Le développement des outils numériques, des données massives, des intelligences artificielles et de l’automatisation de la chaîne de connaissances entraînera dans les années à venir une nouvelle manière de pratiquer l’enseignement supérieur et la recherche (ESR). C’est pour cette raison que l’Inra et Agreenium ont réalisé une prospective aboutissant à 4 scénarios concernant l’avenir de l’ESR et ses liens avec le numérique.
Parmi ces 4 hypothèses d’évolution, la première suggère la toute puissance des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), et le « capitalisme numérique de la connaissance » à l’échelle mondiale. Ces géants du numérique absorberaient non seulement les grands éditeurs scientifiques mais concentreraient également l’ensemble de toutes les données liées à l’ESR pour conférer à l’intelligence artificielle une place primordiale.
Les scénarios suivants sont davantage territorialisés.
Le second présage une forte mobilisation de l’Union Européenne ou de la France dans les investissements en faveur du numérique, de sorte à inciter l’ESR à produire des données publiques, idéalement dans le but de préserver l’intégrité de la planète avec le développement de l’open-science entraînant la « disparition progressive des grands éditeurs scientifiques ». Dans un troisième scénario, le rapport annonce la territorialisation de l’ESR dans une démarche impulsée par l’Europe. La science et la société coopèrent localement autour de laboratoires numériques ancrés dans les problématiques territoriales. Enfin, le dernier scénario envisagé entrevoit l’épuisement de certaines ressources naturelles, conduisant à une frugalité numérique dans l’ESR, visant à répondre le plus sobrement possible aux contextes locaux.
D’après le rapport de l’étude, le tout numérique semble peu plausible, même si l’utilisation d’outils innovants peut permettre aux enseignants et chercheurs de répondre aux défis scientifiques dans les domaines de l’agriculture, de l’environnement, de l’alimentation et de la santé animale.
Quoi qu’il en soit, les pratiques de l’ESR seront modifiées à tous les niveaux organisationnels (institutions, collectifs scientifiques et pédagogiques, et individus). Une réflexion reste à poursuivre sur les infrastructures de données et de traitement des données, ainsi que sur les relations entre recherche et enseignement en tenant compte des atouts, opportunités, vulnérabilités et menaces que le rapport permet d’identifier et en réfléchissant aux actions faisables et souhaitables au regard des risques à venir et des bénéfices attendus.
Etude dédiée à la « transition numérique et aux pratiques de recherche et d’enseignement supérieur » menée par l’Inra et l’Institut agronomique, vétérinaire et forestier de France, Agreenium : Résumé de l’étude
Diane De Sainte Foy - Agreenium
Dernière modification le vendredi, 02 septembre 2022