Les études sur le genre sont nées il y a plus de quarante ans.
Mais si nous sommes encore nombreux à ne pas être familiarisés avec le concept de genre, c’est peut-être à cause de l’ambiguïté dans notre langue des termes de « masculin » et « féminin » qui renvoient tout autant au sexe physiologique (les mâles et les femelles), qu’au sexe social (le genre).
Les études sur le genre sont en fait un domaine de recherche important et le rapport homme-femme dans la société est un objet d’étude en pleine effervescence. Comme chacun sait, c’est aussi un lieu de débats et de controverses.
Comment s’imbriquent le biologique et le social au coeur de la catégorisation homme/femme et comment les différentes sciences théorisent-elles autour de cette imbrication ? Que nous en disent les spécialistes de l’étude de l’homme et de l’homme en société : les sociologues, les anthropologues et les philosophes ? Si les rôles du sexe, liés à des paramètres biologiques et naturels, et les rôles du genre, liés à une construction sociale, sont différents, cette dichotomie nature/culture a-t-elle encore un sens ?
Voici quelques questions introductives que ce colloque veut aborder en allant interroger dans une première demi-journée les différentes disciplines scientifiques sur le sujet : les sciences humaines et sociales comme on vient de le voir, mais aussi les neurosciences cognitives qui traitent de l’intelligence, de la mémoire et de l’attention, et les spécialistes du comportement animal. Le terme de « genre » peut-il s’appliquer à l’animal ? Nos représentations des comportements sociaux de conquêtes, de vie de couple, de féminité et de masculinité ne sont-ils pas des stéréotypes que nous voulons à tout prix voir chez l’animal ? Si les femmes revendiquent légitimement la place qui devrait leur revenir dans la science, est-ce que leur entrée dans l’institution scientifique est de nature à changer la science ?
Nous nous poserons la question au cours d’une deuxième demi-journée avec des femmes scientifiques venant d’horizons disciplinaires ou d’époques différentes. Les femmes font-elles une science différente ? Introduisent-elles une pensée différente, et en définitive, existe-til une science féminine qui se différencierait d’une science masculine ? Cette question n’est-elle pas un piège qui viserait à maintenir l’exclusion des femmes de la science ?
Les sciences elles-mêmes prennent-elles en compte le genre dans leurs méthodes, leurs contenus et les applications qu’elles induisent. Qu’en est-il quand on introduit une perspective de genre, en économie, en politique, dans le sport, en médecine ? Et cela a-t-il un sens en maths, en physique, en biologie ? C’est parfois justement parce que les femmes ont conquis certaines disciplines que l’on s’est mis à tenir compte du masculin et du féminin.
C’est forts de ces investigations, de ces analyses et des réponses aux questions précédentes que nous nous interrogerons, dans une dernière demi-journée, sur la place des femmes scientifiques dans les carrières et dans les disciplines. Ce sera là l’occasion de décortiquer la distribution du masculin et du féminin dans nos propres institutions de recherches et d’enseignements et ce faisant sur la place des femmes dans l’appropriation, la transmission et la production des savoirs savants.