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En 2024, la Terre a connu l’année la plus chaude jamais enregistrée. La hausse des températures modifie Le cycle de l’eau sur la planète et perturbe gravement les éco-systèmes hydriques. Le rapport de l’Observatoire mondial de l’eau (Global Water Monitor), publié en janvier 2025, montre comment ces changements sont à l’origine d’événements extrêmes dans le monde entier.

État des lieux du cycle de l’eau en 2024

Les fortes précipitations et les sécheresses sont de plus en plus extrêmes.

Les précipitations sur les terres émergées, 798 mm, étaient proches de la moyenne de 1995-2005.

Les mois de sécheresse record sont devenus de plus en plus fréquents ces dernières décennies, avec une augmentation de 38 % par rapport à cette période de référence.

Des pays comme la Zambie, le Zimbabwe, la République démocratique du Congo et la République centrafricaine en Afrique, ainsi que la Colombie en Amérique du Sud, ont enregistré leurs plus faibles précipitations en 2024.

Les précipitations journalières extrêmes ont été 52 % plus fréquentes en 2024 qu’entre 1995 et 2005 et sur le temps long, on observe une tendance à la hausse de 4 % par décennie sur les terres émergées.

23 pays ont enregistré leurs précipitations maximales journalières annuelles les plus élevées en 2024. notamment, en Afrique (Mali, Niger, Tanzanie, Tchad), en Europe (Royaume-Uni, Slovaquie, Norvège, Luxembourg), et en Asie (Inde, Birmanie, Chine, Corée et la Mongolie).

La température moyenne de l’air sur les terres émergées a continué de progresser pour atteindre son plus haut niveau et dépasser de 1,2 °C la moyenne de 1995-2005.

Plus 4 milliards de Terriens, répartis sur 111 pays, ont connu l’année la plus chaude à ce jour dont 30 des 54 pays d’Afrique, 24 des 44 pays d’Europe, 22 des 49 pays d’Asie, 26 des 35 pays d’Amérique du Sud et 9 des 14 pays d’Océanie

Températures maximales : de nouveaux records de température maximale annuelle ont été établis dans 34 pays et de journées chaudes (30°C ou plus) dans 40 pays. Dans les deux cas on il y a une tendance significative à la hausse.

Les pays les plus touchés sont : en Afrique (Nigeria, Mali, Sénégal, Tchad, Cameroun, Gabon, République centrafricaine, Éthiopie et Madagascar), en Asie du Sud-Est (Laos et Myanmar), en Amérique centrale (Guatemala et Honduras) et en Océanie (Papouasie-Nouvelle-Guinée, Samoa et Nauru).

Températures minimales : à l’échelle mondiale, le nombre de jours de gel sur les terres émergées a atteint son niveau le plus bas jamais observé. 12 pays ont enregistré leur plus faible nombre de jours de gel, dont la Chine, la Mongolie, la Corée du Nord, l’Iran et l’Irak en Asie ; la Suisse, la Pologne, la Moldavie et l’Ukraine en Europe ; le Maroc en Afrique du Nord ; et le Canada et la Bolivie en Amérique.

Les températures minimales annuelles sont en hausse, notamment sous les tropiques. 28 pays ont enregistré des températures minimales annuelles les plus élevées, dont 11 pays d’Afrique, 8 pays d’Asie occidentale, 4 pays des Caraïbes, 2 pays de Micronésie, le Suriname en Amérique du Sud, le sultanat de Brunei en Asie du Sud-Est et Malte en Europe du Sud.

Humidité relative de l’air sur les terres émergée : à 64 % elle a atteint son niveau le plus élevé depuis 2018, mais la tendance à la baisse est significative par rapport à la période de référence. L’humidité était très faible en Amérique du Sud et en Afrique centrale en 2024.

