Il ne s’agit pas seulement de handicap mais d’offrir à tous les enfants la possibilité de mieux apprendre, d’avoir avec l’école, des interactions positives. Il ne s’agit pas non plus de se centrer uniquement sur le numérique, facteur d’exclusion comme d’inclusion. Ce sujet est beaucoup plus vaste, il touche à la fois les représentations, le contexte social, culturel, technologique.Les ateliers démontrent de belles dynamiques d’action à l’intérieur des établissements et en direction des familles.
Les réseaux académiques et départementaux se rejoignent sur ces actions.
Thomas Bordet, chargé de mission "pôle école inclusive" à l'INSPé de Limoges intervient sur deux conférences sur les enjeux de l'école inclusive.
L'école inclusive et l'accessibilité numérique sont deux concepts clés qui ont une importance croissante dans notre société moderne.
L'école inclusive vise à offrir à tous les élèves, quelle que soit leur différence, un environnement éducatif qui répond à leurs besoins et leur permet de s'épanouir. Cela implique de reconnaître et de valoriser la diversité des élèves, qu'elle soit liée à leurs capacités physiques, intellectuelles, sociales, culturelles ou linguistiques.
L'accessibilité numérique quant à elle est la capacité à rendre les technologies et les contenus numériques accessibles à tous les utilisateurs, y compris ceux qui ont des besoins spécifiques en termes d'interaction avec les interfaces digitales. Cela inclut les personnes atteintes d'un handicap physique, sensoriel ou cognitif, ainsi que les personnes âgées ou celles ayant des compétences numériques limitées.
En combinant ces deux concepts, on parle alors d'inclusivité numérique, qui vise à offrir des environnements numériques accessibles à tous les élèves, en prenant en compte leur diversité et leurs besoins spécifiques. L'inclusivité numérique permet de favoriser l'engagement et la participation de tous les élèves à l'apprentissage, et de contribuer à réduire les inégalités d'accès aux technologies de l'information et de la communication.
Une lente évolution des liens entre le scolaire et le médical
D’une approche initiale exclusivement médicale, au traitement médico-pédagogique, à la question de la scolarité en milieu dit « ordinaire » (1879 Dr Bourneville), aux théories de l'hérédité avec les supports de la psycho-morphologie, aux handicaps socio-culturels(jusque dans les années 20) à la « société inclusive » d’aujourd’hui qui repose sur les injonctions faites à l’école, on est encore loin des enjeux majeurs de projets inclusifs.
« À l'identification des limites, des carences Ou des déficiences, OU encore la recherche d'un diagnostic de type médical, l'Agence Européenne préfère la notion de besoins éducatifs particuliers auxquels l'environnement éducatif doit se préoccuper de répondre. Bref, l'école inclusive veut éviter toute forme d'étiquetage ou de caractérisation négative susceptible de contribuer à la ségrégation de certains élèves en raison des besoins qu'ils présentent. »
« La mise en place de l’école inclusive nécessite une transformation profonde des systèmes éducatifs. Pourtant, en contexte d’intervention auprès des élèves présentant un handicap ou des difficultés, la diffusion d’un discours centré sur le déficit, les carences et les limites est telle que, malgré la bonne volonté des acteurs impliqués, le risque demeure toujours présent de contribuer, par l’utilisation d’un langage ségrégant, à la mise à l’écart des élèves concernés.
Une exploration des pratiques langagières du champ de l’inclusion scolaire a été réalisée auprès d’étudiants en formation à l’enseignement et les résultats montrent un large ancrage de leur discours dans le lexique « déficitaire ». Cependant, quelques évolutions davantage en phase avec la logique de l’école inclusive sont aussi observées. » (1)
De l'éducation spéciale à la perspective intégrative
Appréhender le chemin de pensée qui a conduit à l'école inclusive
Il s'agit de penser une école qui ne procède pas à l’ « intégration » des élèves différents, ni même à leur « inclusion » , mais qui est a priori pensée pour tous.
Étroitement liée aux principes de l'intégration, aux notions d'accessibilité, de diversité et surtout de besoins éducatifs particuliers, l'inclusion propose un renversement de perspective. Elle s'inscrit dans une vision sociétale humaniste et égalitaire, et entraîne des bouleversements vis-à-vis de la norme et de la manière de considérer les élèves.
L'école inclusive est-elle pensable ?
[...] il n'y aura pas de transmutation des modalités de la forme scolaire en modalités de l'instruction publique ; il faut, avec obstination, inscrire, même partiellement, des éléments d'école inclusive dans la forme scolaire telle qu'elle fonctionne et veiller à ce que ces éléments ne soient pas phagocytés par ladite forme scolaire. On ne peut se contenter d'indicateurs quantitatifs (comme, par exemple, l'augmentation du nombre d'enfants en situation de handicap scolarisés) qui pointent certes des effets positifs, mais ne pointent aucunement une transformation de la structure de base de l'école.
Et il faut aussi se construire préalablement un imaginaire, c'est-à-dire une herméneutique affective et désirante du monde, refait à neuf) ; l'idée d'une société, donc d'une école, inclusive, si elle reste plus régulatrice que descriptive, est indispensable pour aller dans le sens d'une transformation sociale visant plus de reconnaissance pour tous - il n'y a décidément pas de « vie minuscule » pour parler comme Charles Gardou. » (2)
"Le numérique au service de l'accessibilité universelle des apprentissages et des besoins spécifiques des élèves".
A l’issue de cette journée, échanges avec Vincent Michaud, Directeur Territorial Nouvelle Aquitaine Réseau Canopé et Pascal Bouzin, Adjoint au délégué régional académique au numérique éducatif :
https://www.youtube.com/watch?v=9tt-HhJ3zTI
- https://hal.science/hal-00922563/document
- Yves Bruchon, << Ecole inclusive et école républicaine », Cahier des PEP n°0, mars 2014, pp
