L’initiative lancée au nom de la lutte contre "les théories du genre" en milieu scolaire a abouti à ce que des parents ne conduisent pas leurs enfants à l’école pour une journée. Personne, ni les autorités, ni les observateurs ne s’étaient doutés de l’importance de cette action. Preuve qu’Internet et les réseaux sociaux ont une capacité de mobilisation qui bouleverse en profondeur le fonctionnement de la vie publique.
Que des parents se préoccupent des contenus éducatifs mis à l’oeuvre dans les programmes est tout à fait légitime à condition toutefois qu’ils ne mettent pas en péril les fondements de la Nation. Or, nous assistons là à un véritable harcèlement contre l’école républicaine. Parce qu’elle propose une éthique qui ne convient pas à certaines familles comme l’égalité garçon-fille. Oui, le mensonge est énorme , mais l’idiotie des arguments avancés n’empêche pas une partie des parents de partager malgré tout ces rumeurs. Défiance envers l’école et les valeurs qu’elle promeut. Comment accepter que des enfants soient utilisés en instrument de lutte contre l’institution censée justement les protéger ? Leur dire qu’ils ne doivent pas aller à l’école, c’est prendre une sérieuse responsabilité. Mais comment faire comprendre aux parents qu’en agissant ainsi, en expliquant à leur gamin (e), même à mots couverts, que l’enseignement qu’ils reçoivent est dangereux pour eux, ils rompent le pacte républicain et la confiance avec les professeurs.
Monsieur le Ministre s’est employé à démonter toutes ces allégations mensongères. Le programme ABCD de l’égalité mis en cause ne transmet à aucun moment une quelconque supposée théorie du genre. Il enseigne au contraire les valeurs de la loi, l’égalité entre les filles et les garçons que nous avons le devoir de défendre et de préserver. A nous d’être vigilant(e)s. De vieux démons peuvent resurgir à chaque instant dans l’espace public.
L’école ne pourra en finir avec cette tentative de déstabilisation par de simples réunions de terrain. Elles sont bien sûr nécessaires mais pas suffisantes. Ce qui sous-tend ce mouvement, c’est en réalité, le caractère discriminatoire de l’école qui rejette trop souvent la diversité culturelle. C’est sur cette dimension qu’il va falloir maintenant faire porter notre action pour que de telles suspicions ne se reproduisent plus.
Patrick Figeac