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L’accumulation des faits et des informations déstabilisantes de ces dernières semaines nous plongent dans une perplexité de plus en plus grande quant à nos capacités à trouver espoirs, enthousiasmes et foi en la nature humaine ! Nous voilà perdu.e.s en transitions !

Patrick Figeac :" Le complotisme a le vent en poupe ; sur les sujets les plus divers, la polémique enfle ; qu'il s'agisse de la suppression progressive de l'argent liquide, sur la négociation des traités de libre-échange, des OGM et plus récemment de l'hydroxychloroquine, du vaccin anti-Covid, du documentaire "Hold-up" ou de la loi dite de « sécurité globale ».

Si tout ce qui remet en cause les dogmes dominants est qualifié de complotisme, une partie de l'opinion publique est convaincue que la vérité est ailleurs, que les médias sont au service du système, et qu'il faut donc aller chercher l'information chez celles et ceux qui prétendent en dévoiler les ressorts secrets."

https://www.educavox.fr/accueil/debats/questions-interdites-aux-frontieres-du-reel

Fabien Pont : Le doute peut-il conduire  à une saine recherche de la vérité ou, au contraire saper notre vivre ensemble, voire les fondations mêmes de la démocratie ? Existe-il une frontière entre doute et complotisme? Dans un monde où la voix de chacun peut être entendue par un très grand nombre d’individus, la parole des institutions est remise en cause; celle de la classe politique –mais ce n’est pas nouveau, est contestée.

https://www.educavox.fr/accueil/debats/le-doute-entre-danger-et-necessite

Francois Dubet :" Le doute et l’esprit critique sont des vertus épistémologiques et démocratiques élémentaires. Nous l’avons tous appris au lycée, le doute est au principe de la connaissance scientifique : il faut refuser l’évidence des choses, transformer les certitudes en questions, expérimenter, vérifier, chercher des preuves afin de tenir pour vraies des connaissances jusqu’à ce qu’elles soient remises en cause. L’esprit critique du citoyen vise à se méfier des arguments d’autorité, à exercer son propre jugement, à discuter des arguments et des « bonnes raisons » de ceux qui nous gouvernent.

Or aujourd’hui, crise de la Covid aidant, ces deux vertus sont mises à mal, on croit aux fake news, aux complots, on se défie des dirigeants et des savants.

La Covid a été fabriquée dans des laboratoires, les mesures sanitaires sont imposées par des forces obscures qui veulent nous asservir, les vaccins sont dangereux... Le doute et l’esprit critique se transforment en défiance et si on croit quelques sondages, cette défiance complotiste atteint tous les citoyens, y compris ceux qui ont été longuement scolarisés, ce qui exclut l’idée qu’ils seraient le seul produit de l’ignorance. Dès lors, comment expliquer ce qui nous arrive ? "

https://www.educavox.fr/alaune/pourquoi-croyons-nous-a-n-importe-quoi

La méfiance est entrée de plein pied dans les pratiques numériques.

Olivier Ertzscheid : " Qu'a-t-il pu se passer pour que tourne au cauchemar un ensemble de technologies et d'usages initialement pensés par leurs concepteurs comme autant de promesses émancipatrices ? "

Dans cet essai (Le monde selon Zuckerberg : Portraits et préjudices) au style alerte et acide, Olivier Ertzscheid remonte le fil du désenchantement du monde numérique. Comment quelques méga-plateformes monopolisent notre attention et l'exploitent à leur seul profit ? Comment la société peut-elle réagir collectivement pour défendre un numérique de liberté et de partage ?

https://www.educavox.fr/formation/les-ressources/olivier-ertzscheid-le-monde-selon-zuckerberg

Delphine Roux : " Qu’est-ce qui déclenche la peur, l’anxiété voire le stress ? L’incertitude ! La période actuelle n’est qu’incertitude(s) pour le milieu enseignant, ce qui génère des émotions négatives ou contradictoires, diminuant ainsi confiance et motivation. Un cercle vicieux que l’on peut essayer, non pas de rendre vertueux, mais moins néfaste en attendant de sortir de la phase traumatique que nous vivons de plein fouet.

Le premier confinement nous a tous jetés, de gré ou de force, dans le grand bain du numérique."

https://www.educavox.fr/accueil/debats/traumatismes-stress-et-enseignement-prevention-des-risques-psycho-sociaux-en-milieu-scolaire

Le monde technologique et numérique n’est pas la promesse d’un monde plus écologique.