13 pays ont enregistré leur valeurs d’humidité relative annuelles les plus basses  en Afrique (au Botswana, au Congo, au Gabon, en Guinée équatoriale, en République centrafricaine et République démocratique du Congo), En Europe orientale ( en Ukraine, en Roumanie, en Bulgarie), en Amérique du Sud (au Brésil, au Pérou, en Équateur, au Guyana)

L’air plus chaud peut retenir davantage d’humidité : c’est ainsi que fonctionne un sèche-cheveux. Paradoxalement, cela aggrave les sécheresses et les inondations. Lorsqu’il ne pleut pas, l’air plus chaud et plus sec assèche tout plus rapidement, aggravant les effets des sécheresses sur les écosystèmes et les populations, et accroît le risque et la gravité des feux de brousse. Lorsqu’il pleut, l’atmosphère étant plus humide, les pluies peuvent être plus fortes et plus longues, ce qui entraîne davantage d’inondations.

Autres caractéristiques du cycle de l’eau sur les terres émergées mondiales

L’humidité moyenne annuelle mondiale des sols était de 21 % en 2024, soit une légère augmentation (1 %) par rapport à la valeur de référence de 1995-2005. Cette caractéristique des sols semblent fluctuer au fil du temps, en moyenne mondiale , sans tendance significative à long terme. Toutefois, l’eau du sol présentait de forts contrastes régionaux, avec une sécheresse extrême en Amérique du Sud et en Afrique australe et des conditions humides en Afrique de l’Ouest.

L’état de la végétation était à son meilleur niveau depuis 2001, poursuivant une augmentation constante. Les effets de la sécheresse sur la végétation ont été les plus marqués au Zimbabwe, en Zambie au Malawi en Afrique de l’Est ; au Cambodge et au Laos en Asie du Sud-Est ; au Maroc en Afrique du Nord ; au Belize en Amérique centrale ; en Bolivie au Suriname en Amérique du Sud, ; à la Grenade dans les Caraïbes.

L’étendue des eaux de surface terrestres était resté proche de la moyenne. Les variations annuelles des étendues d’eau de surface sont impactées par les fluctuation de la superficie des grandes zones humides et des lacs, ainsi que par les crues saisonnières des grands fleuves. Des variations de l’étendue des eaux de surface résultent aussi de la construction de nouveaux barrages, notamment en Chine, en Inde et au Brésil.

Les débits fluviaux étaient très faibles dans le nord de l’Amérique du Sud et particulièrement élevés en Afrique de l’Ouest, centrale et orientale. Les hauts débits mensuels records ont été 46 % plus fréquents, avec une tendance à la hausse significative de + 21 % par décennie. Par ailleurs, les bas-débits mensuels records ont été enregistrés 8,1 % moins fréquemment que pendant la période de référence, avec une tendance à la baisse significative de −3,2 % par décennie.

Les réserves d’eau des lacs et des réservoirs à l’échelle mondiale ont diminué pour la cinquième année consécutive avec des niveaux sans précédent en Amérique du Sud et des niveaux records en Afrique. Pour mémoire, près des deux tiers (64 %) de l’eau des lacs naturels et artificiels du monde entier se trouvent dans six pays seulement : le Canada, les États-Unis, la Chine, la Russie, le Brésil et l’Inde (par ordre décroissant). Le plus grand nombre de lacs se trouve aux hautes latitudes (supérieures ou égales à 60°).

Les réserves d’eau terrestres représentent la somme de toutes les eaux des continents : les eaux souterraines, les eaux de surface, ainsi que la neige et la glace. En moyennes mondiales ces réserves ont poursuivi leur déclin apparent à long terme, avec une valeur moyenne inférieure de 31 mm à la référence de 2002-2005. Depuis une dizaine d’année on observe une tendance à la hausse des mois de stockage d’eau, tant élevés que faibles, suggérant une intensification ou une augmentation de la durée des conditions inhabituellement sèches et humides. Dans certaines régions, cette évolution pourrait également être due à des tendances à long terme de l’humidité relative de l’air due à la fonte des glaciers ou à l’épuisement des nappes phréatiques.

