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Ah, les bons vieux tours de table... Une personne se présente, expose son point de vue ou ses attentes. Quand elle a terminé, la personne suivante enchaîne, et ainsi de suite jusqu’à ce que tout le monde se soit exprimé. C’est simple, carré, pratique… sauf que le plus souvent, cela ne sert pratiquement à rien. Pourquoi ?...

Pour recueillir les attentes des participants dans diverses circonstances, par exemple au début d’une réunion ou encore d’une session de formation, un usage aussi vieux que les conseils d’administration veut qu’on ait recours à ce qu’on appelle le tour de table. Vous qui lisez ces lignes, il est fort probable que vous ayez une expérience de cet exercice de style plutôt convenu, conçu pour permettre à des personnes présentes dans une assemblée de se présenter, et/ou de donner leur avis sur un point quelconque. Voilà comment cela se passe le plus souvent :

L’animateur de la séance suggère que chaque personne présente s’exprime tour à tour, en suivant tout simplement l’ordre d’installation dans la salle ou autour de la table. On commence par régler la question du "On commence par où, la gauche ou la droite ?", et c’est parti comme en 14, chacun y va de son petit couplet. Quand il ou elle a terminé, la personne suivante enchaîne, et ainsi de suite jusqu’à la fin. C’est simple, carré, pratique… sauf que le plus souvent, cela ne sert pratiquement à rien. Pourquoi ? En voici une illustration, qui bien sûr n’engage que moi.

Pour ce qui me concerne en effet, à chaque fois que je suis "pris" dans un de ces fameux tours de table, je ne manque jamais d’admirer l’aisance verbale, et même corporelle, de nombre d’intervenants successifs, qui rivalisent de finesse, d’esprit, de sens de la rhétorique, d’esprit de synthèse, et parfois même d’humour ! Les trouvant tous plus beaux, intéressants, charismatiques et captivants les uns que les autres, j’ai donc tout naturellement à cœur d’être au moins aussi beau, intéressant, charismatique et captivant que les autres lorsque mon tour viendra, quoi de plus naturel en effet ?

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Or, panique à bord, je ne suis pas du tout certain d’être à la hauteur, le moment venu. Heureusement, le moment en question n’est pas toujours pour tout de suite, selon le hasard des placements dans la salle. Du coup, constatant que – par chance – je dispose d’un peu de temps, j’en profite pour "préparer mes phrases", à l’image du playboy de boîte de nuit d’une vieille chanson de Cabrel[1]. Et voyez comme c’est bête, le fait même de préparer mes phrases me rend complètement incapable d’écouter en même temps ce que les autres sont en train de dire ! Si bien que, le plus souvent, si on me demandait de résumer ce qu’a dit chacun des autres participants, j’en serais tout bonnement incapable ! Avouez que c’est dommage

Quelque-chose me dit même confusément que je ne dois pas être le seul dans ce cas-là. Du coup, je me garde bien de lancer moi-même quelque tour de table que ce soit. Lors de mes interventions en formation, par exemple, je le remplace toujours par…

…Une séquence de balle magique !

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Qu’est-ce que donc que cela ? C’est tout simple, et cela nous vient tout droit de la tradition du bâton de parole en usage dans de nombreuses tribus africaines. Il s’agit de prendre un objet symbolique (une petite balle en mousse c’est idéal, à défaut on peut froisser une feuille de papier en boule) qu’on appellera "balle magique". Après avoir présenté la balle, je préviens l’auditoire que je vais bientôt lancer cette balle magique dans la salle, à destination d’un participant que je choisirai au hasard (j’avoue franchement que si une personne regarde le plafond, sa montre, ou encore consulte sa messagerie à ce moment précis, je me fais un malin plaisir d’influer un peu ledit hasard).

La personne qui se retrouve en possession de la balle magique prend alors la parole… et la garde le temps nécessaire. Nul ne peut l’interrompre (…à part l’animateur, exclusivement en cas de "dépassement du temps raisonnable" qui risquerait de pénaliser le reste du groupe. En pareil cas, il convient de se montrer déterminé, tout en y mettant les formes).

Lorsque la personne a fini de parler, elle jette la balle (de manière toute aussi "aléatoire" que moi il y a quelques instants) à la personne de son choix, qui récupère la parole en même temps que la balle… ainsi de suite, jusqu’à la fin. Vous verrez qu’en fin de parcours, la dernière personne à s’être exprimée a souvent le réflexe de "renvoyer la balle" à l’animateur [2], ce qui lui permet comme par hasard de "rebondir" sur ce qui vient d’être dit, selon l’expression consacrée… qui jamais ne s’est aussi bien appliquée (une balle magique a donc des rebondissements… magiques !).

Bien entendu, les participants à ce "tour de table d’un genre nouveau", sachant que leur tour va peut-être venir juste après (particulièrement pour les derniers d’entre eux !), ne veulent pas paraître "tomber des nuages" au moment où la balle leur tombera dessus… Du coup, par la force des choses, le plus souvent ce dispositif rend tout le monde beaucoup plus… attentif !

Que demande le peuple ?…

Bien à vous,

Bernard

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Cet article sera repris dans ouvrage de conseils aux formateurs, à paraître courant printemps 2014 aux éditions DUNOD.

 

Lamailloux Bernard

Bonjour et Bienvenue !
Passionné par tout ce qui touche à l’ingénierie de formation, je travaille dans ce secteur depuis une bonne trentaine d’années maintenant. J’ai commencé par des interventions en informatique, et par la suite j’ai rajouté d’autres cordes à mon arc, qui me permettent aujourd’hui d’intervenir dans les domaines de la communication, du management et du développement personnel.
Côté pedigree, j’ai suivi un cursus en ingénierie de formation multimédia et obtenu mon master professionnel de responsable de formation multimédia en juin 2009, à l’âge de 52 ans.
Je suis passionné par mon métier (formateur et concepteur de formations e-learning). J’aime aller vers les gens, et je dois dire qu’en général ils me le rendent bien. Il y a une quinzaine d’années j’ai découvert les théories du « Mieux-apprendre », qu’on appelle encore pédagogies décalées, et j’en suis devenu un fervent adepte.
Je suis également musicien (auteur compositeur interprète, guitariste, pianiste, arrangeur, chef de chœur…), bon vivant, et vous réserve encore bien d’autres surprises !
Si vous voulez jeter un œil sur mes activités (professionnelles, musicales, perso…), le plus simple est de vous rendre ici :
Bien à vous,
Bernard