fil-educavox-color1

Quelques lignes au sujet de l’Acfas [*] et son 90ème Congrès : Remontons dans le temps pour comprendre les origines de l’ACFAS, cette association centenaire dont les objectifs sont de soutenir le développement de la recherche en français.   

Le 19ème siècle a souvent été appelée l’époque de la "révolution scientifique ». De nombreuses découvertes et avancées majeures ont eu lieu dans différents domaines de la science à cette époque, de Charles Darwin aux travaux de Michael Faraday et de James Clerk Maxwell, Dimitri Mendeleïev et les découvertes de Louis Pasteur, parmi d’autres.

C’est aussi à cette époque qu’apparaît la première grande association de scientifiques en Amérique. 

En 1848 lors une réunion de scientifiques à Philadelphie, aux États-Unis, alors tout jeune pays au seuil d’une guerre de sécession (1861-1865), l’AAAS (American Association for the Advancement of Science) a été créée pour promouvoir la communication et la coopération entre les scientifiques, ainsi que de diffuser les connaissances scientifiques au grand public. 

Les scientifiques anglophones du Canada ont adhéré à cette association nord-américaine … mais qu’en est-il des scientifiques francophones des toutes récentes universités québécoises ?  L'Université Laval, la plus ancienne université francophone en Amérique du Nord a été fondée en 1852.  L’Université de Montréal a été créée en 1878 comme succursale de l'Université Laval à Montréal.  Dans le but de promouvoir et de développer la culture scientifique la Faculté des sciences est créée en 1920 au moment où l'Université de Montréal acquiert son autonomie complète. Cette Faculté regroupe au départ les disciplines suivantes : biochimie, botanique, biologie générale et zoologie, chimie, géologie, mathématiques et physique. À l’Université Laval, l’École supérieure de chimie qui deviendra par la suite la faculté des sciences, a été créée le 29 octobre 1920.

Cependant, dès 1917, le frère Marie-Victorin, frère des Écoles chrétiennes et botaniste passionné, fondateur du Jardin botanique de Montréal s’interrogeait sur la possibilité d’une pleine participation du Canada français à l’avancement des sciences : 

  • Y a-t-il, y aura-t-il, une science française en Amérique ? Nous sommes, il faut l'avouer, en mauvaise posture. Parcourez la liste des membres de notre Académie canadienne, la Société royale du Canada [i]. Où sont, dans la section scientifique, les noms des Canadiens français ? Et dans les collections des Mémoires, où sont leurs travaux ? (Source : Frère Marie-Victorin, "L'étude des sciences naturelles : son développement chez les Canadiens français", Revue canadienne, vol. XX, octobre 1917, p. 272-292) [ii]

En réponse à cette question Marie-Victorin avec des collègues de 13 sociétés savantes : de l’histoire à la botanique, de l’économie à la chimie, ont fondé le 15 juin 1923 l’Association canadienne-française pour l’avancement des sciences - l’ACFAS … Ses objectifs étaient alors, comme aujourd’hui, de soutenir le développement de la recherche en français et de faire valoir sa place dans la société. En 2001, l’Acfas modifie son nom « Association canadienne-française pour l’avancement des sciences » devient l’« Association francophone pour le savoir », le tout dans l’optique d’une ouverture internationale, mais aussi vis-à-vis des sciences humaines et sociales. En 2019, la nouvelle dénomination est finalement abandonnée au profit d’un usage exclusif de l’acronyme « Acfas ». La communauté de l'Acfas, c'est :

  •     » 4 500 membres actifs
  •     » 32 pays représentés
  •     » 6 Acfas régionales
  •     » 600 bénévoles[iii]

Le 90e Congrès de l'Acfas     

Cette 90e édition du congrès de l’Acfas est placée sous le patronage de la Commission canadienne pour l’UNESCO :

  • Plus de 300 colloques scientifiques et Enjeux de la recherche accessibles en ligne et sur place ;
  • Plus de 600 communications libres accessibles en ligne ;
  • Une vingtaine d'activités accessibles sur place et/ou en ligne ;
  • Une quinzaine d'activités Science-moi ! accessibles sur place et/ou en ligne, ouvertes à tout·e·s.

 Et mon choix :

R&D et R&C : les formes de collaborations intersectorielles dans les industries créatives

Ce colloque, situé aux frontières du divertissement, du génie et de la création vise à évaluer comment permettre la coconstruction de connaissances entre praticiens et chercheurs en développant de nouveaux terrains de recherche intersectoriels provenant des industries créatives des jeux vidéo, des effets visuels et de l’expérientiel. 

… Les communications des différents intervenants tracent des passages entre les arts et des disciplines telles que l’informatique, le génie, les mathématiques et la santé.  Ce colloque vise également à présenter différentes avancées du secteur industriel prédisposant à la mise en place de nouveaux métiers ainsi que de zones de recherche et développement … la collaboration interdisciplinaire permet de trouver des solutions à des problèmes complexes en mutualisant des savoirs technologiques et des approches créatives.

Ces processus de recherche-création favorisent le développement d'écosystèmes créatifs.

Plusieurs mythes entourent ce domaine de travail.

Mythe 1 : ce travail est une partie de plaisir - FAUX - artistes et ingénieurs comprennent les mots différemment, ont un vocabulaire différent pour décrire leur travail qui a d’ailleurs une méthode différente.  Pour l’artiste, c’est le processus qui importe alors que pour l’ingénieur toute l’importance est accordée au résultat.  

