Où est mon plumeau ? disait Blanche Neige
Les pachydermes montent dans le bus…
Rantanplan où es-tu ?
A la première histoire il s’étend sur un sofa satiné
Il écoute la voix qui raconte
Douce et forte
Cette voix qui invite à l’oubli de soi par son souffle puissant
Il ferme les yeux le visage tourné vers ce vent versatile
La voix le berce et l’émeut
Elle parcourt de ses sonorités la lisière de son corps
Il frissonne dans la chaleur moite des coussins
Il est toute-ouï
Porté par cette voix lascive et voluptueuse
Il se fond dans la joueuse mélopée
Et disparaît dans la vaporeuse étole des mots
Pour un voyage dans la nuit étoilée…
LE HOMARD SOLITAIRE
Il y avait très longtemps un grand espace salé qu’on appelait la mer
A cette époque la mer n’avait qu’un habitant, un homard solitaire.
Il ne supportait personne
Personne ne le supportait non plus.
Un jour il avait tenté de se marier mais cela avait été une catastrophe
Alors il était resté seul et ne parlait même pas tout seul tant le bruit le dérangeait…
Mais il ne resta pas longtemps seul…
Eh oui une bande de crevettes en vacances passait par là…
Grises les crevettes
Normal c’était le début des vacances…
Pas encore grillées les crevettes
Juste guillerettes les demoiselles crevettes
Surtout quand elles voient le homard dans son hamac
Elles sortent leur appareil Pocket numérique qui tenait dans un sac autour de leur cou de crevettes
Et clic clac
Clac clic
Mais tout cela se termine par une colère noire du homard qui vraiment en avait assez de ces crevettes en goguette qui ne sont pas assez discrètes
A tors
Car quand on dérange un homard
Rouge de surcroît
Et qu’il en devient cramoisi
Il faut se méfier
Il se lève de son hamac
Et s’approche des jeunes donzelles
Et sans même un couac
Il se jette sur elles
Les met sur le sable chaud
Il prend un réchaud
Et…
Elles sont dégrisées les dames crevettes
Vue la situation elles rougissent très vite
Elles parlent un peu moins
Un ban de harengs qui passait par là
Se dépêche de poster une dépêche
Ma mère est contente
Dans mon épuisette il y a des crevettes
Quant au homard il retourne dans son hamac
Et sirote au calme une menthe à l’eau
OSCAR LA TAUPE
S’il y a bien quelque chose qu’Oscar la Taupe déteste ce sont les topinambours.
A chaque fois qu’il creuse un tunnel il se heurte à cette tubercule et cela le gêne dans son goût de la ligne droite. Du coup il dévie de sa trajectoire et son sens de la géométrie s’en voit affecté.
Cette semaine il y en avait tellement qu’il s’est trouvé encerclé de topinambours tapinant dans ses tunnels. Etre là passe encore mais tapiner pas loin de son terrier….quelle honte !
Il se prend une Kronembourg et réfléchit. La bière l’aide toujours à sortir des impasses et les topinambours en sont une terrible !
Ne cessant de fulminer il a décidé de passer à l’action.
Il prend du fil de fer, du nylon, du tissu, une paire de ciseaux, et se met à confectionner une besace. Sa voisine la limace l’observe tout en grimace.
Pendant ce temps les topinambours dansent au rythme des tambourins. Ces troubadours ne se doutent de rien…tapant dans leurs mains et attentifs au rythme plus qu’au cliquetis des aiguilles de la taupe.
Oscar boit sa bière. La besace prend forme.
La limace s’étire.
Il se lève et entre dans les tunnels.
Ce qui s’y passe est impossible à voir. On entend des piaillements puis plus rien…
Grand silence. Oscar sort du tunnel avec sa besace. Il prend la limace et en fait un nœud qu’il serre. Elle en perd sa grimace et bavasse pas jouasse.
Quand les autres taupes arrivent dans le champs, c’est la surprise. Plus de topinambours. C’est la joie. On célèbre Oscar. On le fête, on se congratule. La liesse dure si longtemps qu’on en oublie le jour et la nuit, on boit, on danse, on se câline et on ne voit pas revenir la limace.
Il n’y a plus de topinambours, mais depuis quelques jours il y a des rutabagas qui ont élu domicile dans les méandres des monticules de terre que fait sans relâche Oscar la Taupe.
Maligne la limace qui s’y connaît en bagatelle. Elle a ramené quelques rutabagas en rut et la nature a fait le reste. « Ca leur servira de leçon de m’avoir pris comme nœud à besace… » se dit-elle.
Oscar la Taupe a déménagé. Il y avait trop de monde près de chez lui. On dit qu’il est parti dans un pays où il ne pousse rien…quelque part sur la lune…sauf que de temps en temps de drôles d’oiseaux arrivent…pour planter des drapeaux…
Quant à la limace, elle se prélasse à la lisière des monticules abandonnés par Oscar.
Dernière modification le lundi, 22 mai 2023