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« UnfollowMe », la campagne d’Amnesty contre la surveillance de masse, pourrait aussi être le résumé des relations parents / ados, en ligne et hors ligne… Les parents sont-ils la plaie des réseaux sociaux ? À lire certains posts d’ados sur Twitter ou sur des forums, on peut se poser la question… 

Pour provocante qu’elle soit, elle trouve aussi une certaine légitimité dans les rapports souvent assez peu nuancés que les parents entretiennent avec ces lieux aux contours flous (« quelle perte de temps ! », « je n’y comprends rien ! »), même s’il est évident qu’il en va des parents comme des enfants : ils sont tous différents.

Selon plusieurs études récentes – et selon le bon sens aussi -,  l’arrivée récente des parents sur Facebook a eu des répercussions sur la présence en ligne des ados. Désormais, si Facebook reste une plate-forme incontournable et intergénérationnelle, le réseau fondé par Mark Zuckerberg il y a 11 ans est utilisé par les ados de manière beaucoup plus parcimonieuse depuis l’arrivée de leurs parents ET de leurs grands-parents. Après avoir essuyé les plâtres des paramètres Facebook, les ados ont fini par prendre la mesure, parfois à leurs dépens, d’une surexposition de leur intimité. Snapchat, Instagram, Whatsapp ou Twitter, réseaux facilement accessibles sur smartphone – voire réservés aux smartphones pour les trois premiers -, fonctionnant donc à l’abri du regard familial, ont bénéficié de ce besoin d’émancipation des ados, qui ont vu dans ces réseaux un excellent moyen de faire rimer « moi » avec « entre-soi ». Ils y ont également vu un moyen de s’exprimer plus librement sur leurs rapports avec leurs parents, parfois tendus à cette période de la vie, et sur les liens qu’ils tissent, ou non, via les réseaux sociaux.

L’utilisation des réseaux sociaux, marqueur générationnel

Les réseaux sociaux restent un lieu important pour s’affirmer, et pour affirmer son savoir-faire par rapport à ses parents. Il est nécessaire, à un moment donné, que le parent s’efface – un peu – afin que l’enfant puisse trouver sa place. Les réseaux sociaux sont le reflet de ce besoin de « ringardisation » du parent, plus ou moins marqué selon les rapports que les ados entretiennent avec leur famille. Les réseaux sociaux sont défrichés, arpentés, labourés par les ados des années 2010 en quête de nouveaux repères par rapport à leurs parents.

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Rappels à l’ordre

Pour autant, se moquer gentiment de la naïveté de certains parents face aux réseaux sociaux est permis, mais étaler ses différends avec ses géniteurs peut être mal perçu. « Afficher ses parents » (les exposer) pour se moquer d’eux est une pratique condamnée par une majorité d’ados.

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Sentiment de surveillance accru

Évidemment, la présence éventuelle des parents en ligne est perçue comme un frein à l’expression de ses sentiments ou à l’envie de partager ses journées. Leur absence est à l’inverse toujours saluée par un pouce levé…

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Le parent-ami, frontière de la vie sociale 2.0

Lorsqu’un ado est en contact avec l’un de ses parents sur un réseau, il s’organise : il exploite les possibilités offertes par les paramétrages. Il range ses activités dans des cases, qu’il remplit en fonction de ses contacts. De la même manière que les ados segmentent leur vie hors ligne, ils segmentent leur vie en ligne, en fonction de la présence, ou non, de leurs parents.

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Qu’est-ce que sera demain ?

Finalement, ces nouveaux rapports parents / enfants ne manquent pas d’interroger les ados sur leur propre perception des réseaux sociaux… et sur leur avenir.

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Dernière modification le mercredi, 15 avril 2015
Bee Laurence

Journaliste, observatrice des usages numériques générationnels, créatrice des sites Parents 3.0Ados 3.0 et Seniors 3.0. Auteur, conférencière et formatrice.