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La notion de classe inversée tourne beaucoup autour de la vidéo. Mais pourquoi ? Selon Caroline Hétu et David Chartrand, enseignants, elle constitue un outil pédagogique très puissant, permettant « d’expliquer des notions, substituer une partie du cours et donner des instructions claires, autant en classe qu’à la maison ou à l’étranger ». De plus, elle favorise l’autonomie des jeunes en leur permettant d’apprendre à leur rythme, laissant par le fait même plus de temps à l’enseignant pour aider les autres.
1. Introduction à l’infonuagique
 
Quiconque a déjà travaillé avec la vidéo sait à quel point ce média est « lourd » côté informatique. Un enregistrement d’une minute de bonne qualité occupe beaucoup d’espace sur l’ordinateur. C’est pourquoi on a recours à un service comme YouTube. On dépose la vidéo une première fois, mais le visionnement devient ensuite très simple et rapide.
 
Le fait de déposer un fichier (dans ce cas-ci, un fichier vidéo) sur un service en ligne pour y avoir accès de partout s’appelle l’infonuagique, ou l’informatique en nuage. Si on devait simplifier le concept au maximum, c’est comme de l’espace disque virtuel, comme une grosse clé USB qu’on n’a pas besoin de transporter. Pour retrouver les contenus, il suffit d’avoir accès à Internet.
 
Il existe d’autres applications de l’infonuagique. Par exemple, un site comme DropBox est carrément un espace de stockage « virtuel », un disque dur qui nous suit partout pourvu qu’on puisse se brancher à Internet. Vous stockez des photos sur Facebook ou Flickr ? C’est aussi une utilisation du « nuage » ! Le nuage est central à la classe inversée car il simplifie la diffusion des travaux. Imaginez si vous deviez recueillir 30 clés USB chaque fois que vous demandez un travail… Un service comme DropBox sera beaucoup plus efficace.
 
2. La fabrication de capsules vidéo
 
Pour la création de capsules vidéo originales, il y a différentes façons de procéder. Certaines sont beaucoup plus complexes, mais rappelez-vous qu’il n’est pas nécessaire que le produit final ait l’air tout droit sorti d’Hollywood pour avoir une valeur pédagogique. Voici quelques pistes, dont plusieurs proviennent des suggestions de David Chartrand ou de l’approche de Florent Berthet.
 
La méthode « enregistreur d’écran »
La première façon d’envisager la fabrication de vidéo est d’enregistrer ce qu’on voit à l’écran, tout simplement. De nombreux outils gratuits le permettent assez facilement. Certains vont enregistrer uniquement les mouvements du « crayon » à l’écran. D’autres enregistrent tout ce qui se passe à l’écran ou sur une portion déterminée de celui-ci, incluant les mouvements de souris et les menus. On y voit exactement ce que la personne voit quand elle travaille à l’ordinateur. Si un micro est branché, on peut ajouter la voix. Le tout est facilité par l’utilisation d’une tablette graphique, d’un tableau interactif ou d’une tablette mobile.
 
Outil vidéo Didacti (application Web, gratuite)
- Application ShowMe (application iPad, gratuite)
- Application Explain Everything (application iPad, 2,99 $)
- Enregistreur vidéo Activinspire (tableau interactif Activboard)
- Enregistreur SMART (tableau interactif SMART Board)
Screenr (application Web, durée maximum de 5 minutes)
Screen-o-matic (application Web, durée maximum de 15 minutes)
- Logiciel QuickTime (seule la version Mac contient l’enregistreur vidéo)
Camstudio (logiciel libre et gratuit, Windows)
RecordMyDesktop (logiciel libre et gratuit pour Linux, inclus dans la distribution Ubuntu aussi)
VLC Media Player (logiciel libre et gratuit, Windows)
Camtasia (logiciel commercial Mac et PC)
 
Caméra standard ou webcam
À l’aide d’une caméra, vous pouvez décider de vous inclure dans la séquence vidéo. Dans ce cas, on vous voit en train de donner vos explications. Cette méthode peut être particulièrement appropriée si vous devez montrer des objets, des mouvements, des techniques, des lieux particuliers, etc.
 
Production professionnelle
Enfin, si le cœur vous en dit, vous pouvez accéder à un niveau presque professionnel en recourant au montage vidéo, à l’ajout de trames sonores et d’effets visuels, etc. Cependant, vous devrez alors investir beaucoup plus de temps. Posez-vous la question : est-ce que cela en vaut vraiment la peine, au niveau pédagogique ?
 
