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Introduction :
Je fais partie de la première vague des « Courserans »[1] accédant à une « spécialisation », certificat de haut niveau portant sur 8 MOOC traitant du même sujet, pour un total de 46 semaines...

Mon objectif à la base, était de réussir un MOOC pour tester en profondeur ce phénomène et pouvoir mieux piloter des chantiers de pédagogie numérique au sein de mon université. J'ai choisi le sujet « Foundations of Teaching for Learning », un des premiers cursus à proposer cette « spécialisation ». Pour l'obtenir, l'étudiant doit réussir 8 MOOC et un projet terminal.
La suite de cet article relate mon expérience et analyse personnelle sur le processus de certification en ligne et sur des solutions nouvelles de délivrance de crédits universitaires et de diplômes en ligne.
 
Problématique :
Pourquoi les MOOC ont-ils un rôle à jouer dans le paysage de la formation à distance ? Quel est ce rôle ?
 
Philippe Meirieu[2] mentionnait déjà en 1998 « ...l'extraordinaire accélération de l'histoire à laquelle nous sommes confrontés... », en citant quelques chiffres pour l'illustrer :
 
· 70 % des élèves qui entrent en 6ème aujourd'hui exerceront un métier qui n'existe pas encore,
· 99 % des savants ayant existé depuis l'origine de l'humanité sont encore vivants,
· 85 % des brevets en usage aujourd'hui ont été déposé depuis moins de 5 ans,
· Il a fallu 17 siècles pour doubler les connaissances de Jésus Christ, 3 siècles pour les doubler ensuite, et elles doublent aujourd'hui tous les 5 ans...
 
accelerationLe numérique permet effectivement le stockage, la transmission, le partage et la multiplication du savoir et par tout un chacun ! Pour s'y retrouver dans cette nouvelle société à l'ère du numérique, l'individu aura plus que jamais besoin de « formation tout au long de la vie ».
 
Nous devons donc réinventer la manière de faire société avec le numérique, et former pour intégrer l'individu, y compris les plus jeunes. A défaut, l'individu sera en marge de cette société de l'hyper-connexion, ce qui limitera grandement son champ des possibles.
 
Et les MOOC dans tout cela ?
Le MOOC est un outil et une modalité de formation dont le positionnement est encore flou, mais le potentiel énorme pour former massivement.
 
Il est de prime abord dédié à la formation continue : la moyenne d'âge est de 28 ans pour un échantillon de 1,8 millions d'étudiants sur la plateforme EdX[3]. L'objectif recherché est davantage le développement personnel que le diplôme.
 
Nous allons développer ce positionnement avant de voir en fin d'article que la formation initiale n'est plus en reste et que les possibilités s'étoffent.
 
Pour illustrer cela, je vous encourage à lire les chapitre 1 et 2 de cette « saga » sur les MOOC ou je relate mon expérience personnelle de « lifelong learner »[4] chez Coursera.
 
 
capstoneCes articles expliquent le processus de certification « signature track » de Coursera et la valeur ajoutée pour un cout de 29$, ce qui représentait pour moi l'année dernière un début prometteur de modèle économique pour les MOOC (40% du budget de Coursera, ce qui n'est pas si mal) et une possibilité intéressante d'attester un suivi de formation. De plus, la spécialisation, programme d'étude de 8 MOOC portant sur le même sujet permet de viser une certification de plus haut niveau : le Capstone Project.
 
Peu d'informations sont disponibles, et aucune date n'est encore annoncée pour la première session de ce projet de méta-certification :
« In the capstone project, students will have the opportunity to work on an essay that synthesises their cumulative learning over the 8 courses of the program and relates to a practical application of teaching. This project will be open to students who have successfully completed all 8 courses and will run twice a year. Student performance over the whole program will be assessed on the basis of the quality of their grades, their participation in forum discussions and peer assessment and the capstone essay. »[5]
 
Un long parcours en ligne : les chiffres et analyses
Ce capstone project couronnera un long parcours de 8 MOOC dont voici quelques chiffres :
 
· 46 semaines de cours
· 276h de travail en moyenne (6h/semaine en moyenne selon Coursera)
· 198 vidéos de 10 mn en moyenne = 33h de vidéos
· 16 essais de 2 pages (1000 mots) = 32 pages écrites
· 46 quizz = 460 questions traitées
· Un projet terminal Capstone (bientôt !)
· 267$ = 211€
· 8 certificats hébergés à vie et intégrable facilement aux profils sociaux : http://lnkd.in/2mGi4F 
 
Nous pouvons remarquer que les vidéos représentent 12% du volume de travail fourni (33h/276), et peuvent être assimilées au cours magistral « transmissif » durant lequel l'étudiant est plutôt passif. Le reste, 88% représente un apprentissage actif (quiz, productions écrites, lectures, échanges entre pairs...). Dans un cours classique, ce ratio s'inverse très souvent pour un 80% de transmissif, 20% d'actif. Il en découle deux constats :
 
· les MOOC (ceux-là en tout cas !) mettent en situation d'apprendre activement
· Ce type d'apprentissage nécessite (entre autres) de l'autonomie et de l'engagement, ce qui ne réussit pas à tous, et représente un début d'explication au faible taux de réussite (Sur Coursera, seuls 10% des inscrits en moyenne finissent la formation d'après le blog de Solerni[6]).
 
Ces 2 constats et ce ratio actif/passif d'ailleurs se retrouvent dans la modalité de pédagogie inversée. Est-ce une coïncidence que les MOOC et la pédagogie inversée émergent en même temps et remportent ensemble un beau succès ?
Quant au coût avec certification (sinon le parcours est gratuit), il est équivalent au coût de 7 à 30h de formation continue selon le statut et le centre de formation, à mettre en rapport avec les presque 300h d'apprentissage dont il est question ici.
Le prochain article portera sur les crédits universitaires et diplômes délivrés en ligne, pour aller plus loin encore que le « capstone project » de Coursera. Mais cela, je vous laisserai en juger par vous-même la semaine prochaine...
 
 
[1] Courseran : un étudiant sur un MOOC Coursera : https://www.coursera.org/ 
[2] Philippe MEIRIEU (chercheur en sciences de l'éducation) - Université de l'Education Nouvelle – Les Ménuires Août 1998
[4] lifelong learner : apprenant tout au long de la vie. Désigne l'apprentissage tout au long de la vie
Dernière modification le lundi, 17 novembre 2014
Céci Jean-François

Jean-François CECI est enseignant en Humanités et culture numérique à l'UPPA (Université de Pau et des Pays de l'Adour) et responsable pédagogique du DUTM (Diplôme d’Université Techniques Multimedia). Il encadre également une option « Ingénierie de l’éducation et de la formation » en licence 3 professionnelle « Métiers de la Formation des Jeunes et des Adultes ». Au sein de cette licence, il dispense un cours intitulé « enseigner à l’ère du numérique » à de futurs enseignants. Praticien-réflexif, il expérimente les pédagogies actives, l’évaluation par les pairs et l’usage efficient du numérique éducatif.

Il mène des recherches en sociologie du numérique et de l’éducation au sein du laboratoire PASSAGES. Il s’intéresse plus particulièrement à l’hyperconnexion et l’apprentissage, du collège à l’université.

Dans le milieu associatif pour la refondation de l’école, il est administrateur à l'An@e (Association nationale des acteurs de l'école), éditrice du site http://www.educavox.fr

Comme directeur du service numérique, chargé de mission TICE puis conseiller numérique, il a participé à la vision stratégique et au pilotage politique et technique de son université, en matière de numérique éducatif.

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