L’Edition scolaire
Le marché des fournitures scolaires en France, c’est un milliard et demi d’euros dont 81% est financé par les familles, auxquels doivent s’ajouter les 900 millions qu’elles dépensent annuellement pour l’accompagnement scolaire. Ce qui montre les potentialités de développement de cette filière : investir dans l’éducation des enfants constitue bien une priorité des familles, comme des pouvoirs publics.
Le manuel scolaire constitue un des éléments importants du marché de l’éducation en France ; la part de l’éducation dans l’édition est en hausse et constitue le secteur le plus rentable. Le rapport affirme que l’édition scolaire a en partie pris le tournant du numérique.
Il est vrai que des progrès très sensibles ont été réalisés mais la part des éditions numériques est encore très faible et le moins que l’on puisse dire c’est que cela est peu visible en classe.
Comment l’expliquer et comment faire pour le dynamiser davantage ?
Un des principaux impacts du numérique, c’est le "déplacement de la chaîne de valeurs de la production vers les services c’est à dire le déplacement d’une partie croissante de la valeur ajoutée de la production ( impression du livre) et de la distribution ( points de vente du livre) vers la prestation de services de conception et de distribution numériques".
Or ces services sont encore peu implantés en France. Alors : l’Edition scolaire française est elle en danger ?
Les tablettes numériques
Nombreux sont ceux qui imaginent que les tablettes vont supplanter le manuel scolaire qui pèse dans le cartable des élèves. Ces terminaux, dont la vente publique dépasse maintenant celle des ordinateurs, suscitent l’engouement du public et plus particulièrement des jeunes.
Pourquoi les tablettes numériques sont-elles si populaires ? Vont-elles modifier les politiques d’investissement des collectivités territoriales ?
Peut-on envisager que chaque élève puisse en disposer ?
Mais qui va payer dans le contexte économique actuel ?Aujourd’hui, les familles peuvent s’interroger, car elles doivent acquérir pour leur enfant une calculette au collège, une autre plus tard au lycée. Ce marché est considérable. Et les collégiens sont de plus en plus nombreux a posséder déjà un téléphone portable ( interdit d’usage en établissement) voire un terminal individuel comme le smartphone ou la tablette. Or ces outils permettent à minima, et tout autant que les calculettes, d’accéder à des applications de calcul très puissants.
( Les moteurs de recherche eux mêmes se "substituent" d’ailleurs aux calculettes pour effectuer ces calculs ! Essayez en recherchant 3+2 ou log2 ou sin30°)
N’y a-t-il pas là quelques redondances inutiles et le moyen de rationaliser les achats des familles, qui pour les plus défavorisées pourraient bénéficier d’aides ?
Si la tablette répond mieux aux impératifs pédagogiques, précise Michel PEREZ, se posent malgré tout de nombreux problèmes : qu’en est il par exemple de celui de la Wi-fi ?
Et surtout les tablettes grand public sur le marché sont de fabrication étrangère et ne participent pas loin s’en faut directement au soutien de la filière numérique industrielle française .
Alors, comment soutenir les initiatives françaises qui existent malgré tout dans le secteur particulier du numérique éducatif ?
Les administrateurs du parc informatique
Les auteurs du rapport préconisent qu’apparaisse dans les EPLE une nouvelle fonction, celle d’administration du parc informatique et du réseau dans les établissements, voire d’aide aux utilisateurs.
Pourquoi avoir proposé cette fonction d’assistance technique ? Relèvera- t-elle de l’Etat ou des collectivités ? Est-ce possible dans le contexte économique actuel ?
L’école de demain sera-t-elle hybride ?
Dans une publication faite en janvier 2012 à l’AFAE, "Préparons l’école de 2030", Alain BOUVIER, ancien recteur et ancien membre du Haut Conseil de l’éducation décrit neuf scénarios possibles pour l’école de demain dont l’école hybride moyen terme, entre une école du marché et une école bureaucratique, semble avoir sa préférence.
L’Etat a t il encore dans une société mondialisé où l’éducation est devenue un produit marchand d’un marche de plusieurs milliards de dollars, la possibilité de rester prescripteur et régulateur d’un service public d’éducation ?
Il faut voyager pour "frotter sa cervelle contre celle d’autrui" écrivait Montaigne
Michel PEREZ reprend cette formule pour caractériser les conditions de travail des douze auteurs de ce rapport. Exercice difficile mais semble-t-il exaltant qui aura permis de "croiser et de coordonner les regards de plusieurs experts" de ministères différents. "Cette conjonction de compétences" est unique affirme-t-il .
Il faut reconnaître que ce rapport et particulièrement les 300 pages des annexes constitue une véritable mine d’information à l’usage de celles et ceux qui se préoccupent du numérique pour l’éducation et des stratégies industrielles que cela sous-tend. Cependant, satisfait-il les acteurs de la filière ?
Quelle école de demain ?
Claude TRAN
Crédit photo tablettes à l’école CNDP
Dernière modification le mercredi, 19 novembre 2014
Crédit photo tablettes à l’école CNDP