Dernière étape : Rendre la vidéo disponible sur YouTube
 
Qui dit classe inversée dit obligatoirement au moins quelques vidéos, et qui dit vidéos dit bien souvent YouTube. Cette plateforme sociale de partage de vidéo est la plus populaire. On y ouvre un compte gratuit et on peut y stocker des vidéos qu’on a réalisées soi-même, ou collectionner des signets vers ses vidéos favorites d’autres utilisateurs. Dans le cas où ce service soit bloqué dans votre établissement, quelques pistes à envisager :
Vimeo, un service semblable, offrant une très bonne qualité de vidéo ;
TeacherTube, intéressant, mais réputé lent.
 
3. Et si je ne veux pas créer de vidéos, quelles sont mes options ?
 
Il y a beaucoup de choses déjà disponibles sur YouTube, bien sûr, mais il existe d’autres sources possibles, particulièrement si vous en profitez pour faire pratiquer l’anglais à vos élèves.
 
Khan Academy
 
On dit que c’est le père de la classe inversée. Salman Khan, le fondateur, est un jeune homme qui tentait d’expliquer une notion mathématique à sa cousine habitant loin de chez lui. Comme ils n’arrivaient pas à trouver un moment pour se rencontrer sur Skype, il a décidé d’enregistrer ses explications sous forme vidéo. La formule a connu un succès fou, car le travail d’une seule personne démocratise un concept pour le monde entier. Les capsules vidéo produites sont diffusées sur le site Khan Academy et certaines sont mêmes sous-titrées en français.
 
Sophia
 
Une collection de vidéos en anglais pour l’éducation, réalisées par des enseignants. On y trouve notamment une belle sélection pour l’anglais langue seconde, ainsi que d’intéressantes ressources en univers social, sciences, mathématiques, etc.
D’autres à considérer
 
TedEd – Lessons Worth Sharing : La raison d’être de ce site est de créer des leçons à partir de vidéos et de les partager.
Vimeo : Un service semblable à YouTube, il permet non seulement de stocker, mais aussi de chercher parmi les vidéos disponibles.
Daily Motion : Même chose que Vimeo et YouTube.
TeacherTube : Il se dit le YouTube de l’éducation.
 
Les collections d’animations
 
En plus des vidéos, certains sites proposent des collections d’animations très instructives, dont certaines permettent même de manipuler des facteurs pour faire varier les résultats, et ainsi mieux comprendre. Voici quelques suggestions :
BrainPop : http://brainpop.fr
Etc.
 
À noter que le guide annuel 2012-2013 du magazine École branchée en regorge. Ces liens sont d’ailleurs accessibles gratuitement sur le site, après inscription gratuite.
 
4. Organiser la diffusion de contenus destinés aux élèves
 
La classe inversée, c’est rendre disponible le savoir et les explications théoriques en ligne pour que les élèves puissent se les approprier à leur rythme, et garder un maximum de disponibilité pour eux lors du temps de classe, passé à pratiquer, s’exercer, développer, expérimenter. Cependant, faut-il savoir programmer pour diffuser ses contenus en ligne ? Pas du tout ! Il existe différentes solutions intéressantes qui ne demandent pas trop de connaissances techniques.
 
L’environnement de publication de type « blogue »
 
Certains enseignants possèdent déjà un blogue. Si tel n’est pas votre cas, il est possible d’en démarrer un tout à fait gratuitement à l’aide de différents services, comme Blogger ouWordPress. Il suffit de s’inscrire, de personnaliser quelques éléments et de commencer à publier des « articles » (ou posts, en bon français). Un article est un espace dans lequel on peut écrire ou coller du texte, insérer des hyperliens et/ou des images et faire une mise en page de base. Chacun trouvera la façon de procéder qui lui convient le mieux, mais une possibilité est de préparer un article par unité de travail. L’article comprendra les objectifs, la liste du matériel à consulter (par exemple, les liens vers les vidéos YouTube, un ou deux articles PDF à télécharger, une image à observer, etc.) et les choses que les élèves doivent maîtriser ou préparer pour le prochain cours. Il s’agit simplement de rassembler l’information théorique pour que les élèves la retrouvent facilement.
 
