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Hubert Guillaud, sur internetactu.net propose une analyse du livre de Jean-Gabriel Ganascia, Le mythe de la Singularité, le spécialiste de l’Intelligence artificielle et président du comité d’éthique du CNRS qui, dit-il,  " réfute et démonte pas à pas le cadavre de la Singularité et bien des absurdités qu’ânonnent trop de technoprophètes ". Intéressant débat !

Le dernier livre de Jean-Gabriel Ganascia a de nombreux mérites, le principal est certainement sa très grande clarté. Dans Le mythe de la Singularité, le spécialiste de l’Intelligence artificielle et président du comité d’éthique du CNRS réfute et démonte pas à pas le cadavre de la Singularité et bien des absurdités qu’ânonnent trop de technoprophètes.

La Singularité, ça ne tient pas la route

« La Singularité, ça ne tient pas la route », lançait-il comme un cri du coeur lors d’une récente rencontre autour de son livre organisée par Renaissance numérique (audio).

Si à l’origine, la Singularité décrit un point critique dans une fonction en mathématique, la notion a vite échappé à son domaine d’origine. Elle désigne désormais un autre point critique : la promesse que l’intelligence des machines dépasse celle de l’homme (voir nos nombreuses publications sur le sujet).

Le problème, c’est que cette prophétie ne semble pas sérieuse : elle ressemble plus à un assemblage d’idées depuis un PowerPoint qu’à un raisonnement argumenté. Le petit livre de Jean-Gabriel Ganascia rappelle fort justement l’histoire de cet assemblage.

La Singularité technologique est apparue dans les romans de SF du mathématicien et informaticien Vernor Vinge, sans aucune prétention scientifique, avant qu’il ne la théorise dans un essai en 1993. « Nous sommes donc passés de la science-fiction à la science », constate Ganascia.

Si Vinge ne fut pas le premier à imaginer l’autonomisation de la technologie, il argumente son extrapolation en se référant à la fameuse loi de Moore, du nom d’un des fondateurs d’Intel, qui constate en 1965, que les capacités de stockage d’information et la vitesse de calcul des processeurs doublent à un rythme exponentiel. Cette loi d’observation, cette « formule empirique », même si elle s’est avérée juste jusqu’à présent, n’assure pourtant aucune validité future. Et les limites atomiques du silicium montrent qu’elle ne devrait pas tarder d’atteindre un mur, ses limites (imminentes, prévues pour 2016 ou 2021… qui annoncent surtout une limite économique plus que technique). Si une autre technologie pourrait prendre le relai, rien n’assure qu’elle suive la même constance.

Bref, « l’observation de la loi de Moore sur les cinquante dernières années ne garantit nullement sa validité dans le futur ». Comme il le souligne encore « l’examen rétrospectif des études prospectives montre que le futur obéit rarement aux prévisions. Le progrès est convulsif ! Il n’existe pas de déterminisme technologique. »

Mais surtout, souligne Ganascia, il y a un paradoxe logique à la Singularité : comment une rupture technologique pourrait-elle se déduire d’une loi reposant sur la régularité du cours de la technologie ?

Pour lire l'article

http://www.internetactu.net/2017/06/14/technologie-peut-on-se-defaire-des-promesses-et-des-mythes/

Dernière modification le vendredi, 16 juin 2017
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