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Dans le bilan annuel de la santé mondiale publié par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en mai dernier, les statistiques et leur analyse nous éclaire sur les progrès autant que sur les reculs en matière de longévité et de santé dans le monde en 2025.

De 2000 à 2019, l’espérance de vie en bonne santé a augmenté de plus de cinq ans, la mortalité maternelle a diminué d’un tiers, la mortalité infantile a baissé de plus de moitié et les décès prématurés (avant 70 ans) ont reculé, grâce au renforcement des systèmes de santé qu’ont permis l’accroissement des connaissances médicales, le déploiement d’outils diagnostiques plus performants, de protocoles thérapeutiques plus efficients et des politiques publiques de prévention plus pertinentes.

Cependant en 2020 et 2021, la Covid-19 a tué des millions de personnes, mis les systèmes de santé à rude épreuve et réduit l’espérance de vie en bonne santé de 1,8 an. Par ailleurs, de nombreux indicateurs alertent sur la persistance de menaces sanitaires telles que les maladies non transmissibles et les pathologies infectieuses

Espérance de vie

Gains et pertes

Les principaux facteurs contribuant à l’augmentation de 5,4 ans de l’espérance de vie en bonne santé à la naissance (EVBS) dans le monde, avant la pandémie COVID-19, de 2000 (58,1 ans) à 2019 (63,5 ans), ont été la réduction de la mortalité due aux maladies transmissibles et périnatales chez les moins de 5 ans et aux maladies non transmissibles* (MNT) chez les 30 ans et plus. Cependant, l’aggravation de la morbidité due au diabète chez les 30 ans et plus a entraîné une perte de 0,14 an de l’EVBS. *Les Maladies non transmissibles (MNT) incluent : les maladies auto-immunes, les maladies cardio-vasculaires, les AVC, les cancers, l’asthme, le diabète, etc.

Entre 2019 et 2021, la perte d’EVBS s’explique ultra-majoritairement par la mortalité directement et indirectement imputable à la Covid-19 chez les personnes âgées de 30 ans et plus, partout dans le monde.

La pandémie a également entraîné une augmentation de la morbidité liée à des maladies psychiatriques : les troubles anxieux et les troubles dépressifs sont chacun responsable d’une perte de 0,06 an (ou 3 semaines) d’EVBS mondiale entre 2019 et 2021, éclipsant ainsi 80 % de la contribution positive à l’EVSB due à la baisse de la mortalité due à toutes les MNT combinées (0,15 an, ou 8 semaines) au cours de cette période de deux ans.

Disparités Hommes-Femmes

Les facteurs contribuant à l’écart d’EVBS entre hommes et femmes peuvent avoir des effets opposés. La mortalité féminine est plus faible par traumatisme chez les 5-69 ans et par maladies non transmissibles, notamment les cardiopathies ischémiques et les accidents vasculaires cérébraux (AVC) chez les femmes de 30 ans ou plus et leur confère une meilleure EVBS par rapport aux hommes

En revanche, la mortalité liée aux maladies maternelles et aux cancers du sein, ainsi qu’une morbidité féminine plus élevée due à des affections telles que les pathologies rachidienne, les maladies gynécologiques, les migraines, les troubles dépressifs et les troubles anxieux, effacent une part significative de l’écart entre les femmes et les hommes en matière d’EVBS.

Menaces sur les mères et les jeunes enfants

Le nombre de décès de mères et d’enfants a remarquablement diminué entre 2000 et 2023. Ainsi la mortalité maternelle a baissé de plus de 40 % et la mortalité des enfants de moins de cinq ans a été réduit de plus de moitié.

Toutefois ces progrès ont fortement ralenti en raison du sous-financement des soins de santé primaires et d’importantes lacunes dans l’accès aux soins préventifs ou curatifs essentiels, à tel point qu’on risque de ne pas pouvoir éviter 700 000 décès maternels et 8 millions de décès d’enfants de moins de cinq ans à l’échelle mondiale entre 2024 et 2030.