Dans le monde technologique et scientifique chacun a pu découvrir la face cachée de nos découvertes et développement : matériaux contenus, sites d’extraction, les conditions des employés dans les zones minières, l’implantation de la fabrication. Le comprendre permet la compréhension de la posture éthique des uns et des autres dans une mondialisation d’une économie de marché. Alain Jeannel(2019) https://educavox.fr/formation/analyse/produit-numerique-entrepreneur-et-usager-comment-parler-d-ethique-en-education-1

Xavier Drouet : En un peu plus de soixante ans le développement des satellites a profondément changé notre vie quotidienne. De Spoutnik à Starlink le chemin parcouru est impressionnant. Les prouesses technologiques et les applications de ces engins en orbite ont apporté de véritables progrès dont nous pourrons durablement profiter si la gouvernance de ce domaine politique et économique nouveau évolue elle aussi. Cependant…

L’inflation galopante des satellites encombre l’espace.. par les satellites eux-mêmes (peu) : des quelques 8000 envois de satellites dans l’espace en 60 ans il en reste un peu plus de 2000 en activité,… par des débris (beaucoup) :  A ce jour, on estime qu’il y a 34 000 objets de plus de dix centimètres (dont 21 000 sont cataloguées et donc suivis par des systèmes de détection), Près d’un million de débris de plus d'un centimètre et vraisemblablement plus de 150 millions de débris de plus d'un millimètre. La masse totale de ces débris est à peu près de 8 000 tonnes, soit le poids de la Tour Eiffel (ou de 1500 éléphants). 

https://www.educavox.fr/innovation/technologie/des-satellites-et-des-hommes

La fabrique du doute.

Alain Jeannel : " D’un côté le doute scientifique est basé sur des connaissances multi référentielles qui croisent les sciences formelles, naturelles, sociales et appliquées.

Il a pour finalité une éducation intellectuelle qui couvre un spectre qui va de l’esprit critique à la pensée complexe en fonction des approches méthodologiques. Cette éducation est basée sur une transmission des connaissances, leur appropriation et la pratique de la controverse qui questionne l’univocité de la connaissance érigée en théorie. Il s’agit d’un processus qui fait partie de l’éducation des enfants et qui se prolonge tout au long de la vie par l’accès aux données scientifiques.

D’un autre côté, les comportements psychologiques et sociaux attribuables au doute personnel échappent à la construction intellectuelle du doute scientifique et du scepticisme.

Ils résultent le plus souvent de traumatismes individuels et collectifs quand, par exemple, les processus cognitifs ne sont pas développés et que les individus subissent des injonctions paradoxales ou autoritaires.

Dans certains contextes, des situations de doute peuvent être vécues collectivement ou individuellement même lorsque la capabilité dans sa dimension de possibilité d’accès aux informations ou connaissances reste préservée. Les décisions publiques sont alors impactées par le doute ce qui nourrit progressivement l’angoisse individuelle et collective."

https://www.educavox.fr/accueil/debats/la-fabrique-du-doute

Quel est le rôle du politique ?

Joël de Rosnay lors d'un entretien au Journal Sud-Ouest en 2019 répondait : " Les politiques sentent que le système actuel, vertical et local, n’est plus adapté à la complexité du monde.

La politique des partis et du pouvoir personnel pour gérer un pays, une région ou une ville, c’est fini. Nous allons vers la démocratie participative, à laquelle beaucoup de gens aspirent, et notamment les gilets jaunes. Pour l’heure, nous n’avons pas encore réussi à la mettre en œuvre, car notre système vertical fait que seule une personne, au haut de la pyramide, peut décider.

Les Gafa (Google, Amazon) sont plus puissants que des États. Comment endiguer leur hégémonie ?

Aujourd’hui, le pouvoir des Gafa est inacceptable. La capitalisation boursière d’Apple ou d’Amazon s’établit à quelque 1 000 milliards de dollars. C’est le budget d’un pays. Ce poids financier leur permet de racheter n’importe qui. De plus, ils nous réduisent en esclavage. "

https://educavox.fr/accueil/interviews/le-scientifique-joel-de-rosnay-livre-ses-cles-pour-faire-face-aux-mutations-du-monde

Les questions d’Ethique sont bien fondamentales ! Questionner l’éthique, c’est aussi interroger les valeurs d’une gouvernance qui soit davantage porteuse de confiance que de peurs. C'est s'interroger tous, sur nos contradictions, sur nos parts d'utopies, sur le respect de nos différences, de nos environnements, sur les valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité, sur l'utilisation que nous faisons des données générées par les objets connectés et sur les savoirs scientifiques qui pourraient nous éviter de rester perdu.e.s en transitions.

Michelle Laurissergues

Dernière modification le mercredi, 02 décembre 2020
Laurissergues Michelle

Présidente et fondatrice de l’An@é, co-fondatrice d'Educavox et responsable éditoriale.