L’environnement spécialisé « Didacti »
 
David Chartrand, enseignant en mathématique au secondaire, a souhaité développer ses idées autour la classe inversée et de la pédagogie active en créant un espace Web dédié spécifiquement au partage de contenu en éducation, ouvert à tous et simple d’utilisation. C’est ainsi que Didacti est née. La plateforme est accessible gratuitement, autant aux enseignants qu’aux élèves. On l’utilise pour partager du contenu (texte, liens, images, capsules vidéo, etc.) qu’on récupère ici et là du Web ou de ses propres notes, et les organiser comme bon nous semble. Pas besoin de savoir programmer, tout est intuitif. Les élèves sont invités à contribuer eux aussi. Il est possible de partager son travail publiquement pour le bénéfice de la communauté, ou de le garder privé.
 
Didacti propose différentes fonctionnalités qui permettent, par exemple, de préparer des devoirs que les élèves peuvent remplir directement en ligne. On peut aussi commenter les contenus et les travaux, soit de l’enseignant vers les élèves ou le contraire, et même entre élèves. Ces différentes permissions sont déterminées par l’enseignant. Lors du dernier colloque de l’AQUOPS, l’outil a soulevé l’enthousiasme, alors que la diffusion en ligne de matériel et le concept de classe inversée font de plus en plus d’adeptes dans le milieu.
 
Une nouvelle version multiplateforme de Didacti, spécialement pensée pour les tablettes et téléphones intelligents, devrait voir le jour au mois d’août 2013.
 
La plateforme Edmodo
 
Certaines classes, qu’elles soient inversées ou non, utilisent aussi la plateforme Edmodo. Elle permet de créer une communauté de classe, intégrant un aspect social important, un peu à la Facebook, mais dans un environnement contrôlé, donc sécuritaire. Il est de ce fait particulièrement intéressant au niveau primaire. Il permet de créer et de partager des ressources, de fabriquer des quiz, de consigner les notes, d’inscrire les plans de travail et devoirs, etc. Originaire de Chicago, la plateforme est traduite en six langues, dont le français.
 
Les autres outils
 
En plus des environnements de publication, l’enseignant peut s’adjoindre des outils variés. En voici quelques-uns parmi les innombrables qui existent !
 
Pour créer, laisser des traces, déposer des documents, construire ou réfléchir ensemble :
 
Google Drive
Très populaire pour tous les besoins de collaboration, Google Drive permet de fabriquer des documents, présentations ou feuilles de calcul directement en ligne, en plus d’offrir un espace pour stocker des fichiers. Un incontournable non seulement pour la classe inversée, mais pour tous types de travaux. Un parfait exemple de ce qu’on appelle « l’infonuagique ».
 
Wikispaces
Un service qui permet de créer son wiki de classe. Qu’est-ce qu’un wiki ? Une page (ou un ensemble de pages) collaborative qui se construit par quiconque y a un intérêt. Le plus populaire est sans doute Wikipédia. Avec les élèves, on peut envisager la création d’un manuel scolaire nouveau genre.
 
Dropbox
Tout simplement un espace de stockage en ligne, une clé USB virtuelle ! L’enseignant peut y déposer du matériel à partager avec ses élèves, ou ceux-ci peuvent partager leurs travaux.
 
Pour organiser les signets de classe vers les sites Web pertinents :
Symbaloo  : sous forme de vignettes, organisées par écran ou zones.
Pearltrees  : sous forme de « perles », organisées sur plusieurs niveaux (style réseau de concept). 
Diigo  : sous forme de classement en arborescence.
Pour inciter les élèves à faire des synthèses de leur apprentissage, noter leurs questions, etc. :
Evernote  : une application pour prendre des notes et les partager facilement. Fonctionne avec les tablettes et les ordinateurs. Avec une tablette iPad, on peut utiliser PenUltimate, qui permet d’écrire à main levée.
 
Chose certaine, tous les outils de nature collaborative ont un intérêt dans la classe inversée. Pour en découvrir une foule, consultez par exemple le recensement de Nadine Tanguay sur Pearltrees.
 
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Article initialement publié sur Infobourg
Audrey Miller
Dernière modification le jeudi, 13 novembre 2014
Miller Audrey

Sur Twitter : @millaudrey
Audrey est rédactrice en chef de L'École branchée. Elle s'implique dans l'organisation d'EdCamp Québec et du Rendez-vous des écoles francophones en réseau (REFER), ainsi qu'au sein du conseil d'administration de l'AQUOPS. En dehors de cela, elle est consultante en communication et formatrice en technologie éducative.