logiques marchandes.

Cette dimension idéologique explique les positions tranchées des différents acteurs. Les partisans du libéralisme éducatif voient dans l’audit l’opportunité de démanteler un « monopole » public inefficace. Les défenseurs du service public y perçoivent une menace existentielle contre l’égalité des chances.

L’audit risque ainsi de devenir un prétexte technique pour trancher un débat politique majeur. Les conclusions dépendront moins de l’analyse objective que de la vision idéologique des décideurs qui commanditeront l’évaluation.

L’impact sur l’écosystème européen

La dimension européenne reste absente des débats sur l’avenir de l’ONISEP. L’impact européen de l’opérateur français est peu important.

L’ONISEP ne contribue pas directement aux principales bases de données européennes communes (ESCO, EQF). Sa participation européenne se limite au réseau Euroguidance, où il figure parmi sept centres français d’information sur la mobilité étudiante. Les vrais acteurs français de l’écosystème européen des qualifications sont France compétences (point de coordination national), le CEREQ et Centre Inffo – qui continueraient d’assurer la représentation française indépendamment du sort de l’ONISEP.

La disparition de l’ONISEP affaiblirait néanmoins la contribution française au réseau européen d’orientation et priverait l’Europe d’un modèle de service public gratuit et neutre dans un contexte de marchandisation croissante. Mais l’audit de 2026 ne jugera pas la « souveraineté française » en Europe – il révélera plutôt la conception française du service public d’orientation : égalité d’accès ou efficacité budgétaire ?

Vers un audit de complaisance ?

Les conditions d’une évaluation biaisée

Les conditions actuelles de préparation de l’audit peuvent laisser présager une évaluation biaisée en défaveur de l’ONISEP. Si l’absence de direction générale se prolonge, elle risque de priver l’opérateur de son principal défenseur face aux auditeurs. Le contexte budgétaire contraint oriente les conclusions vers la recherche d’économies.

La multiplication des acteurs concurrents (régions, privé) crée un environnement favorable aux solutions alternatives. L’audit pourrait ainsi devenir une simple formalité pour légitimer une décision déjà prise : la fin de l’ONISEP sous sa forme actuelle.

Cette instrumentalisation de l’évaluation publique n’est pas nouvelle. De nombreux opérateurs ont disparu après des audits aux conclusions prévisibles, moins par inefficacité réelle que par choix politique d’externalisation ou de décentralisation[5].

Les garde-fous nécessaires

Pour éviter ce biais méthodologique, l’audit devrait respecter plusieurs garde-fous essentiels. La définition des critères d’évaluation devrait associer toutes les parties prenantes : usagers, professionnels de l’orientation, représentants des établissements, syndicats d’enseignants.

L’horizon temporel de l’évaluation devrait privilégier l’impact à long terme sur l’égalité des chances plutôt que les indicateurs de performance immédiate. La comparaison avec les autres acteurs devrait tenir compte des spécificités de chaque modèle et de leurs objectifs respectifs.

Enfin, l’audit devrait intégrer une dimension prospective : quel modèle d’orientation pour 2030 ? Quels défis pour l’égalité d’accès à l’information ? Quelle place pour la neutralité du service public ? Ces questions structurantes dépassent largement l’évaluation comptable de l’ONISEP actuel.

L’urgence d’un débat démocratique

L’audit de 2026 ne peut se résumer à un exercice technocratique d’évaluation de performance. Il pose des questions fondamentales sur le rôle de l’État, l’avenir du service public, et la conception de l’égalité des chances dans notre société.

Ces enjeux méritent un débat démocratique large associant l’ensemble des acteurs concernés : élèves, familles, enseignants, collectivités territoriales, partenaires sociaux. L’orientation de nos enfants ne peut être décidée dans l’entre-soi technocratique des cabinets ministériels et des rapports d’audit.

Le risque est grand de voir disparaître, sans véritable débat, un service public créé en 1970 pour démocratiser l’accès à l’information d’orientation. Cette disparition, justifiée par des arguments gestionnaires, constituerait un recul démocratique majeur camouflé en modernisation administrative.

Au-delà du sort de l’ONISEP, c’est la survie de l’orientation publique qui se joue en 2026. Les citoyens ont le droit de connaître les enjeux de cette évaluation et d’exprimer leur vision de l’orientation qu’ils souhaitent pour leurs enfants.

L’audit de 2026 sera-t-il l’autopsie d’une mort annoncée ou l’occasion d’une renaissance assumée ? La réponse dépendra de notre capacité collective à dépasser les logiques comptables pour affirmer nos choix de société.

