Le numérique est partout : nous travaillons avec le numérique, communiquons avec le numérique, apprenons avec le numérique ; avec le numérique, nous faisons la guerre, des rencontres ou des affaires... la liste n’est pas prête d’être close, ni la ferveur avec laquelle nous soumettons nos activités, nos identités et nos vies à l’emprise du numérique.
Il est peut-être temps de poser la question : où apprenons-nous à comprendre ces technologies numériques ? À les anticiper ? À les détourner ? À nous les approrier ?
Cette question n’est rien d’autre que la question de ce que nous nommerons ici : la culture numérique.
Sans doute a-t-elle été relancée dans la période récente, en particulier à l’initiative de l’Administration Obama. En France, le Conseil National du Numérique a publié, en novembre 2013, un rapport dans le même sens.
Quinze ans après l’initiative d’Al Gore et ses répliques européennes, cette relance de la culture numérique officielle signe clairement l’échec de ce que l’on pourrait appeler la politique du rattrapage visant à combler le fossé numérique.
La culture numérique, souvent conçue, dans les politiques contre le fossé numérique, comme un simple moyen pour accompagner l’accès aux techniques et l’entrée sur le marché, fait aujourd’hui l’objet d’interrogations, notamment sur ses effets cognitifs et sa capacité à s’articuler avec la culture «classique».
Avec le thème de la «digital literacy», apparu pendant la décennie 2000, dans un contexte de politique publique, se dessine le nouveau paysage conceptuel de la culture numérique officielle....
