Auteur de nombreuses publications dans les revues scientifiques internationales François TADDEI a contribué à plusieurs travaux de réflexion sur l’innovation dans l’Éducation. Son compte twitter est à cet égard symptomatique de son intérêt pour l’éducation du futur puisqu’il précise :
« thinking about the future of learning during the night and doing night science during the day ».
Dans le rapport sur l’Education qu’il a rédigé à l’intention de l’OCDE en février 2009 et qu’il intitule :Former des constructeurs de savoirs collaboratifs et créatifs : un défi majeur pour l’éducation du XXIe siècle, François TADDEI apporte sa « contribution à la stratégie de l’OCDE pour l’innovation ».
Constatant que « l’éducation traditionnelle n’est pas idéalement organisée pour promouvoir de façon optimale le créativité et l’aptitude à renouveler nos connaissances », il décrit dans son rapport comment les systèmes naturels et humains s’adaptent à un environnement en rapide évolution.
Il faut repenser l’éducation en développant la créativité, l’initiative, la prise de risque, la culture du questionnement, écrit- il.
S’il met à l’honneur les théories de DARWIN, il cite également SOCRATE en souhaitant que les enseignants provoquent « la première étincelle » et apprennent à leurs élèves à renouveler eux mêmes leurs propres savoirs pour en faire des « autodidactes du XXIe siècle ».
Il revient sur ses analyses et les précise, dans son intervention aux Assises du Numériqueorganisées à l’Université de Paris Dauphine qu’ Educavox publie ici .
Quel type d’école veut on ? Qu’est ce qu’on cherche à transmettre et pourquoi ? En quoi le numérique peut-il permettre de catalyser la refondation de l’école ?
Il faut, dit-il, « co-construire ensemble, dans une démarche active et participative, collaborative. » Et faire profiter chacun de cette intelligence collective ; « quand un enfant apprendra quelque chose cela facilitera l’apprentissage d’un autre enfant.. »
Et le numérique ? « Il permet de placer l’élève dans le bon cadre de liberté et d’exploration ».
« Grâce au numérique, on s’aperçoit aujourd’hui que les enfants ont des capacités innées qui sont étonnantes et qu’il faut savoir encourager ».
Mais cela suffira-t-il ?
« Il faut également utiliser les technologies à des fins constructives et former les enfants à la logique constructive de bien public »
François TADDEI, renvoie pour cela aux trois domaines du savoir selon ARISTOTE, que Jacques QUINTIN professeur à l’université de Sherbrooke, définit ainsi :
L’épisteme, l’enseignement, qui consiste en un savoir théorique, universel, abstrait invariable indépendant de toute rationalité analytique,
La techne, le savoir technique, concret, pragmatique, variable dépendant du contexte qui se fonde sur la rationalité instrumentale et vise un objectif précis.
La phronésis, qui relève de l’éthique et consiste à interroger le sens nos actions, celui du savoir théorique et technique et à l’ implanter dans nos vies personnelles. »
La phronésis, que l’on peut nommer l’humanisme est selon Jacques Quintin souvent évacuée du cursus scolaire avec l’essor actuel de la pédagogie érigé sur les compétences comme savoir faire, ce qui contribue à une forme de souffrance à l’école, « le malaise éthique », fait de désœuvrement, de désenchantement de l’école.
Le numérique améliore les résultats des écoles mais peut-il accroître les inégalités ?
Quel est alors le rôle des enseignants ?
Comment faire pour éviter de creuser les inégalités ?
Claude TRAN
Dernière modification le lundi, 10 novembre 2014
Claude TRAN