Un paradis terrestre

En raison des deux guerres mondiales, des propriétés familiales de Jean Delacour dont le château de Clères et ses extraordinaires volières ont subi les bombardements. Mais il ne s’est pas découragé et il a reconstruit à Clères, pour offrir un paradis terrestre. Comme l’indique Ronan de la Croix, commissaire de l’exposition PARADEISOS : « Le parc de Clères est un legs à l’humanité toute entière, un havre de paix pour des milliers d’animaux, un conservatoire de biodiversité pour les générations futures. » Caroline Desnoëttes s’inspire de la biographie du célèbre ornithologue. Dès la petite enfance, il est bouleversé par un poussin blanc et le parcours rappelle cette étape fondatrice par un Nid, conçu en lin local. L’artiste est admiratrice de « sa volonté visionnaire de préserver la beauté du monde », dans un contexte qui n’était pas encore celui de la disparition massive d’espèces. Caroline Desnoëttes souhaite contribuer à une prise de conscience collective pour la préservation des biodiversités et des richesses naturelles dont l’existence de l’homme est étroitement dépendante. 

Un de ses concepts est le maillage pour tisser du vivant et ancrer ses créations au parc de Clères. Par son approche artistique, elle transpose le message de paix et d’harmonie de Jean Delacour qui a parcouru le monde et a été animé d’une grande curiosité. 

Milliers de fleurs colorées d’encres et de terres naturelles 

Pour créer, Caroline Desnoëttes s’est appuyée sur les ressources naturelles de cet écrin où se côtoient plus de 1500 espèces animales dont un millier vit en liberté dans ce parc botanique et animalier. L’équipe technique du domaine partageait des idées et des informations notamment sur la variété des plantes rares. Ainsi, les jardiniers du parc ont participé avec l’artiste à la réalisation des oculi et du Nid. Caroline Desnoëttes a été accompagnée dans sa recherche de ressources naturelles au parc de Clères, à la forêt, et dans la Vallée de la Clérette. La plasticienne a aussi choisi des supports nobles comme les papiers en fibre de mûrier coréen, japonais et thaïlandais.

Elle joue des replis, de la couleur, et par le pinceau, elle évoque les textures animales. Elle a travaillé sur un nuancier de papier : jaune de Naples, pourpre, bleu de cobalt… Paradeisos, cette « tapisserie » exposée dans le Salon Jean Delacour est constituée de feuilles pliées en milliers de fleurs colorées d’encres et de terres naturelles. « Par proximité, par sympathie, comme dans un arbre phylogénétique, et tout se compose peu à peu par petites touches », précise Caroline Desnoëttes. 

Seize portraits dessinés au stylo-plume sur papier indien en fibre de coton habitent une galerie du château, et entrent en résonance avec les collections botaniques et animalières du parc de Clères. Ces créatures hybrides de la série Généalogies mêlent l’humain, les animaux et les végétaux et auraient pu être des œuvres de Jean Delacour qui toute sa vie a relié les domaines de l’art, de la nature et des sciences. 

Fatma Alilate

Exposition PARADEISOS de Caroline Desnoëttes 

Parc de Clères

Photos : "Paradeisos" de Caroline Desnoëttes, Parc de Clères © Fabrice Gaboriau

Jusqu’au 28 septembre 2025