Nonobstant toutes les réflexions, les études, tous les comités et les rapports officiels depuis 10-20 ans maintenant, la société, de façon générale, réalise de plus en plus que l’école telle qu’on la fait depuis 150 ans est devenue obsolète aujourd’hui. Les changements, les vrais, se font/se feront à la base et s’entrecroiseront, dans le meilleur des cas, avec les grands chantiers mis de l’avant par les autorités et les décideurs (‘Bottom-up meets top-down‘).
Ce qui risque alors d’arriver, c’est une véritable transformation, tout comme Sir Ken Robinson l’invoque quand il parle du désert et de ce qui germe tout juste sous la surface…
Fondamentalement, il en revient à chaque enseignant d’actualiser son référentiel pédagogique… (ouf, je dis ceci depuis 17 ans déjà…)
Quelles sont alors les caractéristiques d’un enseignant innovant ?
Rachelle Wootten en décrit sept. En voici mon adaptation :
1. Le professionnel de l’apprentissage adopte une démarche réflexive – L’importance de réfléchir sur ce qui a fonctionné et ce qui a moins bien fonctionné, admettre et apprendre de ses erreurs, introspection de sa pratique… À mon avis, le blogue professionnel/personnel est un outil tout indiqué ici (en lien avec le point 4).
2. Le professionnel de l’apprentissage est avant tout un apprenant – Lire, écouter, être en veille, chercher les occasions de formation autant formelles qu’informelles, via ses réseaux… L’apprenant se prend en charge et se responsabilise face à ses apprentissages.
3. Le professionnel de l’apprentissage fait preuve de créativité – Pas strictement dans le sens artistique, mais créatif dans sa réflexion et ses approches. Il n’adhère pas au statu quo, rejette la routine, surtout celle sans rendement. Il adore les tempêtes d’idées, les itérations positives (en termes d’engagement et de motivation accrus de ses élèves) d’idées et d’approches. Tous les moyens (pédagogiques) sont bons quand ils favorisent un rapport positif apprenant-enseignant.
4. Le professionnel de l’apprentissage est en réseau (branché, connecté…) – Dans le monde dans lequel on vit, comment peut-on être innovant si on n’est pas connecté aux tendances de la profession et aux réalités des jeunes ? Car la réalité du jeune est virtuelle. Celle du professionnel doit l’être également, à mon avis. C’est son état de veille professionnelle, pas celui de son statut du moment genre ‘je mange de la pizza avec les copains’… Et être en réseau devient aussi source d’idées intéressantes pour des scénarios d’apprentissage et des activités engageantes, en amont, ou un lieu où on laisse des traces, des productions/créations, des artéfacts d’apprentissage et une réflexion sur sa pratique, en aval (en lien avec le point 1).
5. Le professionnel de l’apprentissage favorise la collaboration – le partage de connaissances, d’idées, de pratiques, de succès (c’est-à-dire ceux de ses élèves), des problèmes à résoudre collectivement… avec ses pairs d’ici et d’ailleurs, des gens de son milieu, de sa communauté et de domaines variés. Il sait très bien que dans son réseau professionnel d’apprentissage, personne n’est plus futé que le réseau lui-même !
6. Le professionnel de l’apprentissage est curieux (‘inquisitive’ en anglais) – Comment m’améliorer ? Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ? Pourquoi ? Comment modifier/adapter cette pratique pour répondre à chacun de mes élèves ? Comment faire en sorte que chacun de mes élèves se sente interpellé dans l’activité proposée ? Et si j’essayais comme ceci ? Comme cela ? Au fond, il ne s’agit pas d’avoir toutes les réponses mais de savoir poser les bonnes questions.
7. Le professionnel de l’apprentissage s’appuie sur un ensemble de valeurs et de principes – Voulant faire une différence dans la vie de ses élèves, il ne prenne pas son rôle pour acquis. Il sait très bien qu’on n’enseigne pas ce que l’on sait mais bien qui on est. Soucieux d’être un modèle positif pour ses élèves et ses collègues, il fait preuve de compassion, de rigueur intellectuelle et, dans un esprit ouvert et sans devenir têtu, a la force de ses convictions.
Et vous ? Qu’en pensez-vous ? Qu’ajouteriez-vous ?
Jacques Cool
Dernière modification le jeudi, 29 septembre 2016