Il aime cette douceur collante imprégnant sa peau.
Il attend, ouvert au désir de quitter son ennui ensablé
Il retrouve le goût du jardin, celui de jadis, celui d’avant, celui du temps ancien.
Le souvenir du plaisir de voir s’ouvrir les tulipes, clôtures colorées de l’hiver, à son réveil guidé par une voix songeuse, réveille ses sens.
Ses yeux se ferment pour mieux retrouver l’intonation perdue, le souffle lent du saule incliné,
le lilas mauve enivré de la balade des abeilles, butineuses sans répit, et cette voix si profonde et si loin…une mésange se pose.
WALTER LE HANNETON GEEK
On l’appelle le Geek, à prononcer à la française, s’il vous plaît, depuis la loi qui interdit les mots « anglicisés » comme on dit
Il aime l’informatique le Geek
Son vrai nom c’est Walter le hanneton
Il y passe ses journées et ses nuits
Il est capturé par l’écran lui qui joue à capturer des monstres, des elfes ou d’étranges créatures…est pris qui croyait prendre
Il n’est pourtant pas un thon mais il se fond dans cet aquarium profond qui l’emporte loin de son quotidien monotone
Il vit dans ce monde comme un poisson au milieu du plancton
Seulement, les poissons finissent souvent au bout d’un hameçon…
Un hanneton au bout d’un hameçon, plutôt hoquetant comme chute pour mon histoire.
Mais le Geek a plus d’un tour dans son sac les jours de ressac.
Il voit le pêcheur et son panier
Il attrape le ver attaché au hameçon et lui attache un thon breton
Il retourne à sa fiction pour y affronter le roi du béton …
Bizarre oui mais cela rime…et il faut du rythme dans ce genre d’histoire.
Mais soudain tout se mélange
Le thon breton se réfugie dans un immeuble en béton et le ver qui n’avait rien demandé cherche un vers pour continuer d’exister, car un ver vert qui boit dans un verre cela n’existe pas, sauf…dans un vers
Il est addict le Geek, il est accroc, il s’invente son monde, son monde virtuel dit-on
Au moins là tout est magique …
Pas de panique
On embarque pour une destination inconnue
Walter le hanneton est un solitaire
Il ne vit ni sur terre ni dans les airs
Il fuit loin du quotidien
Il vit dans son univers…celui qu’il a créé…
NINA, LA VIPERE, VOULAIT DES AMIS
Une vipère dans le champ de grand-père vociférait contre la terre entière.
Elle était en colère. Pourquoi ? Tout simplement parce que les marchands d’histoires en avaient fait une criminelle alors même qu’elle n’était pas encore née.
Nina, c’était son nom, voulait les faire taire mais trop difficile était cette affaire, surtout quand elle est monétaire. Dès qu’on la rencontrait c’était hurlements et évanouissements
De quoi lui faire peur à elle qui ne savait même pas ce qui la rendait si inquiétante.
Au début elle avait tenté de discuter et ce fut pire. Certains sortaient des bâtons et la pourchassaient. D’autres l’insultaient. Rien n’y faisait.
Au village elle avait sale réputation. Les honnêtes gens la montraient du doigt.
Que faire pour que cela change se dit-elle ?
En désespoir de cause elle s’allonge sur la route prête à en finir mais la voiture qui passait hâtivement par-là fit un écart pour l’éviter et c’est elle qui finit dans le décor.
Alors la vipère désespère encore plus…
Quand arrive clopin-clopant une autre vipère qui lui demande ce qu’elle fait là.
« Je cherche un ami, lui répond-elle
- et moi une épouse attentionnée
… silence de la vipère.
- Tu te tais ?
- Oui, je ne suis pas à la recherche d’un mari
- Alors bonne route, lui répondit son rapide prétendant »
Elle se retrouve à nouveau seule. Un enfant passe.
« Dessine-moi une vipère, lui demande-t-il.
- je ne sais pas dessiner
- pas grave. Fais ce que tu veux.
- D’accord, répondit la vipère en se demandant ce qu’elle allait pouvoir faire. »
Une idée lui vient soudain. Elle crache un peu de venin et trace un trait dans le sable.
L’enfant est ravi. A son tour il trace un trait. Ca lui dit-il, c’est un mouton.
La vipère a l’impression de connaître cette histoire. La fin surtout…une mauvaise fin pour elle qui cherche un ami.
« Tu n’es pas un Prince j’espère…
- non, tu confonds avec mon cousin
- ouf répond la vipère
- ne t’inquiète pas, je ne te demanderai pas de m’endormir avec ton venin. Je cherche juste une amie qui dessine.
- Je viens de découvrir que je savais…
- C’est cela un ami, celui qui découvre les souvenirs enfouis…
- Alors tu n’as pas peur…
- Non. Partageons nos passés.
- Continuons à dessiner alors…
- Je connais une rose…essaie de la dessiner ».
Et la vipère dessine, dessine…et l’enfant sourit…
Puis c’est son tour. Il dessine l’oubli, le temps, la solitude guerrière, les mains qui enserrent et étouffent.
Vipère aux poings.
Dernière modification le lundi, 22 mai 2023