En 2024 les réserves d’eau terrestres étaient ont diminué dans la plupart des régions sèches du monde sauf en Afrique de l’Ouest, en Afrique centrale et en Afrique orientale.

En 2024, le monde a battu de nouveaux records de température, tandis que les précipitations extrêmes sont de plus en plus fréquentes et crossent en intensité. Les catastrophes liées à l’eau ont eu de très graves conséquences comme on a pu le constater dans le Sud de l’Espagne.

Catastrophes majeures liées à l’eau

En 2024, les catastrophes liées à l’eau ont causé plus de 8 700 décès, déplacé 40 millions de personnes et engendré des dégâts dont le coût dépasse 550 milliards de dollars à l’échelle mondiale. Les inondations fluviales, les crues soudaines, les glissements de terrain et les cyclones tropicaux ont été les plus ravageurs en termes de

  • Tragédies humaines : Les crues soudaines et les glissements de terrain ont causé des milliers de morts dans le monde, les événements majeurs survenus en Afrique, en Asie du Sud et en Papouasie-Nouvelle-Guinée ont été les plus meurtriers.
  • Déplacements : Les crues fluviales dans la région du Sahel et la sécheresse en Afrique australe ont déplacé plus de 30 millions de personnes et aggravé l’insécurité alimentaire dans de vastes régions.
  • Sécurité alimentaire : Les sécheresses ont été dévastatrices, la production agricole ayant diminué de moitié en Afrique australe en exposant plus de 30 millions de personnes à de graves pénuries alimentaires.
  • Dommages économiques : Les cyclones tropicaux ont causé des dommages économiques dépassant 500 milliards de dollars à l’échelle mondiale, en particulier aux États-Unis et en Asie du Sud-Est.
  • Impact écologique : Les sécheresses et les incendies liés à la déforestation ont profondément endommagé la forêt amazonienne, avec plus de 52 000 km² de forêt détruits par les incendies en septembre 2024.

La cartographie de ces catastrophes est données ci-dessous.


Major water-related events in 2024 Licensed by the Global Water Monitor Consortium under a Creative Commons Attribution 4.0 International licence

Les phénomènes météorologiques extrêmes qui ont marqué l’année 2024 s’inscrivent dans une tendance à l’aggravation des inondations et des sécheresses prolongées.. Ces changements ont un impact sur la disponibilité de l’eau et augmentent les risques de catastrophes liées à l’eau pour les populations, les infrastructures et les écosystèmes.

Le nombre et l’ampleur des phénomènes météorologiques extrêmes continueront de croître, à mesure que nous nous continuons de relarguer des gaz à effet de serre dans une atmosphère déjà surchauffée. Le changement climatique devient de plus en plus douloureux, mais il n’est pas trop tard pour agir afin de protéger les communautés, les infrastructures et les écosystèmes dans un avenir de plus en plus instable.

 Xavier Drouet
Article initialement publié ici : Nouveaux extrêmes pour le cycle de l’eau - Hommes et Sciences

Dernière modification le mercredi, 19 mars 2025
Drouet Xavier

Xavier DROUET, 63 ans, est ancien élève de l'École Normale Supérieure où il a étudié la Physique et la Biochimie. Il est aussi Docteur en Médecine.
Après une carrière scientifique dans la recherche académique, appliquée et industrielle, il a dirigé plusieurs sociétés à fort contenu technologique pendant 15 ans et consacré 8 années à soutenir la recherche, l'innovation et le développement économique au niveau régional et national à des postes de direction au ministère de la Recherche et dans les services du Premier Ministre en France.
Depuis 2015 il exerce une activité d'expertise et de consultant pour accompagner des projets de créations ou de croissance d'entreprises de la microentreprise unipersonnelle à la start-up «techno».
Il est également auteur et conférencier (sciences, économie, stratégie) pour le compte d'entreprises, d'organisations de diffusion de la culture scientifiques et de media d'information pour les professionnels ou le « grand public ».

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