D’une certaine façon, l’économie collaborative ressemble un peu à la physique quantique : tout le monde en a entendu parler, peu de gens savent vraiment ce que c’est.
Mais surtout elle a un caractère dual : lieu de partage et de solidarité, et en même temps espace de profits, de placements financiers. Rien d’anormal à cela cependant, puisque ce qui se cache derrière cette économie du partage est tout sauf simpliste.
Lorsque nous demandons à Godefroy Dang Nguyen, économiste à Télécom Bretagne, de nous la définir, sa réaction ne trompe pas : long silence, suivi d’un soupir amusé puis… « Pas facile comme question ». Si le concept est complexe, c’est que l’économie collaborative se décline sous plusieurs aspects, et qu’elle ne peut être présentée comme un bloc homogène de pratiques.
Wikipédia et l’open innovation : deux modes de production collaborative
D’abord : la production collaborative. « Dans ce cas, la grande question est « Au profit de qui ? » » problématise Godefroy Dang Nguyen.
Deux schémas apparaissent alors. En premier lieu celui de la production d’une multitude au bénéfice d’un seul acteur, en général privé.
« Chacun contribue, à sa mesure, à la construction de quelque chose pour une entreprise par exemple. C’est ce qui se passe dans ce que nous appelons communément l’open innovation » illustre le chercheur.
L’autre situation ? Celle de la production collaborative au profit de la communauté : les individus créent avant tout pour eux-mêmes. Typiquement : Wikipédia.
Si ce second mode de production peut sembler mieux correspondre à la notion de partage, il est cependant sujet à certains inconvénients, comme le phénomène dit « du passager clandestin ». « Cela décrit ces utilisateurs des biens produits par la communauté qui ne participent pas eux-mêmes à la production » explique l’économiste.
Pour reprendre l’exemple de Wikipédia : la majorité des usagers du site sont des passagers clandestins — lecteurs, mais pas rédacteurs. Si le phénomène n’a que peu d’impact sur la pérennité de l’encyclopédie en ligne, ce n’est pas le cas de la grande majorité des autres services communautaires, qui basent leur production sur un équilibre avec la consommation.
La suite de l'article paru sur le site : https://blogrecherche.wp.mines-telecom.fr/2016/05/19/economie-collaborative-simplicite-echanges/
Blablacar : un exemple d'intermédiaire dans les nouvelles relations de pair à pair marchand. Photo : Natalie Ortiz. Crédits : OuiShare