Incidence des pathologies chroniques en hausse

Bien que les taux de mortalité ont diminué, les décès prématurés dus aux MNT, comme les cardiopathies, les accidents vasculaires cérébraux, le diabète et les cancers, sont de plus en plus nombreux, à cause de la croissance démographique et du vieillissement de la population. Il représentent représentent désormais la plupart des décès chez les personnes de moins de 70 ans dans le monde.

Certes, des progrès sont observés quand les pouvoirs publics et la société civile se mobilisent : le tabagisme diminue – mais pas assez rapidement et la consommation d’alcool moyenne par habitant a baissé de plus de 10 % en 12 ans (de 5,7 à 5 litres entre 2010 et 2022); derrière cette moyenne on note une dans certaines régions et une stagnation dans d’autres.

Mais d’autres domaines sont à la traîne :

  • l’hypertension et le diabète restent insuffisamment contrôlés,
  • la pollution atmosphérique continue de faire des millions de victimes alors qu’elle est l’une des principales causes de décès évitables dans le monde.
  • la santé mentale des populations a été fortement impactée par la pandémie Covid-19. Elle est aussi affectée par les préoccupations liées au changement climatique ainsi que le contexte géopolitique conflictuel que nous connaissons actuellement: plus d’un milliard de personnes souffrent d’un trouble mental diagnosticable (anxiété, dépression, etc.) dont 82 % dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.

Enfin il reste beaucoup à faire pour réduire la prévalence ou l’exposition à des facteurs de risque sanitaire tels que la malnutrition ou l’obésité, l’accès à l’eau potable, etc.…

Inégalités dans la lutte contre les maladies infectieuses

La diminution de la mortalité due aux maladies transmissibles et périnatales chez les populations des pays à revenu élevé est beaucoup nette par rapport à celles des pays à faible revenu et des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure.

Les progrès dans la lutte mondiale contre les maladies infectieuses ont été mitigés, avec une baisse des taux d’incidence du VIH et de la tuberculose, tandis que l’incidence du paludisme a augmenté depuis 2015. L’hépatite B contamine 1 million de personnes chaque année et la résistance aux antimicrobiens tue 1,2 millions de personnes par an.

En 2023, la couverture vaccinale des enfants, y compris pour la troisième dose du vaccin diphtérie tétanos coqueluche (DTC3), n’était pas revenue aux niveaux d’avant la pandémie Covid.

Globalement les moyens d’action sont insuffisants

La pénurie mondiale de professionnels de santé, estimée à 15,4 millions en 2020, est tombée à 14,7 millions en 2023. La pénurie projetée de 11,1 millions de professionnels de santé en 2030 témoigne de la lenteur des progrès pour combler ce déficit, les régions Afrique et Méditerranée orientale de l’OMS devant supporter près de 70 % de cette pénurie.

Comme on peut le voir bilan de santé du monde est préoccupant, bien que de nombreux pays tentent de déployer des politiques sanitaires volontaristes. Dans ce contexte l’annonce de coupes de l’aide financière américaine est inquiétante car elles menacent la vie de millions de personnes.

Dernière modification le mercredi, 04 juin 2025
Drouet Xavier

Xavier DROUET, 63 ans, est ancien élève de l'École Normale Supérieure où il a étudié la Physique et la Biochimie. Il est aussi Docteur en Médecine.
Après une carrière scientifique dans la recherche académique, appliquée et industrielle, il a dirigé plusieurs sociétés à fort contenu technologique pendant 15 ans et consacré 8 années à soutenir la recherche, l'innovation et le développement économique au niveau régional et national à des postes de direction au ministère de la Recherche et dans les services du Premier Ministre en France.
Depuis 2015 il exerce une activité d'expertise et de consultant pour accompagner des projets de créations ou de croissance d'entreprises de la microentreprise unipersonnelle à la start-up «techno».
Il est également auteur et conférencier (sciences, économie, stratégie) pour le compte d'entreprises, d'organisations de diffusion de la culture scientifiques et de media d'information pour les professionnels ou le « grand public ».

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