Depuis des siècles, l'Afghanistan est un carrefour culturel où se croisent les influences de l'Asie centrale et de l'Asie du Sud.
Ce pays, marqué par une histoire tumultueuse de conquêtes et de résistances, abrite une richesse culturelle inestimable, notamment à travers ses traditions artisanales. Parmi ces traditions, la broderie afghane occupe une place de choix. Elle est bien plus qu'un simple artisanat : elle constitue un symbole de l'identité et de la résilience des femmes afghanes.
Les broderies afghanes sont en effet le fruit d'un savoir-faire transmis de génération en génération, reflet de la diversité culturelle et ethnique du pays, et les motifs colorés et complexes, souvent inspirés de la nature et de la géométrie, racontent des histoires et préservent des traditions ancestrales. Ces broderies ne sont pas seulement des œuvres d'art ; elles sont aussi une source de revenus pour de nombreuses femmes vivant dans les zones rurales.
L'arrivée au pouvoir des talibans en Afghanistan a bouleversé la vie des femmes afghanes.
Les libertés fondamentales, telles que le droit à l'éducation et à l'expression, ont été sévèrement restreintes. Les vêtements traditionnels, autrefois colorés et vibrants, ont été remplacés par le tchadri, un vêtement imposé qui contribue à l'invisibilisation des femmes dans l'espace public. Cette situation a suscité une vague d'indignation et de solidarité à travers le monde.
Face à cette situation alarmante, 1 500 mosaïstes issus de 45 pays, dont 213 en France, ont décidé de s'unir pour apporter leur soutien aux femmes afghanes.
Cette initiative, baptisée "Tenir à un fil", est une œuvre collective qui s'inspire des broderies traditionnelles afghanes. Elle vise à faire vivre et à perpétuer la culture afghane tout en rappelant la fragilité de la liberté. À l'origine de cette initiative se trouvent deux amis mosaïstes : Madeleine Turgeon, du Canada, et Bady Essid Jaballah, de Tunisie. Leur vision était de créer une œuvre collective qui transcende les frontières et les cultures. Dans chaque pays participant, un·e artiste coordonne le projet, assurant ainsi une collaboration internationale harmonieuse et engagée.
"Tenir à un fil" est à la fois une démarche artistique et un projet humanitaire.
Les mosaïstes participant.e.s ont utilisé leur art pour exprimer leur solidarité avec les femmes afghanes.
Chaque pièce de l'œuvre collective est unique et porte en elle un message de soutien et de résistance, l'exposition visant à sensibiliser le public à la situation des femmes afghanes et à la richesse de leur culture.
Le titre "Tenir à un fil", choisi pour souligner la fragilité de la situation des femmes afghanes et de leurs cultures traditionnelles, évoque à la fois la délicatesse des broderies et la précarité des libertés fondamentales. Ce titre est une traduction du titre initial "Mosaic for Afghan Women", qui met en lumière l'importance de la solidarité internationale dans la préservation des droits humains.
L'exposition "Tenir à un fil" est présentée par l'Association culturelle franco-afghane et Marie-Odile Laurent, commissaire d'exposition, avec le soutien de la Ville de Lille.
À travers cette exposition, les organisateurs espèrent non seulement sensibiliser le public à la situation des femmes afghanes, mais aussi inciter à l'action. La vente des œuvres permettra de soutenir financièrement des projets visant à améliorer les conditions de vie des femmes en Afghanistan.
Chaque geste de soutien, aussi petit soit-il, contribue à faire vivre l'espoir et à préserver la culture afghane.
"Tenir à un fil" témoigne ainsi de la puissance de l'art et de la solidarité internationale dans la lutte pour la justice et l'égalité et trouve naturellement sa place à Lille dans une région marquée depuis des siècles par le textile.
Visible gratuitement à la Maison Folie Moulins ( 47/49 rue d'Arras à Lille) du 1er au 16 mars.