Bernard Desclaux

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[1] Suite de mes articles sur ce blog à propos de l’ONISEP : L’ONISEP, la poule aux œufs d’or menacée de disparition ? https://blog.educpros.fr/bernard-desclaux/2025/09/04/lonisep-la-poule-aux-oeufs-dor-menacee-de-disparition/  et Derrière la bataille des plateformes ? https://blog.educpros.fr/bernard-desclaux/2025/09/09/derriere-la-bataille-des-plateformes/

[2] Café pédagogique. (3 septembre 2025). Du nouveau à la tête de l’ONISEP et du réseau Canopé. https://www.cafepedagogique.net/2025/09/03/du-nouveau-a-la-tete-de-lonisep-et-du-reseau-canope/

[3] Cour des comptes. (mars 2025). L’orientation au collège et au lycée. https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2025-03/20250319-RPA2025-volume1-orientation-college-lycee.pdf

[4] Desclaux, B. (4 septembre 2025).L’ONISEP, la poule aux œufs d’or menacée de disparition ? https://blog.educpros.fr/bernard-desclaux/2025/09/04/lonisep-la-poule-aux-oeufs-dor-menacee-de-disparition/

[5] Parmi les exemples les plus emblématiques : la fusion ANPE-ASSEDIC créant Pôle emploi (2008) dans le cadre de la RGPP, la fusion AFII-Ubifrance devenant Business France (2015), ou encore la transformation du CNDP et des 31 CRDP autonomes en Réseau Canopé unifié (2014) après que la Cour des comptes eut menacé de « suppression à brève échéance » en l’absence de réforme. Entre 2008 et 2023, le nombre d’opérateurs publics est passé de 649 à 438, soit une réduction de 32 %. Source : IFRAP. (2023). À quand la transparence sur les 107 milliards des opérateurs et agences de l’État ? https://www.ifrap.org/etat-et-collectivites/quand-la-transparence-sur-les-107-milliards-des-operateurs-et-agences-de-letat

Article publié sur le site : https://blog.educpros.fr/bernard-desclaux/2025/09/16/laudit-davenirs-en-2026-lonisep-piegee/
Auteur : Bernard Desclaux

Dernière modification le mardi, 16 septembre 2025
Desclaux Bernard

Conseiller d’orientation depuis 1978 (académie de Créteil puis de Versailles), directeur de CIO à partir de 90, je me suis très vite intéressé à la formation des personnels de l’Education nationale. A partir de la page de mon site ( http://bdesclaux.jimdo.com/qui-suis-je/ ) vous trouverez une bio détaillée ainsi que la liste de mes publications.
J’ai réalisé et organisé de nombreuses formations dans le cadre de la formation continue pour les COP, , les professeurs principaux, les professeurs documentalistes, les chefs d’établissement, ainsi que des formations de formateurs et des formations sur site. Dans le cadre de la formation initiale, depuis la création des IUFM j’ai organisé la formation à l’orientation pour les enseignants dans l’académie de Versailles. Mes supports de formation sont installés sur mon site.
Au début des années 2000 j’ai participé à l’organisation de deux colloques :
  • le colloque de l’AIOSP (association internationale de l’orientation scolaire et professionnelle) en septembre 2001. Edition des actes sous la forme d’un cd-rom.
  • les 75 ans de l’INETOP (Institut national d’étude du travail et d’orientation professionnelle). Edition des actes avec Remy Guerrier n° Hors-série de l’Orientation scolaire et professionnelle, juillet 2005/vol. 34, Actes du colloque : Orientation, passé, présent, avenir, INETOP-CNAM, Paris, 18-20 décembre 2003. Publication dans ce numéro de « Commentaires aux articles extraits des revues BINOP et OSP » pp. 467-490 et les articles sélectionnés, pp. 491-673
Retraité depuis 2008, je poursuis ma collaboration de formateur à l’ESEN (Ecole supérieure de l’éducation nationale) pour la formation des directeurs de CIO, ainsi que ma réflexion sur l’organisation de l’orientation, du système éducatif et des méthodes de formation. Ce blog me permettra de partager ces réflexions à un moment où se préparent de profonds changements dans le domaine de l’orientation en France.
Après avoir vécu et travaillé en région parisienne, je me trouve auprès de ma femme installée depuis plusieurs années près d’Avignon. J’y ai repris une ancienne activité, le sumi-e. J’ai installé mes dernières peintures sur Flikcr à l’adresse suivante : http://www.flickr.com/photos/bdesclaux/ .