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Comprendre les éléments de culture numérique c'est aborder, à l'échelle globale et mondiale la compréhension des systèmes techniques des systèmes d'information et d'échanges. Facteur d'amplification plutôt que de ruptures, le numérique rebat cependant toutes les cartes car il entre par la sphère personnelle. Enjeux, risques, éthique, choix sociétaux et choix politiques, notre société connectée n'est-elle pas au défi de redéfinir les concepts éducatifs ? Edito de juillet 2021

Neurotechnologie, solutionnisme technologique et les droits humains.

La neurotechnologie, un tsunami annoncé ?

Le scientifique espagnol Rafael Yuste, l'une des principales références mondiales dans le domaine pense que la "neurotechnologie" est un "tsunami" et qu'il est important d'être préparé à son arrivée.

Les réalités augmentées pourraient générer l'existence d'humains hybrides avec des contributions neurotechnologiques qui ont une augmentation cognitive, mais courent le risque d'assumer comme leurs propres concepts, idées ou connaissances programmées par des algorithmes.

"Pour éviter une situation à deux vitesses avec des humains augmentés et d'autres qui ne le sont pas, nous pensons que ces neurotechnologies devraient être régulées du point de vue du principe universel de justice, reflétant l'esprit de la Déclaration universelle de l'Homme. " souligne-t-il.

"La neurotechnologie peut être effrayante si vous pensez aux scénarios de science-fiction dystopiques, mais pour chaque scénario dystopique, il existe 10 scénarios bénéfiques", reconnaît Yuste, ajoutant qu'il voit "l'incorporation de la neurotechnologie pour l'humanité comme une nouvelle Renaissance". https://www.france24.com/es/minuto-a-minuto/20210428-neuroderechos-apuesta-pionera-de-chile-para-legislar-el-futuro

Le solutionnisme technologique

L’innovation technologique présentée toujours comme une « solution » n’est en rien une garantie sur son efficacité et en matière numérique, nous voyons bien que les choix politiques deviennent cruciaux, sensibles, lourds de conséquences…

Paula Forteza, Députée des Français d'Amérique Latine et des Caraïbes s’appuyant sur deux exemples celui de l’application de contact-tracing TousAntiCovid et des algorithmes de renseignement affirme : les technologies déployées par la puissance publique se fondent sur la collecte massive et le traitement approfondi de données personnelles. Sans de solides garde-fous juridiques et des mécanismes de contrôle appropriés, ces technologies représentent des atteintes à la vie privée des personnes qui est protégée par la Constitution.

La question des données personnelles est au cœur du débat sachant comment dans diverses situations, et la députée alerte sur le fait que l’utilisation de la reconnaissance faciale par exemple, en Russie, ait été détournée de son objet initial de mettre en œuvre les quarantaines dans le cadre de la pandémie : elle est désormais utilisée pour identifier et arrêter les manifestants opposés au régime.

En savoir plus :

https://www.jean-jaures.org/publication/lutilisation-des-nouvelles-technologies-par-les-pouvoirs-publics/

Analyse de ses interventions par Jean-Marc Manach sur Next Inpact

https://www.nextinpact.com/article/46143/trois-pistes-pour-en-finir-avec-solutionnisme-technologique

Une exploration prospective et spéculative à l’initiative du pôle Innovation, Études et Prospectives de la CNIL retrace les différents futurs imaginés et discutés pour questionner les futurs de la privée à l’horizon 2030 analysant les liens entre inégalités, pratiques ordinaires du numérique et protection de la vie privée.

https://www.educavox.fr/alaune/proteger-la-vie-privee-en-2030-une-exploration-prospective-et-speculative

Quel est- il ce nouvel humain hybride qui se profile ?

Le scientifique Joël de Rosnay nous entraine dans ce débat empathique

https://www.educavox.fr/innovation/recherche/l-emission-du-forum-changer-d-ere-vers-l-homme-hybride

Il nous offre également offre une vision prospective de notre avenir et décrypte pour MatriochK « comment se préparer à la vie sur terre d’ici 2500 » .

Il nous dit comment l'#Epigénétique peut changer notre vie, en agissant sur nos capacités à reprogrammer nos gènes. Et prendre du plaisir ce n’est pas seulement se faire plaisir, c’est aussi prendre soin de soi, agir sur ses cellules et prendre son destin en main !

https://www.educavox.fr/accueil/interviews/comment-vivra-t-on-en-2500

On ne peut certainement pas faire l’impasse sur toutes ces questions. Entrant par la vie personnelle, le numérique transforme totalement nos sociétés et rebat les cartes à l’échelle du monde déjà confronté aux grands défis culturels, sociétaux et environnementaux. L’éducation est bien impactée !

Enjeux, risques, éthique, choix sociétaux et choix politiques, notre société connectée n'est-elle pas au défi de redéfinir les concepts éducatifs ?

Allons-nous crier Haro sur le numérique ?

Michel Pérez, président de l’An@é : « D’interdictions en exclusions, de visioconférences en télé travail, d’inquiétudes en menaces diffuses, bien malgré nous, le lien social se distend inexorablement. Et cela même si les moyens numériques, fort heureusement apportent quelque réconfort par une communication de substitution aux familles, aux amis, aux associations qui peinent malgré tout à retrouver la fraicheur, la sincérité et la spontanéité des « vraies » relations humaines in vivo.

