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Le journal Le Monde publie aujourd’hui un article qui évoque les enjeux de la prochaine présentation du nouveau socle commun de connaissances, de compétences et de culture. Il propose également de ce dernier une mouture provisoire, voir en bas de ce billet, 
qui n’aurait pas encore été présentée aux syndicats. La version finale devrait faire l’objet d’une remise au ministre avant la fin du mois, lequel ministre aura peut-être aussi son mot à dire...
 
J’en ai fait une lecture rapide et transversale — un mot qui devrait convenir à l’esprit de son élaboration — qui laisse assez bien augurer d’une place importante de la culture numérique, de l’éducation aux médias et à l’information dans les apprentissages. Il persiste, semble-t-il, à la première lecture, ce verbiage utilitaire insupportable voire stupide. Il serait temps de changer de paradigme aussi quand on évoque le numérique.
 
Le lobby de l’informatique devra se satisfaire, ce qui sans doute ne correspond pas aux efforts déployés, de la simple mention de l’importance du code comme « langage des outils numériques » (sic). Les élèves devront s’initier à la programmation et aux algorithmes simples. Cerise sur le gâteau, ils devront être initiés à « l’usage d’un environnement numérique de travail » !
 
J’en frémis encore. Mais cessons, j’aurai l’occasion de revenir sur tout cela d’ici la fin de ce mois.
Cela dit, la version qui nous est présentée souffre d’un certain nombre d’oublis ou d’imprécisions majeures sur lesquels, faute de passer à côté des enjeux, le Conseil supérieur des programmes devra retravailler.
Lire, écrire, compter, publier.
 
Je répète que « publier » est, à l’heure du numérique, une nouvelle compétence, aussi fondamentale que les trois premières, dont l’apprentissage est nécessaire au citoyen de demain.
 
La production, la fabrication, l’invention, la bidouille, la création, la co-construction sont des mises en action de l’élève dont les mécanismes doivent être compris et maîtrisés maintenant dans tous les apprentissages fondamentaux. Ils sont très peu évoqués dans le document que le C. S. P. nous présente et, quand ils le sont, par exemple pour la production ou la création, on ne leur accorde qu’un rôle subsidiaire, pour la mise en œuvre d’autres compétences spécifiques.
L’Internet et les réseaux numériques, je le répète aussi, ont permis au citoyen et, en l’occurrence à l’école au jeune citoyen, d’exercer sa liberté d’opinion et d’expression. Comme d’habitude quand une liberté est donnée sans frein et surtout sans éducation à des jeunes, certains de ces derniers ont pu en abuser. Il n’y a là rien de grave. Ces petits embêtements sont la preuve que publier est devenu maintenant indispensable à enseigner.
Confronter son opinion, son travail, ses créations numériques, ses objets de fabrication à un auditoire universel est à la fois une chance inouïe et nouvelle dans l’histoire mais aussi un fort enjeu d’éducation. 
 
Tout cela doit apparaître dans le socle, de manière claire et engagée, qui puisse démontrer que l’école est en accord avec son temps.
[Mise à jour : le SE-UNSA fait parvenir ses propositions à ce sujet.
 
Je relève ce paragraphe :
« À l’issue de la scolarité obligatoire, l’élève est capable d’utiliser de manière critique les technologies de la société de l’information. Il apprend à chercher l’information, à organiser son espace informationnel et à être critique face à la pluralité et multiplicité des informations. L’élève apprend à s’exprimer, à créer des contenus, à publier et à contribuer en ligne. Il développe une culture numérique en exerçant sa liberté d’expression et en confrontant ses opinions, son travail et ses créations à un auditoire universel. »
J’applaudis des deux mains...]
Crédit photo : Dancing Lemur via photopin cc
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Dernière modification le vendredi, 10 octobre 2014
Guillou Michel

Naturaliste tombé dans le numérique et l’éducation aux médias... Observateur du numérique éducatif et des médias numériques. Conférencier, consultant.