Pour Emmanuelle Rousselle, l'IA représente une intelligence collective, un agrégat des intelligences humaines, dans lequel elle voit un moyen de restituer et d'organiser les savoirs, même si elle reconnaît que l'IA manque parfois de progression dans la présentation des informations en se focalisant sur une présentation des données sous forme de listes.
L'IA au service des élèves peut jouer un rôle crucial dans la lutte contre la perte de confiance face à l'excellence perçue de l'IA elle-même.
Elle peut également aider les élèves les plus timides à poser des questions sans crainte.
L'auteure compare cette révolution à l'arrivée de Wikipédia, qui a transformé les pratiques pédagogiques malgré de nombreuses critiques dès ses débuts. Emmanuelle espère que chacun pourra à son exemple apporter sa connaissance-métier pour développer des outils pédagogiques innovants.
Pour éviter que l'IA ne "parte dans tous les sens", Emmanuelle Rousselle a mis en place un cadre technique rigoureux, ChatBac étant "nourri" par une multitude de documents : écrits des auteur.e;s étudié.e;s, contenus de cours, dissertations et textes issus du domaine public, présents sur Wikisource, ce qui permet de limiter les réponses hors-sujet ou les inventions de citation.
L'application utilise actuellement le moteur ChatGPT 4.0 au sein de Replit et Emmanuelle Rousselle s'est inspirée de l'application PhiloGPT, créée par Vivien Mirbeau, pour développer ChatBac, se formant sur le tas au fil des évolutions de son projet.
Concernant les données personnelles, ChatBac ne mémorise pas les interactions et ne retient pas de profil utilisateur, ce qui le rend compatible avec le RGPD.
Les réponses peuvent quant à elles être exportées.
L'idée centrale de ChatBac est donc de permettre aux élèves de questionner directement les auteurs sur leurs œuvres. Par exemple, un élève peut demander à Olympe de Gouges pourquoi elle s'est adressée à Marie-Antoinette dans sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. L'IA, entraînée avec des sources solides, répond de manière pertinente et contextualisée. L'application propose également des questions suggérées pour aider les élèves à formuler leurs interrogations. De plus, après avoir répondu, l'auteur.e pose à son tour une question à l'élève, encourageant ainsi une réflexion personnelle et une appropriation plus profonde des œuvres.
L'outil n'est pas exempt de bugs mais s'avère déjà très solide et permet de pousser les interrogations assez loin en totale correspondance avec le programme du bac.
On notera cependant l'absence de l'auteure Hélène Dorian pour des raisons de droits et par respect pour sa parole, celle-ci étant en effet toujours vivante. Emmanuelle Rousselle a cependant contacté son agent et est actuellement en attente de réponse.
Si mes échanges avec les différents auteurs se sont bien déroulés, je me suis par contre fait jeter deux fois par Honoré de Balzac. Peut-être était-ce un bug, peut-être faut-il plus simplement y voir la conscience de l'auteur qui n'a sûrement pas apprécié que je lui avoue avoir peu aimé la Peau de Chagrin alors que le Père Goriot m'avait enthousiasmé.
Le développement et la maintenance de ChatBac représentent un coût important, chaque interaction avec l'IA ayant un coût spécifique et Emmanuelle Rousselle cherche actuellement des soutiens pour financer mais également maintenir ce projet ambitieux et chronophage limitant ainsi le développement de nouveaux projets.ChatBac représente réellement une avancée significative dans l'enseignement du français, au travers de l'IA pour rendre l'apprentissage plus interactif et personnalisé. Grâce à la vision et au dévouement d'Emmanuelle Rousselle, cette application promet de transformer l'expérience éducative des élèves, en les aidant à mieux comprendre et s'approprier les œuvres littéraires. Pour en savoir plus et dialoguer avec l'auteur.e de votre choix, rendez-vous sur chatbac.fr.
Dernière modification le mercredi, 23 avril 2025