Mythe 2 - Le rôle de l’ingénieur dans le processus de développement du produit se limite à résoudre les problèmes techniques. L’ingénieur a aussi une créativité appliquée à son domaine.

Mythe 3 : l’artiste est un être fondamentalement émotif avec des connaissances limitées en technologies. FAUX, plusieurs artistes contemporains sont d’habiles usagers des technologies. 

Mythe 4 - l’oeuvre produite doit être une vitrine des nouvelles technologies.

Mythe 5 : le plus important est le potentiel d’innovation technologique ou de gain économique par l’utilisation des technologies, l’avancement scientifique n’est pas essentiel. 

La pratique du design d'expérience se situe à l'intersection de connaissances provenant de multiples champs disciplinaires. Chaque nouveau projet peut mobiliser des savoirs provenant de recherches en littérature, en architecture, en science cognitive, en intelligence artificielle, etc.

Avec l'évolution des outils de l'intelligence artificielle, de l'analyse de l'environnement par la vision par ordinateur, les nouveaux algorithmes de rendus, on assiste actuellement une transformation rapide des processus de production dans les industries du jeu vidéo et des effets visuels. 

Les rapides changements technologiques donnent le vertige et défavorisent le développement de projets à leur rythme habituel, car les technologies favorisées lors de la conception du projet seront parfois dépassées lors du développement du projet, sans même pouvoir prédire le sens de ces évolutions.

Quelle formation donner aux étudiants dans un tel contexte d’instabilité ? 

Les avancées technologiques surpassent le rythme d’appropriation des chercheurs et malheureusement trop d’articles de recherches sont publiés sans avoir été revus.  Se garder à jour sur les avancées technologiques est chronophage.

Pour le chercheur, accepter que sa zone de recherche soit devancée et devenue inutile n’est pas facile à vivre. Il faut savoir éliminer des champs de recherche ce qui ne s’applique plus. On doit enseigner aux étudiants de premier cycle, les principes scientifiques et mathématiques de base, ceux qui ne changent pas et leur apprendre à se tenir à jour.  La communauté « libre source » développe de nouveaux outils révolutionnaires et contribue ainsi à la démocratisation des technologies.

SYNTHÈSE [iv], vitrine nationale et internationale pour le rayonnement de l’expertise et de la formation en image de synthèse au Québec,  le CDRIN [v] , Centre de développement et de recherche en intelligence numérique  l'École NAD-UQAC (MIMÉSIS) [vi] École des arts numériques, de l’animation et du design, et l'École de technologie supérieure [vii] remercient l'ACFAS, les entreprises québécoises et les chercheur(euses) des universités collaboratrices, ainsi que les centres de recherche, sans qui cette journée n'aurait été possible.

Un « immortel » bien sympathique

Dany Laferrière, écrivain, cinéaste, auteur de 36 livres, a été élu au fauteuil 2 de l’Académie française en 2013. L’académicien a tenu une conférence à l'occasion du 90e Congrès de l’Acfas et voici quelques-unes de ses réflexions partagées avec l’auditoire.

Au sujet de la répétition : Pourquoi les enfants demandent-ils de relire les histoires ou revoir les films qui leur plaisent ? N’est-ce pas en roulant sur nous-mêmes que nous avançons ? Revenir en arrière permet d’avancer.

Pour être écrivain, il faut avoir de bonnes fesses, car on reste assis longtemps.

Savoir écouter et observer : Dans sa jeunesse, les enfants n’avaient pas le droit de participer aux conversations des adultes. Comme adulte j’ai passé beaucoup de temps assis dans un café, à une terrasse à écouter les gens.   Si on écoute bien les gens, petit à petit se dessine la couleur émotionnelle de la ville.

Le style vient toujours du peuple.

L’alphabet est la roue qui fait tourner le monde.

Pouvons-nous transformer nos défauts en qualité ?

De ses livres il dit : Je pense le pays rêvé, non le pays réel.

Si les dieux nous envoient des malheurs c’est pour qu’on en fasse des chants.

Prendre la chance dans la vie de faire ce qui nous plaît.

C’est la langue qui traverse le temps, non l’individu qui la parle.

Écriture et lecture doivent se faire dans le plaisir.

            J’espère que ces quelques lignes vous ont apporté un peu de plaisir !

Ninon Louise LePage

 

* J’ai utilisé à quelques reprises mon assistant ChatGPT pour la cueillette d’informations et recopié à l’occasion une partie de ses réponses à mes questions.  Pourquoi réinventer la roue ?

[i]  Société royale du Canada

  https://rsc-src.ca/fr/a-propos

[ii]   L’Acfas et la recherche

   https://www.acfas.ca/100ans/notre-histoire

[iii]  L’Acfas et la recherche

  https://www.acfas.ca/100ans/notre-histoire

[iv]  SYNTHÈSE

  https://polesynthese.com/fr/

[v]  CDRIN , Centre de développement et de recherche en intelligence numérique

  https://www.cdrin.com/

[vi]   École NAD-UQAC (MIMÉSIS

  https://www.nad.ca/fr

[vii] École de technologie supérieure 

  https://fr.wikipedia.org/wiki/École_de_technologie_supérieure

Dernière modification le vendredi, 24 mai 2024
Ninon Louise LePage

Sortie d'une retraite hâtive poussée par mon intérêt pour les défis posés par l'adaptation de l'école aux nouvelles réalités sociales imposées par la présence accrue du numérique. Correspondante locale d'Educavox pour le Canada francophone.