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Hafid Adnani * : Face aux transformations profondes de notre système éducatif : diversification des publics, accélération numérique, montée des incertitudes, exigences croissantes de transparence, le métier de chef d’établissement connaît une mutation silencieuse mais déterminante. L’école n’est plus un empilement de fonctions. Elle est un système vivant, traversé de boucles de rétroaction, d’interactions multiples, de tensions parfois fécondes. Penser l’école aujourd’hui, c’est accepter sa complexité.

Du modèle hiérarchique au paradigme systémique

Piloter un établissement ne peut plus se réduire à appliquer des règles.

Il s’agit désormais de relier, de donner sens, d’organiser la coopération, de réguler en continu. Le chef d’établissement devient un acteur stratégique, un médiateur du sens, un tisseur de liens entre les différents sous-systèmes : pédagogique, éducatif, administratif, partenarial.

Du management vertical au leadership éducatif

Les travaux contemporains sur le leadership montrent que la réussite d’un établissement dépend de la capacité à mobiliser l’intelligence collective.

Le leadership éducatif, c’est :

  • Une vision partagée,
  • Une cohérence systémique,
  • Une organisation qui apprend,
  • Une posture réflexive et éthique.

Le chef d’établissement n’est plus seulement celui qui « décide », mais celui qui rend possible.

Gouverner dans l’incertitude

Harcèlement, climat scolaire, inclusion, tensions sociales : les situations sont complexes et souvent inédites.

Le pilotage devient alors un art de la régulation : observer, ajuster, comprendre les dynamiques humaines derrière les chiffres, articuler autorité et participation.

C’est ce que Donald Schön appelait la réflexivité professionnelle : réfléchir dans l’action et sur l’action.

Une éthique de la responsabilité

Piloter un établissement, c’est arbitrer en permanence entre équité et efficacité, bien-être et performance, autorité et confiance.

L’éthique du chef d’établissement n’est plus seulement une éthique de la norme, mais une éthique de la cohérence, de la responsabilité et de la relation.

Vers un nouveau modèle de gouvernance éducative

Le chef d’établissement du XXIᵉ siècle est :

  • Un chef d’orchestre
  • Un médiateur
  • Un professionnel réflexif
  • Un acteur de reliance

Un animateur de l’écosystème éducatif.

Si l'on se réfère à Hartmut Rosa, la réussite d’une institution ne se mesure pas à sa capacité à contrôler, mais à sa capacité à entrer en résonance avec son environnement.

En résumé L’école systémique ne demande pas de « combattre » la complexité : elle exige de la piloter, de l’habiter, de la comprendre.

C’est peut-être là le plus beau défi du chef d’établissement d’aujourd’hui.

Accès au texte sur LinkedIn (5 pages)

Hafid Adnani * est Inspecteur d’académie / IPR EVS dans l'Académie de Nice.  Mission académique “Internats”. Il a notamment piloté durant 4 ans la lutte contre le harcèlement en milieu scolaire dans l'académie de Nice.- Il est Expert-associé à l’IH2EF et également Vice - Président du Think Tank “Education au coeur”.

Dernière modification le lundi, 01 décembre 2025
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