Et c’est à cet instant que les nostalgiques du « monde d’avant », un monde soi-disant insouciant et plus humain, un monde plus juste et plus efficace, notamment pour l’école, s’emparent d’une occasion désormais trop belle d’ignorer superbement, voire de condamner sans aucune retenue toutes les composantes de la réalité contemporaine qu’il est tentant de rejeter en bloc. Et dans et un effort désespéré pour abolir ce réel qui nous fait souffrir, on les entend crier « Haro sur le numérique !», car il serait l’incarnation absolue d’un cauchemar dystopique qui nous menace tous.

C’est donc désormais sans complexes que certains blogueurs, « journalistes », éditorialistes et même certaines associations affirment le besoin impérieux de revenir à de saines pratiques : ce sont des opposants convaincus à la vie « réelle » de la jeunesse et de la société qui affirment la nécessité de revenir à de saines pratiques : celles d’autrefois.

Car ce sont des pratiques qui ont fait leurs preuves par le passé (un passé forcément glorieux !). Il faudrait restaurer l’usage exclusif du papier : manuels scolaires imprimés, polycopiés, devoirs et interrogations écrites, cahiers de texte et carnets de correspondance papier etc. Le numérique ne serait qu’amusement, distraction et temps perdu, volé à des activités plus formatrices (lesquelles ?). Et d’ailleurs, « la pédagogie transmissive » avait du bon, nous dit-on, car les apprentissages du travail collaboratif que le numérique permet, l’entraînement à la pratique des médias et de l’information, ne seraient que des avatars d’un « pédagogisme » criminel qui en réalité transformerait les jeunes en proies consentantes des opulentes entreprises de la Silicon Valley. »

https://www.educavox.fr/accueil/debats/crier-haro-sur-le-numerique-et-jeter-le-bebe-avec-l-eau-du-bain

Gabrielle Halpern, Docteur en philosophie et autrice du livre Tous centaures ! Éloge de l’hybridation (Le Pommier, 2020) « Nous assistons à l’émergence d’une nouvelle définition de l’école, comme écosystème ouvert, comme tiers-lieu où se mélangent les générations, les usages, les intérêts, les apprentissages et les activités »

Usbec & Rica : Et si l’on avait cette idée folle de réinventer l’école ?

https://www.educavox.fr/innovation/pedagogie/usbec-rica-et-si-l-on-avait-cette-idee-folle-de-reinventer-l-ecole

Chacun essaie de prendre part aux transformations. Les Journées de Ludovia, le Forum RURALITIC qui viennent de se dérouler ont démontré les investissements des acteurs éducatifs.

https://www.educavox.fr/alaune/ruralitic-eduquer-avec-le-numerique

Tous les reportages

Les questions éducatives  peuvent-elle se réduire à  la juxtaposition d’innovations, ou à des « solutions » technologiques ?

Les nouvelles problématiques : 

  • Inégalités d'accès, de formations, d'accompagnements...Avec la crise de la Covid 19, les failles sont vite apparues : matériels et infrastructures, inégalités d’accès, manque de formation des enseignants, non sensibilisation aux outils sécurisés, réalités sociales avec les parents contraints à assurer l’école à la maison dans des conditions souvent difficiles

Jennifer Elbaz « A l’heure où l’on parle de participation citoyenne augmentée, de Civic tech, d’open data et de ville intelligente, l’éducation au numérique du plus grand nombre doit être un objectif prioritaire car elle est garante d’une politique inclusive : tous les citoyens et toutes les citoyennes, y compris et surtout les plus éloigné(e)s du numérique, doivent comprendre les enjeux du numérique s’ils veulent participer à la vie de la cité. » 

  • Tous ceux qui collaborent à l’inclusion numérique est exprimée par des expressions telles que « formation au numérique des acteurs sociaux », « communiquer entre acteurs », « mise en commun des objectifs, pratiques et ressources », « favoriser l’entraide »., « contribution de chacun au réseau », « normalisation de réseaux disparates et simplification », « organisation de la formation ».
  • Les questions éthiques
  • Une nouvelle gestion des temps et des espaces en adéquation avec la vie sociale

Les Tiers-Lieux espaces de coopération hybrides – ni publics ni privés – aux activités très variées (coworking, développement d’un projet d’entreprise, fabrication de produits…) et donc au carrefour de plusieurs politiques publiques (inclusion numérique, éducation, insertion sociale et formation professionnelle…) viennent d’obtenir 130 millions d’euros afin d’accompagner leur développement. Ils deviennent indispensables au coeur des territoires.

 Peut-être ne s'agit-il pas seulement d'utiliser un vocabulaire qui séduit : "hybridation" ...

Gabrielle Halpern : Ceux donc qui utilisent le terme d’hybridation pour signifier que c’est « ajouter du numérique à ce que je fais » ou faire du « présentiel et du distanciel » n’ont rien compris à la révolution de l’hybridation, qui ne saurait se réduire à cela. L’hybridation, c’est le mariage improbable, le contradictoire, l’hétéroclite ; – c’est cette figure mythique du Centaure qui n’entre dans aucune case, qui ne s’enferme pas dans une identité stérile, mais dans une singularité féconde et plastique, et qui, pour exister, a eu besoin de nombreuses métamorphoses. Or, l’école n’est-elle pas précisément le lieu des métamorphoses de l’élève, de l’étudiant, dont les professeurs sont les garants, les aiguilleurs, les initiateurs ? Comme le disait l’un des plus grands intellectuels du XXe siècle, Elias Canetti, « la vie est un éternel rétrécissement » ; pour lutter et résister contre ce rétrécissement, il faudra « jeter son ancre le plus loin possible ».

Michelle Laurissergues

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Dernière modification le samedi, 10 septembre 2022
Laurissergues Michelle

Fondatrice et présidente d'honneur de l’An@é, co-fondatrice d'Educavox et responsable éditoriale.