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Désassemblons le numérique est un format original du Centre Inria de l'université de Bordeaux réalisé par Emmanuelle Saillard, référente médiation et Suzane Fleury, chargée de communication et de médiation scientifique. Tous les mois, on peut retrouver un nouvel épisode avec des formats de différents niveaux (débutant, intermédiaire ou avancé) pour ainsi mieux comprendre les sciences du numérique et notre monde de demain. https://www.canal-u.tv/chaines/inria/decrypter-le-numerique/desassemblons-le-numerique

Episode 3 : Des machines curieuses pour des humains curieux

En s'inspirant de théories sur l'évolution et du développement de ces comportements dans l'espèce humaine, partez à la rencontre de machines curieuses… pour des humains curieux ! Par Clément Moulin-Frier, Titulaire d'un doctorat de l'Université de Grenoble, spécialité "Ingénierie de la Cognition, de l'interaction, de l'Apprentissage et de la création", chercheur à l'INRIA (Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique, projet Flowers "Origins":

Clément, avec sa proposition, se positionne comme challenger dans un domaine pourtant déjà très étudié : l’intelligence artificielle (IA). Pour l’aider dans le défi qu’il s’est lancé, il va être accompagné de Eleni Nisioti, postdoctorante dans l’équipe, dont l’arrivée a été rendue possible avec l’obtention de l’action exploratoire.

https://www.inria.fr/fr/origins-ancrer-lintelligence-artificielle-dans-les-origines-des-comportements-humains

L'interview

Clément Moulin-Frier : Bonjour.

Merci de nous accompagner dans ce nouvel épisode. Est-ce que tu peux nous expliquer ce que tes collègues et toi faites au sein de l’équipe-projet Flowers ?

CMF Chez Flowers, on vise à développer les fondations d’une nouvelle approche de l’intelligence artificielle basée sur la modélisation de l’apprentissage et du développement cognitif chez l’enfant, en particulier les mécanismes de curiosité. Nous nous intéressons aussi à des problématiques de sciences cognitives, par exemple sur les mécanismes d’apprentissage chez l’humain ou sur l’évolution du des comportements sociaux, par exemple l’évolution du langage.

La curiosité, je pense que tout le monde voit ce que c’est. Mais comment est-ce qu’elle peut rentrer en ligne de compte dans l’intelligence artificielle ?

CMF Un de nos postulats de base chez Flowers, c’est que les humains sont intrinsèquement curieux, et en particulier que les enfants passent beaucoup de temps à explorer spontanément leur environnement. Par exemple, si on prend un bébé qui commence à se déplacer tout seul, qui est dans une pièce où il n’y a pas d’autres humains pour interagir, on pourrait penser qu’il a plutôt intérêt à ne pas prendre de risque et juste attendre que ses parents viennent et le nourrissent.

Et pourtant, nous avons tous déjà vu un bébé à l’œuvre, ce n’est pas du tout ce qu’il fait : au contraire, il va plutôt aller explorer son corps, il va essayer d’attraper, de jeter un peu tout ce qui l’entoure, voire de faire des choses dangereuses comme mettre les doigts dans la prise. Et il ne va pas faire ça parce que ce sont des tâches qui lui sont imposées de l’extérieur, il n’y a pas un adulte qui lui demande de faire tout cela –bien au contraire souvent-, il est plutôt poussé par différentes formes de ce que les psychologues appellent la motivation intrinsèque et c’est ce que l’on appelle, dans un langage de tous les jours : la curiosité.

Mais alors, quel est l’intérêt d’un enfant de faire tout cela si cela ne lui rapporte rien, surtout si c’est parfois dangereux ?

CMF C’est une question très intéressante. Comme les biologiques disent parfois : rien en biologie n’a de sens, à part à la lumière de la théorie de l’évolution. Une question fascinante est donc celle des origines évolutionnaires de la curiosité.

En quoi ces comportements curieux, qui nous incitent plutôt à prendre des risques, peuvent avoir fourni un avantage évolutionnaire à l’espèce humaine ? C’est en fait une des questions centrales que nous abordons dans l’action exploratoire ORIGINS financé par Inria. Une hypothèse est que la curiosité a évolué comme une solution pour s’adapter rapidement dans des environnements très changeants, tels que ceux dans lesquels a évolué la lignée humaine à ses débuts.

En étant curieux, on est en effet poussé par une motivation intrinsèque à continuellement acquérir de nouvelles compétences, même si celles-ci n’ont pas forcément d’avantage d’un point de vue biologique. Certaines de ces compétences pourront se révéler très bénéfiques dans le futur en cas de changement d’environnement - et c’est là tout l’intérêt évolutionnaire des comportements curieux - alors que d’autres comportements ne fourniront pas d’avantage particulier mais alimenteront toutefois notre répertoire culturel.

Par exemple, un enfant curieux va inventer et poursuivre ses propres buts, sans que ces buts n’aient forcément d’utilité concrète. Mais en faisant cela il va apprendre à résoudre pleins de problèmes nouveaux, et va apprendre des modèles internes du monde complexe qui l’entoure.

Mais alors, quel est l’intérêt de concevoir des machines curieuses ?

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Accès à toutes les séries Désassemblons le numérique

https://www.inria.fr/fr/desassemblons-le-numerique-episode3

Dernière modification le samedi, 23 septembre 2023
Desvergne Marcel

Vice-président de l’An@é, responsable associatif accompagnant le développement numérique. Directeur du CREPAC d'Aquitaine,  Délégué général du Réseau international des universités d'été de la communication de 1980 à 2004, Délégué général du CI’NUM -Entretiens des civilisations numériques de 2005 à 2007, Président d’Aquitaine Europe Communication jusqu’en 2012. Président ALIMSO jusqu’en 2017, Secrétaire général de l’Institut du Goût de la Nouvelle-Aquitaine.